La pénurie de main-d’œuvre qui déferle sur le Québec depuis quelques années, a atteint un niveau sans précédent, en octobre dernier, alors que plus de 194 145 postes étaient à pourvoir. Ce manque à gagner saigne la productivité de nombreuses entreprises, alors que la province est celle qui est la plus affectée au pays.
Il s’agit d’un seuil critique puisque la situation commence à ralentir gravement la croissance des entreprises. En province, le nombre d’emplois vacants a bondi de près de 40% entre le milieu de l’année 2019 et le second trimestre de 2021, selon l’Institut du Québec (IDQ). La Banque de développement du Canada rapporte que près de 20 milliards de dollars de contrats ont été perdus durant cette période, dans tout le pays. C’est toutefois au Québec que la problématique de retraitement de la main d’œuvre est la plus aiguë. Plus de 2 entreprises sur 3 au Québec peinent à trouver de la main d’œuvre, alors que la moyenne canadienne s’élève à une entreprise sur deux.
La PCRE, responsable ?
La PCRE constitue-t-elle véritablement la pierre d’achoppement à la pénurie de main d’œuvre ? Selon les économistes plusieurs facteurs sont en cause. Le vieillissement de la population et le départ à la retraite des baby-boomers, occasionnait, depuis quelques années déjà, un manque à gagner de main-d’œuvre dans certains secteurs. De même, la baisse drastique de l’immigration occasionnée par la pandémie n’a pas permis de combler plusieurs emplois dans les secteurs agroalimentaire et manufacturiers ainsi que celui des services. Ajoutons à cela, qu’un travailleur sur cinq a changé de secteur d’emploi ou a décidé de faire un retour aux études pendant la crise sanitaire. Tous ces facteurs font en sorte que la crise actuelle sur le marché de l’emploi risque de durer pendant plusieurs années.
Les salaires mis en cause ?
Certains croient que les salaires sont responsables de la pénurie de main d’œuvre dans certains secteurs. Il est vrai que le salaire minimum actuel, offert dans certains domaines d’emploi, ne permet pas de se sortir de la pauvreté. Il est peut-être plus attrayant pour certains salariés au salaire minimum à temps partiel de demeurer à la maison et de bénéficier d’un revenu supérieur à celui procuré par leur emploi, que d’exercer un travail peu rémunérateur, bien que l’aide fédérale soit temporaire.
Cependant, les conditions de travail comptent également. On n’a qu’à penser au fait que plusieurs infirmières choisissent de se tourner vers les agences, après plusieurs années dans le secteur public pour comprendre que l’argent ne règle pas tout.
Outre cela, l’absence de formations spécifiques requises dans certains secteurs d’activités fait en sorte que le recrutement de travailleurs qualifiés s’avère ardu et, ce ne sont pas toutes les entreprises qui peuvent se permettre d’offrir une formation spécialisée à l’interne ou favoriser l’alternance travail-études.
Martine Dallaire, B.A.A.