Le compte à rebours du vieillissement de la population est commencé depuis déjà plusieurs années. Bientôt, les têtes blanches se démarqueront au-dessus de la mêlée et le retour en arrière sera impossible.
Le Québec est vieillissant et on ne cesse de le répéter depuis déjà une dizaine d’années. Toutefois, dans l’espace médiatique, les cheveux blancs se font rares. C’est comme si le vieillissement n’existait pas…Les prédictions de l’Institut de la statistique du Québec ont beau clamer haut et fort, qu’en 2056, que les 65 ans et plus constitueront le tiers de la population, n’empêche que la vieillesse est sous-représentée, voire même ignorée dans l’espace médiatique. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, alors que nous nous dirigeons collectivement vers un contexte social où l’âge médian est plus que respectable, le vieillissement et ses signes sont, en quelque sorte, tabous. Cette manière de feindre que le vieillissement n’existe pas entraîne d’étonnantes contradictions sur la réalité vécue par les aînés. Par exemple, une patineuse olympique, âgée dans la trentaine, annonce des couches pour adultes alors que certaines stars internationales d’il y a plus de deux décennies, comme Cher et Madonna, semblent figées dans le temps, à force de botox.Nos sociétés postmodernes sont dominées par le jeunisme et la performance donc à compter du moment où ces deux atouts disparaissent, on bascule immédiatement dans le statut de sénescence. Les baby-boomers ont fait, il y a longtemps, la promesse de révolutionner la vieillesse. Encore, faudrait-il leur donner de la visibilité dans les médias et cesser que les rôles de quinquagénaires soient tenus par des trentenaires maquillés. Que les annonceurs leur fassent de la place, surtout, lorsque le produit ou le service les concerne, car bientôt, les aînés représenteront la plus grosse tranche de la population. Si on note une certaine ouverture de la part de certains médias, les autres doivent cependant savoir qu’ils ne sont pas que « détestables » et qu’on doit leur donner la place qui leur revient, afin de refléter fidèlement la réalité.
Martine Dallaire (L’initiative)
