Dans un contexte récurrent de sous-représentation de la diversité au Québec, un nouvel exemple vient s’ajouter ces jours-ci avec le dévoilement des finalistes du concours Arista, organisé par la Jeune Chambre de commerce de Montréal. Si dans les éditions précédentes, la diversité était davantage au rendez-vous, la sélection homogène des jeunes gens d’affaires laisse entrevoir cette année un milieu monochrome, ce qui est pourtant loin d’être le cas.

Plusieurs initiatives, comme le Gala Dynastie, ont récemment fait la démonstration du dynamisme et de la présence accrue de Québécois-es immigrant-e-s et racisé-e-s dans les communautés d’affaires. Nous savons par ailleurs que les immigrant-e-s du Québec sont plus nombreux que l’ensemble de la population québécoise à se lancer en affaires ou à vouloir le faire et qu’ils contribuent ainsi à la croissance économique essentielle au pays [1].

Ce palmarès du concours Arista est donc un symptôme supplémentaire d’un phénomène plus large par lequel la diversité au Québec est encore trop souvent invisibilisée. Que cela s’explique par un manque de candidatures de personnes immigrantes ou racisées ou par un processus de sélection qui ne permet pas de valoriser la diversité, cela met au jour une problématique systémique à laquelle il est urgent de s’attaquer. Il n’est pas question ici de blâmer la Jeune Chambre de commerce de Montréal, mais d’avancer collectivement dans un changement de nos façons de faire.

Si les gens d’affaires racisé-e-s et immigrant-e-s ne manquent pas, il est essentiel de briser certains mécanismes qui ne leur font pas de place ou qui ne les incitent pas à la prendre. En ce sens, il importe de s’assurer en amont que ces concours rejoignent et valorisent l’apport de Québécoises et de Québécois, quelles que soient leurs origines ou leur couleur de peau. Cela passe notamment par une diffusion élargie auprès de réseaux diversifiés mais aussi par la mise en place de mesures d’équité, de critères de sélection inclusifs et de comités d’évaluation diversifiés. Diversité artistique Montréal (DAM) a d’ailleurs développé un service-conseil, La Cellule iDAM, pour accompagner les organisations qui le souhaitent à mettre en place ce type d’actions concrètes visant à inscrire la diversité dans leur structure organisationnelle.
Les concours de ce genre ont le pouvoir de propulser des professionnel-le-s sur le devant de la scène et de forger publiquement les leaders de demain. Avec ce pouvoir vient aussi la responsabilité d’assurer une juste représentation du secteur concerné et d’offrir aux jeunes québécois-es immigrant-e-s et racisé-e-s des modèles auxquels ils peuvent s’identifier et dont ils manquent encore cruellement.
L’exemple du Gala Arista doit ainsi nous permettre de prendre acte de la responsabilité que nous avons tou-te-s, en tant qu’organismes, en tant qu’individus, en tant que société, à lutter contre toute forme de discrimination, aussi involontaire soit-elle.
[1] Une étude de la Fondation de l’entrepreneurship montrait en 2010 que « 14 % des immigrants du Québec sont dans les affaires, contre 9,5 % de l’ensemble de la population québécoise. Aussi, près de 15 % des nouveaux arrivants caressent l’idée d’avoir leur entreprise, soit le double des Québécois (7,4 %). » (Voir : www.jobboom.com/carriere/entrepreneuriatdes-immigrants-a-leurs-affaires/)

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