Green class[1] est une série de science-fiction qui explore les angoisses d’une humanité en voie d’extinction avec en toile de fond une bande de jeunes Canadiens qui se retrouvent malgré eux propulsés au cœur des événements dont les enjeux les dépassent largement.
Beth, Linda, Lucas, Sato, Naïa et son frère Noah ont survécu à un virus qui a transformé l’humanité en des êtres végétaux dépourvus de volonté. Alors qu’ils veulent quitter les États-Unis pour retourner chez eux, les choses s’enchainent. Noah se transforme en l’une de ses créatures pour protéger sa sœur Naïa des mains des militaires qui sont dirigés par le Colonel. Ce dernier est secondé par Lyauthey, un prêcheur à l’allure inquiétante et qui a le don de contrôler les Shoggoths, une espèce parmi les différentes créatures qui ont envahi la terre. Il serait aussi en mesure d’ouvrir les portes entre les mondes et d’en prendre le contrôle.
À travers le 3e tome de Green class, on suit le périple de la bande de jeunes qui se compose désormais que des cinq amis. Suite à la disparition de Noah, le groupe se décide à récupérer un mystérieux livre que détient Lyauthey et qui lui permettrait de comprendre le langage des créatures. Les desseins du Colonel seront-ils contrariés par nos jeunes amis qui ont du ressort au fond d’eux en dépit des obstacles qu’ils rencontrent.
Pour Lyauthey, l’homme est le cancer de ce monde. Et si nous ne faisons rien, il finira par tout détruire. Dans sa quête pour retrouver un Alpha, Lyauthey qui affronte des créatures aux coté du Colonel s’exclame : « Je suis le prétendant au trône de Nyarlathotep, le chaos rampant, l’incarnation de la force des grands anciens sur terre. Et vous me devez obéissance ».
Le chaos rampant est une métaphore qui est bien choisie pour titrer ce 3e numéro de cette série qui a été imaginée par Jérôme Hamon. Le scénariste français qui connait bien les États-Unis pour y avoir vécu un temps, n’a pas de mal à ancrer ses personnages dans un contexte qui lui est familier. Il démontre d’ailleurs à travers cette BD, qu’il n’est pas aisé de le cantonner à un seul genre, lui qui signe avec Emma & Capucine une série qui est aux antipodes de Green class.
Telle une série prémonitoire de ce que nous vivons depuis deux ans avec la pandémie de covid-19, Green class repousse les limites de l’imaginable avec une humanité en voie d’extinction en raison de la pandémie, des gouvernements corrompus qui tentent de cacher la vérité sur les raisons de la pandémie, des zones de quarantaine et des poches de résistances pour lutter contre les créatures à travers un groupuscule d’humains qui se fait appelé les Human First. Certes, chacun ira de son interprétation pour mesurer les enjeux qui sont soulevés dans cette série qui nous interpelle à travers les dessins de David Tako, un bédéiste français qui s’est nourri des films d’animation, des bandes dessinées, des mangas et des jeux vidéo. Le dessinateur manie habillement les couleurs pour qu’elles s’ajustent avec le thème de la série, ce qui donne lieu à tout un univers qui est superbement détaillé.
Ensemble, les deux auteurs ont de la facilité à se libérer des codes, dans le but de capter l’attention des lecteurs, car au final rien n’est joué d’avance et rien ne garantit l’efficacité du plan des cinq amis pour contrecarrer les plans de Lyauthey.
La série qui s’adresse aux plus de 12 ans est à découvrir aux éditions Le lombard.
Réda Benkoula
[1] Green class T.3. Chaos rampant | Jérôme Hamon, David Tako | Le Lombard | 2021 | 64 pages