Toujours aussi prolifique et créatif, l’auteur et bédéiste franco-canadien Mikaël poursuit son cycle new-yorkais pour nous transporter à Harlem à l’époque de l’entre-deux-guerres.

Nous sommes en 1931. La crise économique de 1929 a marginalisé tout un banc de la société et le secteur informel de la vente d’alcool et des paris clandestins a fait la fortune du milieu de la pègre.

Parmi « ces entrepreneurs » de l’ombre, une femme d’origine martiniquaise faisait parler d’elle. Son nom était Stéphanie St. Clair, que l’on surnommait « Queenie » ou « Madame Queen ». Redoutée par ses concurrents, elle était aussi admirée par sa communauté, car elle utilisait une partie de l’argent de sa loterie pour faire des dons aux associations et aider les habitants du quartier de Harlem.

En effet, durant cette époque, Harlem était foisonnante en termes d’activités, au point où l’on parlait même de la Renaissance de Harlem « Harlem Renaissance ». Cette période qui était prometteuse pour le développement du quartier, coïncidait avec tout un mouvement d’émancipation pour la communauté noire qui revendiquait ses droits civiques.

Cette mise en contexte est importante pour saisir les enjeux de cette époque, dans la mesure où Mikaël fait tout un travail de documentation avant d’aborder un sujet. À l’instar de ses précédents albums Giant et Bootblack, l’auteur procède à des repérages des lieux afin de nous transporter dans une autre époque. Même s’il s’inspire de la vie de Stéphanie St. Clair pour réaliser l’album Harlem[1], il s’efforce d’être réaliste dans ces dessins tout en laissant libre cours à son expression artistique.

Il nous fait découvrir les différentes facettes de « Queenie » qui tente de maintenir son business à flot, car un certain Dutch Schultz que l’on surnomme « le Hollandais », tente de s’emparer de ses affaires. Stéphanie St-Clair qui est épaulée de son homme de main et amant Ellsworth Raymond « Bumpy » Johnson, n’entends pas se laisser faire.

À travers Harlem, Mikaël démontre encore une fois une grande maîtrise du genre et une aisance dans sa façon de dessiner ces personnages tout en créant des œuvres qui sont parfaitement ancrées dans des lieux communs tels que le quartier de Harlem.

Au-delà, du récit l’auteur aborde des sujets de société qui nous touchent et qui on attrait à la violence urbaine, à la justice sociale, aux droits civiques, à l’émancipation des femmes et aux droits des noirs.

Réda Benkoula

[1] Harlem tome 1 | Mikaël (Scénario, Dessin, Couleurs) | Dargaud | 2022 | 64 pages

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