La mission première d’un centre hospitalier est d’offrir des soins aux patients. Toutefois, les établissements de santé génèrent, du fait différentes formes de pollution, en raison de leurs différentes activités. Si la gestion rationnelle des conditions du respect des règles d’hygiène et de sécurité s’avère essentielle, il n’en demeure pas moins que ceci ne doit pas se faire au détriment du respect de l’environnement, d’où l’importance pour les établissements de se doter d’une politique de gestion des déchets hospitaliers, afin de contribuer à la sécurité du traitement du patient, comme à la sécurité et à la qualité de vie du personnel et des citoyens.
Mise en contexte
Selon Synergie Santé Environnement (SSE), le réseau de la santé québécois produit près de 97 000 tonnes de déchets annuellement. Ce réseau apparaît comme l’un des plus gros générateurs de matières résiduelles en province. Des caractérisations des matières résiduelles réalisées par l’équipe de SSE entre 2010 et 2018, dans certains hôpitaux de la région de Montréal, ont permis de catégoriser les différentes matières résiduelles générées par lesdits établissements. Près des trois quarts des déchets hospitaliers ont un potentiel de valorisation ou de recyclage, alors que seulement 27 % ne peuvent être revalorisés.
Bonnes pratiques et initiatives
Pour pallier aux problématiques liées aux enjeux environnementaux, les centres hospitaliers utilisent plusieurs méthodes, telles que le tri des plastiques, le déchiquetage du papier, ainsi que le traitement des déchets biomédicaux. Parmi ces technologies, figurent l’autoclave et la stérilisation, permettant la réutilisation de certains équipements et réduisant ainsi l’enfouissement. Enfin, la solution sterilwave, qui combine le rayonnement micro-ondes et le broyage des déchets, permet de réduire de 80 % le volume initial de déchets infectieux (piquants/tranchants, liquides, solides, verres, etc.) en trente minutes.
Processus de gestion des matières résiduelles générées en milieu hospitalier
Les matières résiduelles générées dans les centres de santé proviennent surtout, des unités de soins. C’est le département Hygiène et Salubrité qui s’occupe de la plupart des unités de soins, exception faite des urgences et des cuisines. L’ensemble des déchets autres que médicaux, sont regroupés dans des sacs et récupérés par un employé qui les dépose dans des bacs noirs ramassés quotidiennement. Ces déchets sont ensuite, mis au compacteur. Les déchets biomédicaux et les piquants/tranchants, sont ramassés séparément et acheminés vers l’autoclave. Quant aux cartons, ils sont acheminés vers la presse à carton puis, stockés en ballots afin d’optimiser l’espace. Ils sont ensuite ramassés par une entreprise de recyclage. Le papier confidentiel est disposé dans des bacs verrouillés et récupéré par une entreprise de déchiquetage. Enfin, les déchets biomédicaux (liquides corporels et organes) collectés dans des sacs jaunes étanches sont acheminés à l’autoclave pour décontamination avant leur récupération en vue de leur enfouissement.
Quantité de déchets générés
Les données recueillies par le SSE ont permis d’estimer la quantité de déchets produits annuellement dans les différentes catégories, sauf pour les déchets biomédicaux. Ainsi, chaque établissement, tous types confondus, produit annuellement, en moyenne, 66 tonnes de carton à recycler, 27 tonnes de déchets piquants/tranchants et entre 76 et 139 tonnes de déchets plastiques.
Scénario de valorisation des plastiques médicaux
Pour répondre à la volonté du personnel soignant et des employés d’entretien, plusieurs établissements ont amélioré la gestion des plastiques en élaborant une stratégie sur plusieurs étapes. Cette stratégie s’appuie sur les retours d’expériences d’autres hôpitaux et les recommandations de l’organisme Synergie Santé Environnement qui met à disposition diverses ressources (guide, vidéos, outils) destinés à améliorer le processus de gestion des déchets, que ce soit dans le choix du partenaire de revalorisation et dans la négociation du contrat relativement aux quantités de plastique récupéré ou encore, dans le processus de disposition en offrant davantage d’endroits de disposition et de modes de collecte, dans chacun des services.
Il est également recommandé d’ajouter des bacs de recyclage (près des imprimantes) et des poubelles pour déchets généraux, notamment dans les bureaux. De plus, des bacs spécialisés peuvent être installés dans les services sélectionnés dans le contexte de la récupération des plastiques médicaux. Chaque bac doit être accompagné d’une affiche permettant d’identifier en un coup d’œil le déchet, et ainsi éviter la contamination des éléments recyclables. Par ailleurs, l’efficacité du tri passe par un affichage clair et la sensibilisation des employés. Il est ainsi important qu’ils soient informés des enjeux du projet et des changements que le projet peut entraîner sur leurs habitudes.
Au niveau de la collecte, la procédure reste globalement similaire. Cependant, si le tri est instauré, le nombre de sacs à transporter sera plus important, même si le poids global restera identique. L’organisation du stockage des matières sera normalement modifiée, puisque les plastiques sont actuellement jetés avec les déchets généraux ou compactés. En effet, si le processus de tri est mis en place, de l’espace devra être libéré pour stocker les plastiques suivant les exigences du repreneur. La caractérisation des plastiques est recommandée afin de connaître la répartition des types et la quantité moyenne produite.
Mesure de la performance
La mise en place d’un plateau de travail pour le tri permettrait d’isoler avec efficacité les différents types de plastiques, de les peser, et de connaître plus précisément la quantité de chaque type de déchets. Des changements progressifs implantés dans quelques services, permettraient d’observer les résultats et pourraient ensuite, s’étendre à plusieurs autres unités. Afin de faciliter cette tâche, les gestionnaires peuvent bénéficier d’outils Excel développés par Recycle-Québec et destinés aux institutions. Ces outils permettent d’estimer la production de déchets et de matières résiduelles, tout en réduisant le nombre d’heures consacrées à la gestion des matières résiduelles.
Martine Dallaire