L’auteur prolifique Fouad Laroui a publié un nouveau roman intitulé Ce vain combat que tu livres au monde[1]. C’est une réflexion profonde sur l’Histoire du monde arabe et à ses différentes failles : « L’histoire est riche de trahison pour les Arabes, l’une des plus perfides de leur passé récent pourrait porter des noms anglais, s’il fallait la nommer, des noms qui s’entremêlent, une sorte d’appel des accusés au tribunal de l’infamie, Lawrence, Sykes, Henry, McMahon, Balfour »[2]. Il ajoute : « L’histoire, c’est la grande concasseuse, machine aveugle qui broie, ingère puis rejette, brisés, de part et d’autre d’un grand partage, les corps et ces pantins qui s’étaient crus hommes, chacun maître de son destin, seulement préoccupé de vivre, de mener une vie qui en vaudrait la peine, qui aurait saveur à défaut de sens »[3]. Pris comme toile de fond, les personnages Malika et Ali mènent une vie où le mariage ne se présente pas comme une priorité : « (…) Ben oui, il va venir habiter avec moi…chez moi. Ça va devenir « chez nous » »[4]. L’étonnement est d’autant plus grand que dans la religion musulmane le concubinage est un péché. Ces deux protagonistes ont vu leur vie basculer le jour où Ali a eu un problème au travail. Le patron s’adresse à lui : « Bon, Ali, ne te surestime pas non plus. Je sais bien que c’est toi qui as fait le gros du travail, tu es le meilleur dans ce domaine, mais Jérôme, Daniel ou Séverine ont travaillé avec toi, ils sont parfaitement capables de prendre la suite et de faire tourner les programmes »[5] En chômage, il passait son temps à la maison en train de regarder les propagandes des terroristes. Placé dans un contexte de fragilité, il a eu des influences entre autre celles de son cousin Brahim qui se prétendant être pieux était voué à tous les dérapages.
Rappel de l’Histoire :
Fouad Laroui met l’accent sur la science et sur l’âge d’or des Arabes. Il écrit : « La chimie moderne ? C’est l’unanimité dans le récit européen : Robert Boyle l’invente au XVIIème siècle avec son livre….attends je l’ai quelque part (…) The sceptical chymist, avec un y. (…) très bien ! Sauf que sept siècles avant Boyle (oui sept siècles !) Jabir Ibn Hayyân, ar-Razi, al-Biruni, al-Kindi et bien d’autres métèques faisaient exactement cela : des expériences, des mesures, de la chimie, quoi. Le premier chimiste de l’histoire ? Aucun doute : c’est Jabir ibn Hayyân, natif de Khorasan ! son kitab el-kimiya est connu dans tout le monde arabe. Qui le connaît ici ? »[6].
Le roman ce vain combat que tu livres au monde se veut une remise au point des préjugés, des références et des repères qui sont souvent mal expliqués.
Lamia Bereksi Meddahi
[1] Ed/ Julliard, 2016.
[2] Id, p. 35.
[3] Ibid, p. 11.
[4] Ibid, p. 29.
[5] Ibid, p. 74.
[6] Ibid, p. 152.