Écrit sans envie de plaire, ni celle de déplaire. Il a pour seule intrigue le désir de rimer persévérance et espoir d’une plume à la fois soucieuse et délibérée en harmonie avec le savoir-faire et le savoir-vivre.
« Amoureux-nés » est un roman de grande plénitude qui nous invite à de merveilleux moments de prose. Doutes et inquiétudes semés dans les premières pages, nous invitent au fur et à mesure dans cette matrice où l’imposant verbe sensible s’annonce tel un droit absolu que chacun partage ‒tacitement parlant ‒ dans ce havre de paix et de quiétude où l’on s’attarde volontiers.
« Amoureux-nés » est venu à la rescousse du premier, « Traduire un silence », en lui léguant tout l’espoir. Un texte désinvolte mais lucidement mené dans la spontanéité de la fascinante finesse de deux âmes vivant au jour le jour avec ferveur en assumant la même passion dont l’une, masculine, passionnelle et intelligente, et l’autre, féminine, émotionnelle et instinctive.
Mélyssa, étudiante en psychologie à l’université d’Alger est le premier personnage principal du roman. Elle reflète cette créature algéroise fascinante douée de tant de volonté et de désir ardent où, à chaque égarement de son esprit, se recherche dans les mots bien ciselés de sa mère, Nora, devenue veuve après la mort tragique de son mari, ce qui a chagriné et rendu morose l’atmosphère dans laquelle toutes les deux évoluent et continuent à exister. Ce qui est frappant est cette nature plus sage et plus intelligente émotionnellement que renvoie sa mère malgré son âge, contrairement à celle de sa fille austère et toujours aussi soucieuse d’un avenir moins certain au milieu de cette société ornée de préjugés, voire crasseuse, vicieuse et hypocrite.
Résolue à éviter ses dérives, Mélyssa s’évade en cherchant à confondre sa personne avec celui sur lequel elle s’appuierait afin de réussir et fuir le quotidien harassant. Elle se perd alors dans des confusions de sentiments à la recherche d’un grand amour pouvant remplacer celui de son père. La monotonie de ses jours ombrés l’ont amenée à faire connaissance d’un jeune étudiant, Micipsa, croisé dans les halls de sa faculté. Ce dernier est aussi étudiant à l’université d’Alger. Lucide le jour et confus le soir en rentrant dans sa chambre universitaire, quand penché sur ses pages vierges, il mêle écriture et inspiration en les transposant sur les qualités féminines et gracieuses émanant de Mélyssa.
Ensemble, et sur ce chemin de la loyauté bordé de sincérité et de projets communs, ils se sont conquis. De leur connivence née avant l’heure, une passion a germé à la merci de leurs ententes, bien que leur passé ait été douloureux. Tout le sens de leur amour est là. Toute la philosophie de leur amour se résume dans « simplement aimer en répondant à l’arborescence de leur spontanéité sans fard ni retard. Mélyssa disait qu’avec toi, j’ai tout, et Micipsa répétait « Sans toi, je n’ai rien ».
Laissant confronter amour loyal rêvé à celui chimérique vécu, Mohand Lyazid Chibout (nom de plume Iris) cherche par son verbe à équilibrer la part des choses en s’adonnant à la virtuosité de ses penchants, d’où l’ambiguïté dans l’emploi des méthodes contraires à la quête du bonheur. La femme se libère, l’homme y adhère. L’obéissance et l’obédience portent leurs noms dans une partie d’un cœur tout en entraînant l’autre dans la transgression et l’indocilité.
« Amoureux-nés » comme « Traduire un silence » sont d’une douceur rare, sobres et doux. Ils pansent les plaies et illuminent les yeux remplis de larmes. À découvrir…