Le Festival du Nouveau Cinéma a toujours eu à cœur d’élargir les horizons du public montréalais en lui proposant des formules originales de diffusion de l’image. Comme chaque année, la programmation est diversifiée avec des projections venues des quatre coins du monde avec un florilège de la programmation Maghrébine et Moyen-Orientale :
Liste des longs-métrages maghrébins :
MIMOSAS – co-production avec le Maroc
Réalisateur : Oliver Laxe
Suivant le voyage de deux voyous chargés d’accompagner un corps dans le désert, Mimosas est un conte épique. Un cheik mourant n’a plus qu’un seul souhait : être enterré avec ses proches, dans le Haut Atlas marocain. Mais il meurt en chemin et les caravaniers refusent d’accompagner la dépouille jusqu’au bout. Deux voyous, Daid et Ahmed, se chargent alors de la mission pendant que dans un monde parallèle, Shakib est chargé de veiller sur eux. Présenté par son réalisateur, Olivier Laxe, comme un western religieux, Mimosas a remporté le Grand prix de la dernière semaine de la critique.
AFFAME TON CHIEN (STARVE YOUR DOG) – film Marocain
Réalisateur : Hicham Lasri
Drame politico-satirique visuellement inspiré qui fait renaître l’ancien ministre de l’intérieur marocain à la poignede fer, venu régler ses comptes. Deuxième volet de sa trilogie canine amorcée en 2014 avec C’esteux les chiens, le cinéaste marocain soutient le devoir de mémoire de son pays en proie au désenchantement. Servi par un montage alerte et par un découpage technique d’une grande ingéniosité Starve your dog s’offre toutes les libertés, y compris celle de faire renaître de ses cendres l’ancien bras droit (mort à Paris en 2007) du roi Hassan II, afin d’y livrer des révélations fracassantes.
EL GUSTO – co-production avec l’Algérie
Réalisateur : Safinez Bousbia
L’amitié, l’histoire et la musique, une aventure humaine au son du Chaâbi. El Gusto, c’est un orchestre spécialisé dans le Chaâbi, la musique traditionnelle algérienne, aux influences à la fois berbères et espagnoles, un chant populaire né dans la casbah. Aussi bien juifs que musulmans, ses musiciens furent séparés par les tensions et les conflits durant de longues décennies. Safinez Bousbia les a retrouvés, réunis pour un concert, et nous raconte aujourd’hui leur passionnante histoire. De nouveau actif, le groupe nous prouve sa grande résilience, et aussi la force rassembleuse de l’art.
Liste des longs-métrages et des courts-métrages du Moyen-Orient :
SUBMARINE – Film libanais
Réalisatrice : Mounia Akl
Sous la menace imminente de la crise des déchets au Liban en 2015, Hala est l’unique personne à résister à l’évacuation du pays, refusant de tirer un trait sur le passé.
DOGS (CAINI) – co-production avec le Qatar
Réalisateur : Bogdan Mirica
No Country for Old Men des frères Coen revu et visité par une nouvelle pointure dans la cinématographie roumaine. Après Cristian Mungiu (Quatre mois, trois semaines et deux jours) et Corneliu Porumboiu (12h08 à l’est de Bucarest), émergence d’un nouveau réalisateur roumain. Bogdan Mirica nous parle de la Roumanie postcommuniste en milieu rural dans ce drame explosif où la pègre locale préserve ses acquis en jouant les fiers-à-bras. La protection du territoire est au cœur de ce récit inquiétant qui emprunte les codes du western alors que les plus vindicatifs se comportent comme des chiens enragés.
IN THE LAST DAYS OF THE CITY (AKHER AYAM EL MEDINA) – co-production avec l’Égypte
Réalisateur: Tamer El Said
Un cinéaste parcourt le Caire et tente de faire un documentaire. Mais comment montrer une ville aussi blessée ? Tout commence en 2009. Khalid, un cinéaste de 35 ans, marche dans les rues du Caire. Il cherche un appartement à habiter. Son amour, Laila va bientôt quitter l’Égypte. Tandis que sa mère est à l’hôpital et que sa ville périclite, il cherche à faire un documentaire. Trois de ses collègues lui parlent de leurs villes, Beyrouth, Bagdad et Berlin. Docu-fiction réflexif, In the Last Days of the City est aussi et surtout un poème mélancolique doux-amer particulièrement touchant.
MOI, NOJOOM, 10 ANS, DIVORCÉE (ANA NOJOOM BENT ALASHERAH WAMOTALAGAH) – film du Yémen
Réalisatrice : Khadija Al-Salami
Première fiction risquée, tournée au Yémen, sur l’enfance volée d’une gamine mariée à un homme de vingt ans son aîné. Première fiction entièrement tournée au Yémen, cette œuvre bouleversante se présente comme un plaidoyer contre les mariages forcés de jeunes filles à l’aube de l’adolescence, dans la continuité des traditions tribales yéménites. Adapté du roman, Moi Nojoom, dix ans, divorcée, publié en 2009, repose sur un personnage principal dont la combativité et la détermination forcent l’admiration. Par la véracité de son propos, cette tragédie poignante rappelle que les droits des enfants doivent primer sur certaines pratiques ancestrales qui briment leur liberté.
EMBER (KOR) – co-production avec la Turquie
Réalisateur : Zeki Demirkubuz
Le réalisateur turc transpose pudiquement la déchirante tragédie d’un triangle amoureux. Laissée avec un enfant nécessitant une opération urgente, Emine se fait embaucher dans une usine de vêtements à Istanbul. Elle fait la rencontre de Ziya, l’ancien patron de Cemal, son mari, qui accepte de couvrir les frais pour soigner son fils. Lors de son retour de Roumanie, où il a été arrêté, Cemal, jaloux, se retrouve devant un dilemme : affronter son vieil ami ou ignorer complètement la situation. Zeki Demirkubuz signe un drame pudique où la fureur des émotions se cache dans le silence cruel de trois personnages refusant d’affronter leurs sombres démons.
WOLF AND SHEEP – co-production avec l’Afghanistan
Réalisateur : Shahrbanoo Sadat
Au cœur d’une communauté d’enfants bergers persistent les croyances traditionnelles. Gare au loup Kashmiri qui se déplace sur deux pattes ! Un hameau perdu dans les montagnes du Cachemire, où les enfants gardent les moutons et les chèvres et les protègent des loups. Wolf and Sheep décrit avec une précision désarmante et tout en délicatesse, les rapports au sein d’une communauté où les ragots viennent ternir les réputations à jamais. L’âpre beauté des paysages n’a d’égale que l’impressionnante direction d’acteurs non professionnels qu’assume avec aplomb la jeune réalisatrice ayant elle-même vécue une partie de son enfance dans un village isolé d’Afghanistan.
ANGE BLESSÉ (RANENYY ANGEL) – coproduction avec le Kazakhstan
Réalisateur : Emir Baigazin
Quatre adolescents devront brûler leurs ailes pour se trouver une place dans le monde. Dans un village du Kazakhstan, Jaras n’a d’autre choix que de travailler pour nourrir sa famille. Poussin s’entraîne pour un concours de chant, mais les caïds de l’école lui volent son rêve. À la recherche de métaux à revendre, Crapaud fait la rencontre de trois illuminés qui lui parlent d’un trésor caché. Aslan est un élève promis à de brillantes études, mais lorsque sa copine tombe enceinte, il doit faire preuve de pragmatisme. Quadriptyque sombre aux approches inventives.
Toute la programmation du FNC sur : http://www.nouveaucinema.ca/fr/