Le principal secteur où l’Accord économique et commercial global (AÉCG) fait ses preuves est l’exportation de pétrole. Deux ans après son entrée en vigueur, le déficit global de la balance commerciale entre le Canada et l’Union européenne (UE) continue de croître. L’AÉCG ne répond pas aux attentes créées lors de sa signature par le Canada. Dans une fiche socioéconomique publiée aujourd’hui, l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) a analysé les données d’importations et d’exportations entre le Canada et l’UE.
Seuls deux secteurs de l’économie ont bénéficié de l’AÉCG : l’énergie (pétrole) et les minéraux. « C’est aberrant qu’en 2019, les seuls bénéfices économiques que l’on tire d’un accord comme l’AÉCG soient liés aux énergies fossiles, commente Guillaume Hébert, chercheur à l’Institut. L’évolution du commerce est aussi favorable au Canada du côté des minerais, une autre industrie extrêmement polluante. Il n’y a pas de quoi être fiers, ce sont les industries les plus polluantes qui sont bénéficiaires. » Alors que le Canada était importateur net de pétrole avec l’Union européenne avant la signature de l’AÉCG, il est devenu exportateur net au cours des dernières années.
L’AÉCG devait permettre aux entreprises canadiennes, notamment les PME, de conquérir de nouveaux marchés. Le niveau des exportations nettes s’est plutôt détérioré de 22,1 % depuis son entrée en vigueur, ce qui représente en moyenne 323 M$ de déficit commercial de plus par mois. « On se demande vraiment quels avantages autres que ceux liés à l’exportation de pétrole les autorités canadiennes espéraient tirer dans cet accord. Dans pratiquement tous les secteurs, on observe jusqu’à maintenant une détérioration de la balance commerciale canadienne », soutient Guillaume Hébert, chercheur à l’IRIS.
Pourquoi signer un tel accord ? Avant 2017, plusieurs tarifs avaient déjà été abolis entre le Canada et ses principaux partenaires économiques au sein des pays européens. Si les bénéfices apparaissent marginaux pour le Canada dans son ensemble, Guillaume Hébert soutient que « les grandes corporations en sortent gagnantes. Il faut y voir d’abord et avant tout un accord qui permet de construire une armature légale qui favorise les opérations des firmes transnationales. Comme on l’a vu dans le passé, des entreprises pourraient poursuivre le Canada s’il adoptait des politiques environnementales perçues par le monde des affaires comme des entraves au commerce. La portée de l’AÉCG est très vaste et soulève donc aussi des enjeux démocratiques ».
Source : IRIS – Institut de recherche et d’informations socioéconomiques