Bande de colons de Alain Deneault et Orwell, à sa guise de George Woodcock
Le colon, figure mitoyenne qui ne se trouve ni dans la position invivable du colonisé ni dans celle, indéfendable, du colonisateur, est généralement relégué au statut de figurant du récit colonial. Complétant le diptyque de Memmi, Alain Deneault révèle ici l’idiot utile, voire indispensable, de l’accaparement du territoire, une figure qui n’existe qu’en solidarité absolue avec la classe qui le domine, mais dont l’impuissance politique et économique l’autorise à s’identifier, lorsque opportun, au colonisé.
Le décor où Alain Deneault campe son personnage: le Canada. Coincé entre un passé colonial qu’il veut oublier et un essor républicain sans cesse ajourné, ce territoire qu’on appelle «pays» n’excelle que dans la médiocrité de ses politiques d’extrême centre, mais il livre à la pensée politique un objet d’importance: la condition du colon qui fut celle de la majorité de sa population et qui le reste de mille façons inavouées.
Alain Deneault est docteur en philosophie de l’Université Paris-VIII, est notamment l’auteur de Noir Canada (Écosociété 2008), Offshore (Écosociété / La Fabrique 2010), Paradis sous terre (Écosociété / Rue de l’Échiquier 2012), « Gouvernance » (Lux 2013) et Paradis fiscaux. La filière canadienne (Écosociété 2014)
En librairie le 10 septembre I 216 pages I 21,95$
George Woodcock, critique littéraire, historien et anarchiste, a eu un accès privilégié à la complexe histoire personnelle de George Orwell, dont il fut un ami proche. Rassemblant souvenirs, lettres et divers témoignages, cette biographie situe l’œuvre d’Orwell dans son contexte personnel, politique et littéraire. Elle offre une perspective à la fois intimiste et documentée sur la vie et les écrits de cet esprit libre, ne faisant l’impasse sur aucun des paradoxes qui habitent l’une et l’autre.
Alors que George Orwell est remis au goût du jour tant à gauche qu’à droite, et que prolifèrent les fake news, la novlangue et de nouvelles formes de contrôle technoscientifiques, cette biographie littéraire – la seule à avoir été écrite de première main – arrive à point nommé. Par l’élégance de son écriture et l’accès privilégié qu’il offre à son sujet, Woodcock brosse ici un portrait inédit de celui qui fut bien plus que l’auteur de la dystopie 1984.
La version originale de ce livre, The Crystal Spirit. A Study of George Orwell, a reçu le Prix littéraire du gouverneur général en 1966.
George Woodcock (1912-1995) est canadien, mais il a aussi vécu en Angleterre et en Asie. Il a été journaliste, poète, éditeur et historien. Ses travaux, remarquables tant par leur rigueur que leurs qualités littéraires, lui ont valu de nombreuses distinctions, dont le Prix littéraire du gouverneur général.
En librairie le 10 septembre I 424 pages I 26,95$