Tio’tia:ke (Montréal), le 15 novembre 2016, 16h, pour diffusion immédiate. Des résidents et résidentes du Sud-Ouest de Montréal bloquent le chemin de fer au coin des rues Wellington et de Sébastopol en solidarité avec les protecteurs de l’eau des Premières Nations qui luttent contre l’oléoduc Dakota Access. Un rassemblement se déroule à côté, dans le parc de la Congrégation. Cette action est organisée en réponse à l’appel lancé par des leaders des Premières Nations de Standing Rock pour une journée d’action qui perturbe le train-train quotidien.
Le groupe qui bloque le chemin de fer explique son action dans la déclaration qui suit :
Debout avec Standing Rock
Nous sommes ici aujourd’hui, allochtones des quartiers Sud-Ouest de Montréal, sur des terres jamais cédées par les Kanien’kehá:ka, pour appuyer solidairement la lutte que mènent les protecteurs de l’eau des Premières Nations à Standing Rock contre la construction de l’oléoduc Dakota Access dans le Dakota Nord aux États-Unis.
Face aux dangers sur la vie des communautés et sur la nature qu’imposent de grandes compagnies pétrolières et les banques complices, la résistance contre ce projet destructeur est devenue nécessaire et doit s’étendre partout à travers le monde, y compris à Montréal et au Québec.
Ce projet d’oléoduc Dakota Access doit être arrêté et le pétrole doit demeurer là où il est, dans le sol. Aujourd’hui et jusqu’à la victoire, nous soutiendrons la lutte pour bloquer le projet d’oléoduc Dakota Access.
Quartiers sud-ouest de TIO’TIA :KE
SOLIDAIRES
L’OLÉODUC NORTH DAKOTA ACCESS (DAPL) & STANDING ROCK
Le DAPL est un oléoduc de pétrole brut issu de fracturation, dont la construction est dirigée par les plus puissantes industries de combustibles fossiles et leurs banques complices. Cet oléoduc détruira des sites sacrés, accentuera les changements climatiques et passera sous la rivière Missouri, ce qui pourrait occasionner la contamination d’eau potable de 8 million de personnes.
La trajectoire du DAPL traversera le territoire Lakota, où un traité est applicable, sur la réserve des Sioux de Standing Rock. Cela fait plusieurs mois que la tribu Sioux est à la tête de manifestations contre la construction controversée du Dakota Access Pipeline. Plusieurs milliers de personnes les ont rejoints pour former ce qui est considéré comme le plus grand rassemblement autochtones aux États-Unis depuis des centaines d’années. En ayant créé des campements tout au long de la trajectoire du pipeline, illes réussissent à bloquer sa construction. Cette résistance est devenue une réelle source d’inspiration pour les mouvements autochtones et écologiques à travers le monde.
LES PRÉOCCUPATIONS :
- Les déversements et les fuites du pipeline Dakota Access (DAPL) auraient un impact sur les citoyens, menaceraient la vie sauvage, la qualité de l’eau, et l’intégrité territoriale. Passant sur deux cours d’eau importants (le Fleuve Missouri et le Fleuve Mississippi), le pipeline est une menace majeure.
- En violation à la loi fédérale des États-Unis, Dakota Access a commencé les travaux sans avoir complété l’énoncé des incidences environnementales (EIE).
- La procédure d’autorisation du pipeline Dakota Access a continuellement évitée les consultations appropriées de nation à nation avec la tribu des Sioux de Standing Rock ainsi que la tribu des Sioux de Yankton.
- Les avantages de la création d’emplois sont minimes : les positions permanentes à temps plein pour les citoyens de Dakota du Nord crées grâce à la pipeline sont estimées à moins de dix.
- Le parcours proposé traverse le Fleuve Missouri au confluent du Fleuve Cannon Ball, une région d’importance cruciale au niveau culturel, spirituel et environnementale. Cette convergence est un lieu important pour l’histoire qui raconte l’origine des Mandan puisque c’est l’endroit où ils sont entrés dans le monde suite au grand déluge. Là où les deux cours d’eau se rencontrent a jadis crées Inyan Wkhánagapi Othí, roches sphériques sacrées (d’où l’expression colonisatrice ‘Cannon Ball’ – « Boulet de Cannon »), mais suite au passage du Corps of Engineers de l’armée américaine qui a dragué et fait débordé les rivières dans les années 50, le courant a changé et les Roches Sacrées ne sont plus fabriquées. Il y aurait des cimetières et des villages historiques ainsi que des sites de dance du Soleil (Sundance) qui seraient directement affectés.
CITATIONS DES PROTECTEUR.RICES DE L’EAU (traduction libre):
»L’endroit où sera construit le pipeline se nomme le Cannonball, où les Mandan naquirent après la grande inondation. C’est aussi un endroit où illes pratiquaient les Okipa, ainsi que les Sundances. Plus tard, Wisespirit et Tantanka Ohitika y tiennent des sundances. Plusieurs anciens villages et sites d’enterrement Mandan, Cheyenne et Arikara se trouvent dans cette zone. C’est aussi ici que se trouve la roche sacrée médicinale qui prédit le futur. » – LaDonna Bravebull Allard (Lakota, Dakota).
»Les dangers qu’imposent l’avidité des grandes compagnies pétrolières ont un impact majeur sur les communautés vivant le long de la rivière Missouri. Lorsque ce oléoduc fuira, comme le font la majorité des oléoducs, la moitié de l’eau potable du Dakota du sud sera contaminée. Comment l’approbation de ce projet peut-elle être bénéfique pour les communautés, l’agriculture et l’élevage? Ce projet doit être arrêté. Les personnes des quatre bandes de Cheyenne River sont en solidarité avec les nations voisines. Elles appellent au support de tous les Oceti Sakowin ou Seven Council Fires, ainsi qu’aux allié.es tant autochtones qu’allochtones s’opposant à cet oléoduc. » – Joye Braun (Cheyenne River)
Source : Justice climatique Montréal : https://www.facebook.com/ClimateJusticeMontreal/
Le pétrole c’est la mort
L’eau c’est la vie
Transport du pétrole par chemin de fer
- 40% des wagons soit plus 53,000 wagons en 2013 ou 100,000 barils par jour circulent sur l’île de Montréal;
- Les trains arrivent de Vaudreuil-Dorion et se dirigent soit vers les raffineries de l’est par Mont-Royal et Ahuntsic, soit vers le pont Victoria et la rive-sud en traversant Saint-Henri et Pointe-Saint-Charles. (Journal Voir, mars 2015);
- Le pétrole vient principalement du Dakota Nord.
- On estime qu’environ 50 000 Québécois habitent à moins de 100 mètres d’un chemin de fer parcouru par les convois pétroliers, principalement dans les villes de Montréal, Longueuil, Saint-Hyacinthe, Drummondville et Sherbrooke.
- En 2014, 174 accidents de transport de matières dangereuses ont eu lieu au Canada (Bureau de la sécurité du Canada)
- Les nouvelles normes imposées par Ottawa pour le transport de matières dangereuses par wagons-citernes permettent-elles d’éviter des catastrophes comme celle de Lac-Mégantic? Non, répondent les experts. Radio-Canada mars 2015.
Transport du pétrole par pipeline
- On a signalé 11 accidents de pipelines en 2013 soit 4 de plus qu’en 2012 (Bureau de la Sécurité dans les transports (BST) du Canada);
- Le nombre d’incidents majeurs serait comparable entre les incidents ferroviaires et les pipelines. Journal de Montréal Samson 13 mars 2016
- Selon le Bureau de la Sécurité dans les transports (BST) du Canada, le pipeline ne serait pas nécessairement plus sécuritaire que le train pour le transport du pétrole.
- Saviez-vous que le fleuve Saint-Laurent est la source d’eau potable pour plus de 3,7 millions de personnes, dont la population de Montréal, soit 45 % de la population québécoise? Bien que l’industrie et les gouvernements tentent de se faire rassurants, on ne dénombre pas moins de 19 déversements majeurs d’au moins un million de litres et près de 950 déversements de plus petite envergure de 2004 à 2013 au Canada. (Fondation David Suzuki.)
- Le 20 juillet dernier, 69 000 personnes ont été privées d’eau potable dans la province canadienne du Saskatchewan, suite à la fuite de l’oléoduc de la compagnie Husky Energy. Un rapport publié le 2 septembre à la demande des communautés autochtones de la région dénonce la lenteur de réaction de l’entreprise : 14 heures ! Pendant ce temps 250 000 litres de pétrole brut se sont déversés dans la rivière Saskatchewan nord. Près de deux mois après l’accident, son eau n’est toujours pas potable.