Le metteur en scène Philippe Ducros, dont la démarche artistique le mène à voyager souvent en plein cœur de zones troubles de l’actualité internationale, s’allie ici à la langue à la fois précise et colorée de l’auteur d’origine fransaskoise Gilles Poulin-Denis.
À l’annonce du décès de son père, Arnaud, correspondant de guerre, revient à la ferme familiale après quatorze ans d’absence. N’y reste que son frère Armand qui l’attend, carabine à l’épaule. Ce face-à-face brutal réveille en lui les monstres qu’il a ramenés des zones de conflit, alors même que les vieilles blessures remontent à la surface. Chargé de la furie barbare des guerres, obsédé par les chiens féroces qui le poursuivent, hanté par la rage de son frère, les paroles énigmatiques d’une adolescente sauvage et les oracles d’un ours mystérieux, Arnaud doit retrouver le chemin de son existence vers un endroit qu’il pourrait enfin appeler chez lui.
Mot de l’auteur
SUR LA DUALITÉ
L’histoire m’est apparue en une nuit. Cette histoire, j’ai mis cinq ans à la mettre sur papier. Cette histoire, c’est celle de deux frères, devenus étrangers par la distance et le temps qui se retrouvent à la suite de la mort de leur père. Ce conflit entre frères est inscrit dans notre mémoire collective : Étéocle et Polynice, Abel et Caïn, Remus et Romulus. En cherchant pourquoi ces archétypes restaient toujours aussi forts aujourd’hui, je me suis rendu à l’évidence que c’est parce que tout conflit, aussi moderne soit-il, s’inscrit dans la même lignée.
« Des frères qui tuent leurs frères, c’est le résumé tout entier de la guerre. »
– Arnaud
Il y a aussi au cœur de ce récit un questionnement sur l’identité, sur la manière dont on se définit en tant qu’individu. Nous avons tendance à nous définir par notre statut social, souvent par le biais de notre emploi, et par une certaine notion de territoire, notre lieu d’origine ou l’endroit où nous vivons.
Dans Dehors, Arnaud est en arrêt de travail dû à un syndrome de stress post-traumatique et il se fait refuser l’accès à la ferme familiale par son frère. Qui est-il s’il n’est plus journaliste et qu’on le considère comme un étranger lorsqu’il revient chez lui? Ce sentiment découle de ma propre expérience. À l’époque je ne me sentais pas « chez moi », ni dans ma Saskatchewan natale, ni dans mon Québec d’adoption et je n’arrivais pas à me réconcilier avec l’idée de me proclamer auteur de théâtre alors que j’étais acteur de formation.
Ce texte a été mon école d’écriture. Après Rearview, que j’ai écrit en un souffle, Dehors est un texte que j’ai dû écrire mille fois. Au fil des ans, un véritable monde s’est créé autour de cette histoire et ce qui reste sur papier n’en est qu’une petite partie. Dehors est dense, imparfait et rempli de symboles. Il nous plonge dans un univers onirique, une descente aux enfers qui, je crois, nous laisse avec l’impression d’avoir traversé un songe. Je sais qu’en ce sens c’est comme ça que je l’ai vécu.
Gilles Poulin-Denis
DEHORS
texte Gilles Poulin-Denis
mise en scène Philippe Ducros
interprétation Robin-Joël Cool, Jean Marc Dalpé, Marie-Ève Fontaine, Patrick Hivon, Isabelle Roy, Richard Thériault et Boris Letarte ou Miko Mathieu
assistance à la mise en scène et régie Charlotte Ménard
dramaturgie Maureen Labonté
scénographie Geneviève Lizotte
costumes Maude Audet
éclairages Thomas Godefroid
musique originale Ludovic Bonnier
vidéo Lionel Arnould
direction de production Clémence Doray
direction technique Tibeau Mathews
une création des Productions Hôtel-Motel en collaboration avec le Théâtre Cercle Molière, en codiffusion avec le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui
SALLE PRINCIPALE du 7 au 25 mars 2017
theatredaujourdhui.qc.ca/dehors
DEHORS
de Gilles Poulin-Denis
mise en scène de Philippe Ducros
une création des Productions Hôtel-Motel
en collaboration avec le Théâtre Cercle Molière,
en codiffusion avec le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui
SALLE PRINCIPALE
du 7 au 25 mars 2017
« Tantôt là, I wanted to fucking kill you. You made me want to kill. J’ai jamais senti ça avant. C’est ça que tu nous as ramené? La violence, l’égoïsme, la peur. That’s all you found out There ? »