La compagnie Mandoline Hybride est heureuse de dévoiler la programmation de la deuxième édition des Rencontres Internationales Regards Hybrides (RIRH), en coprésentation avec Tangente du 21 au 24 novembre 2019 à l’ÉDIFICE WILDER – Espace danse.
Envisagé comme un temps fort consacré à l’interaction entre danse et cinéma à l’ère du numérique, d’Internet et de la multiplication des écrans dans notre quotidien, les RIRH rassemblent chercheuses, chercheurs, artistes et grand public autour d’œuvres et d’enjeux actuels. Cette année, l’artiste et commissaire Priscilla Guy propose de porter un regard critique sur les rapports entre corps dansants et caméras à travers la culture populaire et la création low-tech . Dans une mer d’innovation technologique, qu’advient-il de la création à échelle humaine et de ses effets sur notre rapport au monde au quotidien? Privilégiant des perspectives postcoloniales et féministes, une vingtaine d’invité·e·s du Canada et de l’international offriront des réflexions variées lors de projections, performances, conférences et ateliers.
En bref, les RIRH c’est:
* 50 courts-métrages * 20 spécialistes du Canada et de l’international * 4 performances * 7 conférences et discussions (avec interprétation simultanée ang/fr) * 2 classes de mouvement * des repas maison partagés tous les jours (offerts à l’achat d’un billet)
Survol de la programmation : regards critiques et angles morts
La foisonnante programmation nous fait passer des films avant-gardistes expérimentaux de Maya Deren, Norman McLaren et Amy Greenfield aux créations actuelles d’artistes d’ici, dont celles du collectif Dans son salon, de l’artiste multidisciplinaire Bridget Moser et du collectif Flamant. En parallèle du panel consacré au travail de Terrance Houle (Nation Kainai), la création autochtone apparaît à travers plusieurs courts-métrages produits par le Wapikoni Mobile et présentés en ouverture et clôture de l’événement. Les enjeux de handicaps physiques et de mobilité, de santé mentale et de maladie dégénérative, de même que les défis de représentativité à l’écran (des femmes et des personnes racisées) sont inscrits dans la programmation à travers le choix des œuvres, mais aussi à travers le choix des intervenantes et intervenants, et bien sûr à travers la dramaturgie de chaque journée.
Si la cinédanse est souvent comprise comme un médium de l’écran, l’approche des RIRH est beaucoup plus large : les performances, conférences, projections, installations et ateliers participatifs traduisent un désir d’envisager cette cinédanse non pas comme une discipline cinématographique à circonscrire, mais plutôt comme une opportunité de penser et expérimenter le rapports entre images et corps, caméra et chorégraphie, écran et danse. Ainsi, Kim-Sanh Châu, Andrew Turner, Emilie Morin et Ryan Clayton (Canada) offriront des performances qui mettent en jeu le rapport aux technologies, tandis qu’Anatoli Vlassov (France) jonglera entre images, langage, performance et conférence, dans une pratique qu’il nomme Phonésie .
Commissariat partagé : 7 femmes en provenance de 5 pays
Pour cette deuxième édition, Priscilla Guy s’allie 6 commissaires invitées, lesquelles offriront leur point de vue sur la thématique abordée à travers leurs sélections de courts-métrages. Alanna Thain (professeure à l’Université McGill), ouvrira l’événement avec une conférence sur les rapports entre féminisme, décolonialisme, création low-tech et culture populaire. Avec Emilie Morin (artiste et candidate à la maîtrise à l’Université Concordia) et l’initiatrice du projet Priscilla Guy (compagnie Mandoline Hybride et candidate au doctorat à l’Université de Lille), elles ont composé les soirées d’ouverture et de clôture en faisant se côtoyer des films internationaux de différentes époques. Cara Hagan (directrice du festival Movies by Movers et professeure au Appalachian State University propose une série de courts-métrages états-uniens éclectique. Claudia Kappenberg (artiste multidisciplinaire et professeure à l’Université de Brighton) signe une série de courts-métrages expérimentaux du Royaume-Uni; Ximena Monroy et Paulina Ruiz Carballido (codirectrices du festival Agite y Sirva) offrent une incursion dans la création mexicaine.
Inspirée par ces femmes d’action, Priscilla Guy souhaite offrir au public des RIRH une multitude de regards sur la création en cinédanse, tant actuelle qu’historique. Tandis que les festivals internationaux misent sur le rayonnement des oeuvres récentes, RIRH tente une approche complémentaire, qui favorise le dialogue entre des oeuvres issues de différentes cultures et décennies. Le rapport aux images est à la fois enrichi et complexifié par la mise en parallèle d’œuvres aux textures diverses : le grain des films sur pellicule, la pixélisation des caméras GoPro ou amateures, le rendu léché des images HD. Le public est invité à revoir ses codes et critères esthétiques et à envisager les images et leur matérialité comme un élément déterminant de la lecture des œuvres.
Chercheur en résidence et critique GIF : penser la transmission autrement
Nouveauté cette année à RIRH : deux invités internationaux viendront poser un regard sur l’événement de l’intérieur. D’une part, Douglas Rosenberg (États-Unis), pionnier dans l’articulation de théories sur la cinédanse, artiste et professeur à University of Wisconsin-Madison, agira comme chercheur en résidence durant tout l’événement. Il sera à la fois participant, observateur, penseur et générateur de traces qui permettront une transmission des contenus de l’événement. D’autre part, Ian Abbott (Royaume-Uni), agira à titre de critique GIF : plutôt que de commenter les différents moments de l’événement en mots, il produira une série de GIF animés en réaction à son expérience, tout au long des RIRH.
Principe de démocratie, d’accessibilité et de convivialité
Encore cette année, les RIRH misent sur l’accessibilité pour favoriser la mixité du public : chaque séance d’environ 2 heures comprend également un repas maison végane en amont ou en aval, le tout pour 10$.
Ces moments de convivialité autour de la nourriture permettent au public, aux artistes, aux chercheuses et aux chercheurs de se retrouver dans un espace informel pour poursuivre les échanges. D’ailleurs, tous les types de publics sont invités à se côtoyer durant l’événement, que ce soit pour les projections, les performances, les conférences ou les classes de mouvement : les intervenantes et intervenants sont appelé·e·s à offrir des présentations à la fois rigoureuses et vulgarisées, afin que les activités proposées et les discussions qui les entourent puissent rejoindre le plus grand nombre. En ce sens, la médiation offerte par une équipe de modératrices passionnées est une clé dans l’événement (Karla Étienne, Marie-Josée Parent, Erin Manning, Alanna Thain et Priscilla Guy). Cette tentative de décloisonner les milieux artistique et académique était déjà au cœur des RIRH en 2017, et se consolide avec cette 2e édition.