Comme nous l’avons mentionné dans notre papier du janvier (2024), consacré aux perspectives économiques, l’économie du pays serait sur la voie de redressement à partir de la deuxième partie de l’année, au fur et à mesure que la politique monétaire, par la voie de son principal levier (taux directeur), apporte ses effets escomptés. À mi-parcours de l’exercice en cours, l’économie canadienne est-elle sur le point de changer le cap pour amorcer son redressement ?

L’économie canadienne affiche des signes de reprise

Après un passage difficile qui a marqué la fin de 2023, l’économie canadienne renoue avec la croissance. Selon le rapport de la banque centrale du Canada sur la politique monétaire (juillet 2024), la croissance économique s’est raffermie pour atteindre environ 1,5% durant la première moitié de cette année. La production potentielle de l’économie, qui désigne son niveau de production le plus élevé sans l’inflation, continue de croitre plus rapidement que le produit intérieur brut (PIB), ce qui fait augmenter l’offre excédentaire. Face à cette offre, les dépenses des ménages, incluant la consommation (le commerce de détail a reculé de 0,9 % en mai) et le logement, ont été faibles, ce qui a atténué les pressions inflationnistes généralisées. L’inflation, mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) s’est modéré après une augmentation en mai (2,9%) pour s’établir à 2,7% en juin. Cette tendance à la baisse de l’inflation qui devrait se rapprocher de la cible de 2% a amené la Banque du Canada à baisser son taux directeur pour une deuxième fois consécutive, le ramenant désormais à 4,5%. La prochaine mise à jour du taux directeur est prévue pour le 4 septembre, et si l’inflation continue de ralentir, d’autres réductions seront envisageables. Cependant, il reste à savoir les moments et les valeurs de ces éventuels ajustements. Tout dépend en effet de l’évolution de la conjoncture économique et à cet égard, plusieurs éléments à prendre en compte.

Même si l’inflation fondamentale qui exclut de l’IPC les composantes très volatiles (comme l’énergie et les denrées alimentaires) est sous la barre de 3% depuis plusieurs mois, la hausse des frais de logement demeure élevée, enchérie par les loyers et le coût de l’intérêt hypothécaire. L’inflation demeure également élevée pour les services, notamment la restauration et les soins personnels en raison de l’augmentation des salaires dans ces deux secteurs en question. Les pressions exercées sur les prix dans des secteurs importants comme le logement et les services entravent la baisse de l’inflation. Néanmoins, l’inflation fondamentale, plus représentative de la tendance sous-jacente de l’inflation aux yeux de la Banque du Canada, devrait encore baisser pour s’établir à environ 2,5% durant la deuxième moitié de 2024, et continuer graduellement sa trajectoire baissière tout au long de 2025. Quant à l’inflation mesurée par l’IPC, la Banque du Canada s’attend à ce qu’elle descende en dessous de l’inflation fondamentale dans la deuxième moitié de 2024, avant de s’établir autour de la cible de 2% en 2025.

Dans l’état actuel des choses, l’institution monétaire d’Ottawa prévoit une croissance du PIB de 1,2% en 2024, de 2,1% en 2025 et de 2,4% en 2026. Ce renforcement de l’économie est porté par les exportations ainsi que la reprise des dépenses des ménages et des investissements des entreprises, conséquence de la baisse des coûts de l’emprunt. Ce redressement escompté par la politique monétaire de la Banque du Canada au moyen du taux directeur entrainera une offre excédentaire qui se résorbera progressivement tout au long des deux prochaines années. 

Sofiane Idir

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