Avec une température annuelle moyenne de 4,2 °C, le climat du Québec est l’un des plus rigoureux au monde. C’est incontestablement l’hiver qui confère au climat de la province ce trait menaçant et redoutable. L’hiver au Québec est plus qu’une saison, il est une composante fondamentale de la culture des Québécois. Il se distingue par son extrême rigueur, en déversant abondamment ses précipitations aqueuses et solides sur le vaste territoire de la province et par sa longueur, en rallongeant à ses aises sa présence aux dépens de l’automne et du printemps.
La pesanteur de l’hiver n’est pas sans conséquences sur l’économie de la province et les dépenses des Québécois. Quelle rallonge budgétaire les Québécois consacrent-ils à l’hiver ? Et quels sont les effets de la saison hivernale sur l’économie de la province?
L’ardoise salée de l’hiver
Pour affronter convenablement l’hiver, les Québécois rallongent leur budget pour faire face aux différentes dépenses subsidiaires occasionnées par cette saison. Le coût de cette rallonge est évalué à 8000 $ pour une famille de deux adultes et deux enfants selon une estimation de Desjardins (cette évaluation exclue les frais de loisirs). Ce montant se décline en plusieurs dépenses : 1000 $ pour les frais de chauffage (Hydro-Québec estime que le chauffage représente plus de 50 % de la facture annuelle d’électricité d’un logement ) ; 1500 $ pour les charges de la voiture (pneus d’hiver, consommation d’essence supplémentaire, accessoires…); 500 $ pour entretenir la maison et terrain (déneigement, isolation, outils divers…) et 5000 $ pour l’achat des vêtements d’hiver (manteaux, bottes, pantalons, mitaines, tuques…). À ces dépenses, il faut ajouter celles engendrées par les maladies, les accidents et la mortalité. Les Québécois décèdent davantage en hiver, notamment les personnes âgées et les enfants, selon les statistiques de l’Institut national de santé publique. (La mortalité mensuelle d’un hiver rigoureux peut atteindre 200 décès).
Il faut noter que ces dépenses varient d’une famille à l’autre et d’une saison hivernale à l’autre. Elles fluctuent donc selon la taille, les ressources financières et les équipements des ménages ainsi que la rigueur et la longueur de l’hiver.
L’hiver ralentit-il l’économie de la province ?
La rigueur de l’hiver présente un défi pour l’économie québécoise. Elle présente une contrainte de taille pour le travail, le transport et les loisirs. Plusieurs secteurs peuvent en pâtir et tournent par conséquent au ralenti, notamment les secteurs de la construction, des ventes de détail, des transports, de la restauration et des loisirs. Les conditions exceptionnelles de l’hiver peuvent entrainer des arrêts au niveau des chantiers de construction et de travaux publics. Les ménages sont contraints de limiter leurs sorties pour les loisirs et la restauration lors de cette saison. Les transports peuvent beaucoup souffrir de la rigueur de l’hiver (retards de livraison, perturbations, dépenses élevées du carburant, accidents, ralentissement de l’activité…). Les conditions draconiennes de l’hiver 2015 ont occasionné un ralentissement de l’activité portuaire au Québec, avec une diminution de 13 % du tonnage de marchandises manutentionnées. En effet, les perturbations des circuits de logistiques peuvent toucher d’autres secteurs par l’effet de domino, notamment les manufactures, les restaurants et les magasins de ventes de détail. Une journée de perturbations peut engendrer des pertes de centaines millions de dollars.
Sofiane Idir