Le dimanche 18 juin, des migrantEs, des réfugiéEs et leurs alliéEs prendront les rues du quartier Côte-des-Neiges, à Montréal. Lors de cette marche festive, musicale et familiale, illes demanderont la fin des déportations, des détentions et de la double peine, la régularisation immédiate de toutes les personnes qui sont sans statut légal ainsi que Montréal devienne une véritable ville sanctuaire.
Au cours des derniers mois, une rhétorique anti-immigrante s’affiche de manière de plus en plus décomplexée, notamment à travers la normalisation étonnante de l’extrême droite, des attaques manifestement racistes contre des migrantEs et la fortification explicite des frontières.
Au mois de février, le Conseil de la Ville de Montréal a adopté une motion selon laquelle Montréal devenait “ville sanctuaire,” donnant la fausse impression que Montréal ne coopère plus avec l’Agence des services frontaliers du Canada, et que les MontréalaisES sans-papiers peuvent avoir accès aux services publics sans avoir peur de se faire expulser.
“De tels gestes ont une portée surtout symbolique et font très peu pour contester la violence des frontières. Elles ont le potentiel de faire plus de mal que de bien, car elles créent des fausses attentes” dit Graham Latham, membre de Solidarité sans frontières et un des organisateurs de la marche annuelle.
Dans ce contexte, les luttes des migrantES et de leurs alliéES sont plus critiques que jamais. Et ces luttes sont également plus dynamiques que jamais. Les médias ont récemment consacré plusieurs de leurs unes à des personnes comme Marcia*, une Montréalaise sans-statut et aveugle qui se bat depuis longtemps pour avoir accès à des services de santé essentiels; aux membres de la communauté guinéenne de Montréal, qui se battent contre la déportation; au Collectif Éducation sans frontières, qui réclamait l’accès à une éducation gratuite pour les enfants sans-papiers; et au Collectif des femmes sans statuts, qui continue leur campagne depuis plusieurs années afin d’obtenir un statut pour elles-mêmes et leur famille.
‘’Nous devons combattre les déportations parce qu’elles détruisent tout ce que nous avons bâti ici’’, explique Barry Mohamed Diouldé, du Comité guinéen pour un Statut pour toutes et tous. ‘’Nous vivons ici depuis des années. Nous travaillons et faisons partie d’une communauté. C’est ici qu’on se sent chez soi’’.
Plusieurs centaines de personnes continuent de franchir la frontière canado-américaine, au mépris de la logique violente de cette frontière. Comme nous le rappelle la mort tragique du chercheur d’asile Mavis Outeye, des gens de partout sur la planète sont prêts à prendre des risques énormes dans leur quête de sécurité, de paix ou d’opportunité.
‘’Nous réclamons l’ouverture des frontières parce que les lois punitives et le contrôle de frontières fortifiées ne font qu’aggraver les dangers auxquels les migrantES font face’’, ajoute Graham Latham.
Des centaines de milliers de personnes vivent sans-papiers à Montréal et d’un océan à l’autre. Ces personnes vivent de travaux très précaires et sont souvent exploitées, sans accès aux soins de santé, à l’éducation ou à d’autres services essentiels, et tout cela sous la menace constante de la déportation.
Marcia, qui a vécu et travaillé sans statut à Montréal pendant 35 ans, est un exemple criant des impacts quotidiens des frontières. ‘’J’ai beaucoup donné au Canada à partir de ma jeunesse et jusqu’à un âge assez avancé. J’ai travaillé très fort dans des emplois très peu payants. Mais en raison de mon statut, je n’ai pas eu accès aux soins de santé, et mon salaire n’était pas suffisant pour survivre. C’est pour cela que je n’ai pas eu d’aide pour soigner mon diabète. Et c’est pour cela que je ne peux plus voir aujourd’hui’’.
La mobilisation Un Statut pour toutes et tous est organisée annuellement depuis 2004 par Solidarité sans frontières, un réseau de justice migrante basé à Montréal. Le réseau milite pour l’ouverture des frontières et la libre circulation des personnes en quête de justice et de dignité.
Les médias sont invités à la conférence de presse de même qu’à la marche. Les médias peuvent également nous contacter au cours de la semaine pour des entrevues avec nos membres, qui leur parleront de leurs expériences migrantes et des luttes collectives en cours contre le système d’immigration canadien.