Le Canada est un pays qui ne ménage pas ses efforts dans le but d’accueillir une quantité considérable d’immigrants chaque année. Selon les données du Bulletin statistique sur l’immigration permanente au Québec, le Québec a accueilli près de 40.000 immigrants en 2013. De ce nombre, environ 70 % des nouveaux arrivants étaient âgés de moins de 35 ans(1). Selon une étude de Mathieur Forcier et Lara Handal de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) parue en 2012, le taux de chômage des immigrants d’origine africaine ou arabe était de 21,4% comparé à 5,5% pour les Québécois d’origine(2). Malgré un taux de scolarité élevé et une maîtrise de la langue française, l’intégration de cette catégorie de travailleurs à la vie économique du Québec semble être difficile. Cette problématique est complexe puisqu’elle comporte plusieurs volets. Il est permis de se demander si la reconnaissance des compétences et des diplômes ne pourrait pas faire partie de la solution à l’intégration maghrébine-québécoise au marché du travail. Il n’est pas rare de rencontrer des poseurs de pneus ou des techniciens de laboratoire médical qui étaient comptables, ingénieurs ou médecins avant leur arrivée au Canada. Faute de voir leur diplôme reconnu, ces personnes n’ont d’autre choix que d’accepter des emplois pour lesquels ils sont théoriquement surqualifiés. Aucune société n’a les moyens de passer à côté de ressources et de compétences humaines. Or, c’est ce qui semble se produire au Canada et au Québec depuis plusieurs années. Paradoxalement, on courtise des immigrants afin de palier à la dénatalité chronique qui sévit au pays, mais une fois arrivés, ceux-ci sont obligés d’accepter des petits boulots faute de reconnaissance de leurs compétences professionnelles. La situation pourrait cependant changer puisque le Québec s’est entendu avec la France pour la reconnaissance de certains diplômes professionnels sur son territoire et des arrangements de reconnaissance mutuelle ont été signés entre les deux pays pour 81 professions, métiers et fonctions(3). Ce qui est intéressant dans cette entente, c’est qu’elle touche les personnes, bien entendu, mais aussi les diplômes obtenus en France. Ainsi, une personne d’origine maghrébine diplômée en France pourra exercer sa profession au Québec. C’est un pas certain dans la bonne direction, reste à voir si des ententes du même type pourraient être conclues avec d’autres pays.
Daniel Chénier (L’initiative)
(1) Ministère de l’immigration, Diversité et Inclusion (2)
Mathieu Forcier et Lara Handal, IRIS, 27 novembre 2012 (
3) Bureau d’immigration du Québec à Paris