Havana Split[1], est une bande dessinée au rythme soutenu que signent le scénariste français Frédéric Brrémaud et la dessinatrice italienne Vittoria Macioci alias Vic.
Les événements du récit se déroulent à Cuba vers avril 1958, soit quelques mois avant le renversement du régime de Fulgencio Batista. Pour ce faire, les bédéistes nous présentent trois personnages aux tempéraments qui sont bien différents les uns des autres :
-Il y a d’abord John Botia, ex-agent expulsé pour violence, qui travaille en tant que détective privé de l’agence d’Arnaldo Valdés.
-José Cojones également employé l’agence Valdés, est du genre à planter un coup de couteau dans le dos.
-Enfin, il y a Lily Valdés Turner, une jeune américano-cubaine fraichement débarquée de Miami pour retrouver son père.
Ensemble, ils n’auront d’autre choix que de faire équipe s’ils veulent sauver le père de Lily qui s’est fait prendre au jeu d’un mafieux notoire pour une histoire de paris sportifs.
Don Alfonso est catégorique : Valdés lui doit 50000$! Une sacrée somme pour l’époque, d’autant que la situation politique et sécuritaire à Cuba est de plus en plus instable. Il retient en otage Arnaldo Valdés et menace à demi-mots John : « Je ne suis pas un athlète, mais on me doit 50000 $ ! Sa fille [Lily], sa secrétaire et vous-mêmes…j’appelle ça le cycle de la vie. On est tous dans la même galère ! Et comme je connais l’attachement que vous portez à cet homme [Arnaldo Valdés], nous ferons en sorte qu’il se repose. Mes quartiers ne manquent pas de chambres d’amis ! » (Page 49).
Pour effacer cette dette, John, José et Lily vont devoir se salir les mains pour répondre aux exigences de Don Alfonso…
Nous n’en dirons pas plus sur cette aventure qui est à mi-chemin entre l’espionnage et le polar mafieux. Il faut dire que l’on n’a pas le temps de s’ennuyer entre les pages de cet album, puisque chaque planche apporte avec elle son lot de surprises.
Les péripéties que vivent les personnages, coïncident avec des événements marquants de l’histoire de Cuba, et sont appuyés avec des coupures de journaux qui sont parsemées ici et là. On y découvre des lieux emblématiques tels que le célèbre cabaret Le Tropicana, ainsi que des personnalités historiques telles que le Président Batista, ou encore le joueur de baseball Carlos Azaceta de l’équipe des Almendares.
Au-delà du récit, il faut reconnaître tout le travail de recherche graphique de la part de Vic qui réussit à créer une œuvre qui reprend des codes culturels évocateurs des années 50. Cette série qui s’adresse aux 15 ans et plus, permet de feuilleter en supplément un cahier qui englobe de nombreuses informations concernant la genèse de la BD.
Publié aux Éditions Dargaud, Havana split est disponible au Québec depuis le mois de mars.
Réda Benkoula
[1] Havana Split – Tome 1 – Bienvenue à Cuba | Frédéric Brrémaud (Scénario), Vittoria Macioci (Dessin), Maggie (Couleur) | Dupuis | 2025 | 96 pages