Intervention de M. Ali Benflis, Président de Talaie El Houriyet, à l’occasion de la quatrième session du Comité Central du Parti. El Hamiz, le 26 Août 2017,

Mesdames et Messieurs les membres du Bureau Politique ; Mesdames et Messieurs les membres du Secrétariat National ; Mesdames et Messieurs les membres du Comité Central ; Mesdames et Messieurs les représentants des médias nationaux et internationaux.

Au nom de tous les militants, je vous remercie de votre présence et vous souhaite la bienvenue pour cette quatrième session du comité central du parti Talaie El-Hourriyet.
Cette session du Comité Central est saisie de quatre rapports. Je tiens à féliciter le Secrétariat National qui a produit ces rapports. Je tiens aussi à féliciter le Bureau Politique qui a examiné en profondeur ces rapports, qui les a enrichis et qui les a approuvés avant de les soumettre aux délibérations de cette session du Comité Central.
Le premier de ces rapports concerne la situation politique, économique et sociale prévalant dans le pays. Le deuxième porte sur les conditions politiques, juridiques et institutionnelles dans lesquelles sont appelés à intervenir les prochains rendez-vous électoraux, en l’occurrence les élections locales. Le troisième de ces rapports porte sur la situation organique du Parti. Le quatrième et dernier rapport est celui que le Bureau Politique doit statutairement présenter à chaque session du Comité Central sur ses activités, ses initiatives et ses décisions.
Dans quelques instants le débat général sera ouvert et vous aurez, mesdames et messieurs les membres du Comité Central, l’opportunité d’examiner et d’évaluer l’ensemble de ces rapports. Permettez-moi cependant de partager avec vous quelques réflexions qu’ils m’inspirent.
Je suis profondément honoré d’être le porte-voix d’une génération, au sens le plus large, de militants, femmes et hommes, de valeur, qui ont fait de l’action et de l’engagement politique un acte citoyen fondateur. Dans l’adversité, dans l’opposition, vos principes et vos convictions sont une force et un rempart. Chacun des rapports qui sera soumis à cette session du comité central, comme les précédents, reflète si besoin est le sens de votre engagement et l’essence même de notre parti.
Ces différents rapports relèvent, aussi, encore une fois malheureusement, et avec acuité, la gravité exceptionnelle de la crise et de l’impasse politique globale qui sévit dans notre pays.
Que dire et que l’on n’aurait pas déjà dit ? Le constat, accablant, est récurent, s’aggravant de jour en jour et enfonçant dramatiquement notre pays dans une spirale sans fin. Et sans que le régime actuel n’engage les réformes structurelles indispensables. Le veut-il d’abord ? Le peut-il d’ailleurs ? On ne peut être à l’origine du problème et sa solution unique, à l’exclusion de toute autre partie.
Je ne peux que légitiment m’interroger. Nous vivons une crise politique et institutionnelle majeure, inégalée, due à la vacance du pouvoir au sommet de l’État, qui a entrainé le délitement des institutions, une crise de représentativité et plus grave de légitimité à tous les niveaux. Une crise qui a provoqué immanquablement l’inertie et l’immobilisme de l’Algérie à un moment où nous avions, en tant que pays, en tant que peuple, la nécessité d’impulser une véritable dynamique de progrès et de changement.
Ces derniers jours, nous avons assisté, sans grand étonnement, à un basculement sans précédent. Nous avions déjà dénoncé l’immixtion de forces extraconstitutionnelles dans le processus de décision national, leur pouvoir croissant et l’illégitimité qui les entourent. Nous ne pouvons que constater au vu des changements opérés que le centre du pouvoir s’est déplacé.
Mesdames et Messieurs,
Que dire après cela de la situation économique et sociale, si ce n’est qu’elle ne peut qu’être le reflet de l’impasse politique globale ? Oui, la situation n’est guère plus reluisante. Et il ne peut pas en être autrement. Oui, il ne peut en être autrement quelque soit les discours que ce régime développe. Alors que nous avions les capacités de créer une véritable émulation, nous ne pouvons que constater le lamentable gâchis économique qui prévaut, le marasme social et leurs graves incidences sur la stabilité du pays.
Nous assistons consternés à une lutte des clans, politico-financière, dans laquelle les responsabilités nationales sont contestées intra-régime, leurs légitimités de façade s’effritant de jour en jour, sans que le régime actuel ne prenne la mesure de la gravité de la situation. Sans qu’il n’apporte de véritables réponses à la crise politique, à la crise institutionnelle, à la crise économique et à la crise sociale. La véritable instabilité réside dans cette fuite en avant perpétuelle.
On ne peut pas sauver un navire qui coule en se préoccupant des hublots et en ignorant les fissures.
Non seulement vous avez ignoré les signaux d’alertes, non seulement vous vous êtes préoccupés de l’apparat et non de l’essentiel, non seulement vous avez bâillonné ceux qui étaient d’un avis contraire, mais plus grave encore, vous réduisez l’action politique à de sordides pièces théâtrales qui n’intéressent personne. Non, en réalité, elles n’intéressent que les bénéficiaires de cette crise et qui excluent totalement les véritables préoccupations des citoyennes et des citoyens, dont le quotidien est devenu un enfer. Nous ne sommes pas dupes. Aucun Algérien n’est dupe à ce sujet.
Est-ce que les scénarios de série B et les mises en scènes dérisoires que nous avons vécu cet été vont régler le problème du chômage en nette augmentation? Vont-ils enrayer l’inflation effrayante et qui érode chaque jour le pouvoir d’achat des Algériens ? Vont-ils résorber la crise du logement, s’attaquer aux véritables problèmes de la santé publique, de l’école et de l’université ? Ces scénarios vont-ils régler la mère des crises, la crise politique ? Vont-ils redorer l’image de notre pays à l’étranger, nous redonner une voix prépondérante au niveau régional, continental et international ? Je ne le crois pas.
Ces scénarios et ces mises en scène ne font que renforcer l’image d’un navire abandonné à son sort, errant au gré du vent, sur le point de sombrer.
Mesdames et Messieurs,
Si cela n’était pas désespérant pour l’avenir notre pays, il n’y a rien d’étonnant à l’aveugle obstination et à la grave dérive du régime politique actuel. Un régime qui n’a pour seul dessin que sa survie et sa pérennité ne peut apporter de réponses à une impasse politique, institutionnelle, économique et sociale qu’il a lui-même crée, en usant systématiquement de la fuite en avant, du déni des réalités, de la rhétorique populiste et de la diversion.
Un régime politique bâtit sur le clientélisme et le népotisme ne peut assoir une légitimité et une représentativité à même de fédérer les Algériennes et les Algériens autour d’un projet politique véritable, d’un projet de société. Il ne peut créer l’émulation nécessaire au renouveau économique quand il fait de l’affairisme et du clientélisme les bases de sa vision économique. Il ne peut répondre au marasme social quand il use du chantage à la stabilité pour justifier le statu quo et acheter la paix sociale au détriment de l’avenir du pays et des générations futures.
Le régime est tellement obsédé par sa survie qu’il développe aujourd’hui une sévère addiction au statu quo. Il renie même les dérives et les dégâts qu’entraine son addiction. Il mesure parfaitement l’état de déliquescence, d’effritement, d’effondrement dans lequel se trouve aujourd’hui la maison Algérie, mais à l’image de ses politiques, au lieu de s’attaquer à la rénovation réelle, il ne se préoccupe que de la peinture et du superficiel.
Sauf qu’il ne faut pas perdre de vue que les préoccupations des citoyennes et des citoyens, le règlement de la crise ne peuvent se suffirent du statu quo. Ils ne peuvent être relégués en fin de liste des priorités.
Mesdames et Messieurs,
Quelque soit la gravité de la situation, et la situation est grave, il n’y a pas de solution sans le règlement de la crise politique, sans de véritables réformes structurelles économiques et sociales. Nous ne pouvons transiger ou reculer avec ces impératifs.
Soyons clairs, nous pouvons discuter de toutes les politiques économiques ou sociales, nous pouvons discuter de tous les dogmes et de toutes les doctrines. Cela n’affectera pas le mal à l’origine de la crise. Nous n’avons d’autres recours que le règlement de la crise politique globale. Notre priorité est la crise politique globale et nous pourrons par la même régler toutes les crises qui en découlent.
Il faut être cependant conscient que pour la crise politique, il n’y a pas de solution miracle. Oui, il n’y a pas de solutions miracles. Il n’existe pas d’autres solutions que le dialogue véritable entre toutes les forces vives de la Nation.
Cette addiction, cette obsession au statu quo et à l’immobilisme pousse le régime actuel à verrouiller toute tentative de dialogue, à renier l’idée même du dialogue, sauf dans un cadre d’apparat. Nous vivons malheureusement à l’ère de l’apparat et de la démocratie d’apparat.
Oui, nous appelons au dialogue et nous ne cesserons jamais d’appeler au dialogue. Un dialogue pour une véritable sortie de crise et pour régler les problèmes réels des Algériennes et des Algériens. Pas un dialogue qui nourrirait le statu quo et qui servirait de faire-valoir au régime actuel. Nous ne sommes pas dans l’apparat, nous sommes dans le réel, ancrés dans la réalité de notre pays et la quotidienneté de nos concitoyens.
Oui, Nous appelons à un véritable dialogue. Le peuple algérien ne mérite-t-il pas que nous nous concertions et que nous dialoguions entre nous pour régler définitivement la crise politique de légitimité et de gouvernance? Le peuple algérien ne mérite-t-il pas que le régime actuel se détourne, ne serait-ce qu’un instant, de cette idée obsessionnelle du statu quo, et pense à d’autres priorités que sa propre survie quand notre nation est en péril? L’Algérie ne mérite-t-elle pas un avenir plus radieux que le sombre présage que renvoie actuellement le régime en place ?
Mesdames et Messieurs,
Oui, Nous appelons à un véritable dialogue parce que nous considérons que nous avons une urgence démocratique et qu’elle nécessite une réelle prise en charge. Elle nécessite un traitement de choc. Il est plus que souhaitable de ne pas perdre de vue cette priorité.
Nous appelons à un véritable dialogue pour le règlement de la crise globale et systémique qui plombe l’avenir de l’Algérie. Que je sois parfaitement clair, nous appelons au dialogue oui, mais nous n’allons pas transiger avec nos convictions, nos valeurs et nos principes. Notre parti politique, Talaie El-Ho El- El-Hourriyet, et par delà notre engagement politique, sont bâtis sur des convictions, des valeurs et des principes. Le dialogue et la concertation en sont les piliers. Mais nous avons pour cela des impératifs.
Nous appelons au dialogue dans une démarche constructive, véritable et respectueuse de chacun. Un dialogue dans lequel chaque partie a le droit de défendre ses idées et ses convictions, pour le meilleur, et pour endiguer et enrailler définitivement cette spirale destructrice et qui nous entraine chaque jour davantage dans des abîmes de plus en plus profonds.
J’ai déjà porté à la connaissance de l’opinion publique nationale la teneur de notre plan de sortie de crise. Je vais le réitérer brièvement. La crise politique globale est une crise de régime, elle ne peut de ce fait se régler que par le retour à la souveraineté et à la légitimité populaire.
Cela suppose assoir la légitimité et la représentativité de toutes les institutions républicaines par des élections propres, transparentes et légitimes. Des élections qui seraient sous le contrôle exclusif d’une véritable commission indépendante. Cela suppose par la suite la refondation et la modernisation de notre système politique dans son ensemble. Cela suppose la mise en œuvre de réformes profondes visant à la consécration d’un véritable état de droit, dans lequel tous les citoyens jouissent de tous les droits y afférent et assument par là même tous les devoirs. Cela suppose une justice indépendante et égale pour tous. Cela suppose une moralisation incontestable de la sphère publique et un respect véritable de l’intérêt général. Cela suppose la consécration réelle de la liberté d’expression et du droit de penser autrement. Cela suppose aussi la mise en œuvre de véritables réformes économiques et sociales.
Talaie El-Ho El-Hourriyet est porteur depuis sa création d’un véritable projet politique, qui repose sur la modernité politique, la rénovation économique et la réforme sociale. C’est dans une démarche constructive que nous nous inscrivons. Pour cela, nous ne cesserons d’appeler à une dynamique nouvelle qui sortirait l’Algérie du statu quo et de l’immobilisme.
Mesdames et Messieurs,
Le régime actuel justifie le statu quo et son immobilisme par le besoin de stabilité. Il se targue d’être le garant de la stabilité. Ne nous trompons pas de concepts. « علينا ألا نخلط بين المفاهيم ». La stabilité n’est pas synonyme de stagnation. «الاستقرار ليس الركود».
La véritable stabilité a pour corollaire la stabilité politique, la stabilité économique, la stabilité sociale, la stabilité sécuritaire. J’use de la stabilité et non de la stagnation. La stabilité permet le progrès. La stabilité favorise l’évolution et le renouveau.
Le statu quo, l’immobilisme, la stagnation sont les véritables ennemis de la stabilité nationale. La corruption, les scandales financiers, l’affairisme, le clientélisme, le népotisme, la dilapidation des richesses nationales sont les ennemis de la stabilité nationale. La vacance du pouvoir, le délitement de l’État, la déligitimation des institutions sont les ennemis de la stabilité nationale.
Ceux qui pensent que la stabilité politique telle que vendue par le régime actuel est une garantie pour la stabilité du pays se trompent et se trompent lourdement. L’unique garantie à la stabilité du pays est la cohésion nationale, et celle-ci tire son essence de la Déclaration du 1er novembre, dans laquelle sont inscrits les principes fondateurs de l’Algérie : la démocratie, le progrès, la justice sociale.
La stabilité nationale et la cohésion nationale tiennent au respect de chacun, dans ses différences, et dans ses divergences. Car chacun peut apporter son tribu à l’édifice national. Chacun a une conscience citoyenne, n’en déplaise à ceux qui pensent le contraire.
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi de rappeler, si besoin est, que nous sommes un parti d’opposition. Oui, nous sommes un parti d’opposition. Et nous en sommes fières. Nous croyons à la valeur de l’opposition et des contre-pouvoirs. Nous respectons les divergences.
Les partis d’opposition, les syndicats autonomes, les médias libres et la société civile indépendante doivent être acceptés par le régime et non pas être tolérés au grès de l’humeur ou des velléités qu’il en attend. Les partis d’opposition, les syndicats autonomes, les médias libres et la société civile indépendante doivent être partie prenante à part entière du processus national. Les militants des libertés ne doivent pas être perçus comme des ennemis, ou au mieux comme des mineurs à qui on assène avec condescendance tous les anathèmes possibles et imaginables. « متعرفش صلاحك »
Il est tout de même aberrant que le fait de penser autrement, d’avoir d’autres idées, de les exposer, de les revendiquer et de les défendre entraine les pires calomnies. Penser autrement ne doit plus être considéré comme un acte d’agression qui expose l’auteur aux pires accusations. Penser autrement ne peut en aucun entrainer une réaction indécente et disproportionnée qui touche à la dignité des individus.
Penser autrement est un acte d’enrichissement du débat politique, une saine émulation des idées, des projets et des politiques. Nous considérons dans ce cadre que l’opposition est un contre-pouvoir salutaire.
Quand le jeu démocratique est sain, quand les institutions sont légitimes et les élections transparentes, l’opposition a un rôle important à jouer. Quand la démocratie est d’apparat, que les institutions sont décrédibilisées, délégitimées, et les élections arrangées, l’opposition a un rôle encore plus primordial à jouer pour la sauvegarde de l’état et le maintien de la cohésion et de la stabilité nationale.
A contrario, le régime actuel perçoit le droit de penser autrement comme une déclaration de guerre. Et ses réactions frisent l’indécence tant elles sont dangereuses pour la cohésion nationale et pour la stabilité nationale.
Mesdames et Messieurs,
Dois-je rappeler que l’exercice politique en Algérie ne peut pas et ne doit pas être un concours sur le nationalisme/patriotisme, dont le seul membre du jury est le régime en place ? Dois-je rappeler que nous sommes tous Algériens et que nous en sommes fiers «بذلك نعتز » ? Dois-je rappeler que nul n’a l’apanage du nationalisme/patriotisme et nul n’a qualité pour qualifier ses concitoyens de traîtres
» لا أحد يخون أحد «
Encore une fois, ne nous trompons pas de concepts.  » علينا ألا نخلط بين المفاهيم »
Les nations évoluent par la volonté des hommes et des femmes qui les composent, par l’engagement et par le respect de chacun. Elles n’évoluent pas dans le statu quo et l’immobilisme. Il ne faut pas se tromper. Le patriotisme a évolué. Le monde change et nous devons changer avec lui. Changer vers le mieux, changer vers le bien. Le patriotisme aujourd’hui c’est de vivre son temps.
Le patriotisme aujourd’hui n’est ni un monopole, ni une chasse gardée. Le patriotisme aujourd’hui c’est d’œuvrer pour l’édification de l’État de droit. Le patriotisme aujourd’hui c’est de veiller à la consécration et au respect de la souveraineté populaire. Le patriotisme aujourd’hui tient à des normes universelles de gouvernance, de santé publique, d’éducation, de bien-être socio-économique et à leur consécration dans notre pays. Le patriotisme aujourd’hui c’est d’œuvrer pour l’émergence d’une économie pérenne, hors hydrocarbures, qui s’appuie sur toutes les synergies et non sur le clientélisme. Le patriotisme aujourd’hui c’est d’être par exemple jaloux des réussites politiques, économiques, sociales, culturelles des autres nations. Oui, le patriotisme aujourd’hui c’est de vouloir le meilleur pour l’Algérie et les Algériens et d’y œuvrer.
En quoi sommes-nous traitres de penser cela ? En quoi sommes-nous traitres de défendre cela ? En quoi sommes-nous traitres à l’Algérie, aux Algériennes et aux Algériens, dites-moi?
Nous avons le droit d’aspirer à la démocratie et nous avons le devoir d’œuvrer en ce sens. Nous avons le droit d’exiger la suprématie de la souveraineté populaire et nous avons le devoir de la défendre. Nous avons le droit d’aspirer à une citoyenneté totale et nous avons le devoir de nous battre pour qu’aucun Algérien ne soit considéré comme un sous-citoyen dans son pays. Nous avons le droit de penser autrement et nous avons le devoir de défendre ce droit des accusations mensongères d’atteinte à la stabilité nationale et à la cohésion nationale. Chaque Algérienne, chaque Algérien a ce droit là.
Mesdames et Messieurs,
En tant que militants de Talaie El-Hourriyet, nous avons le droit de proposer aux Algériennes et aux Algériens une alternative véritable au statu quo et à l’immobilisme, mieux encore, nous avons le devoir de leur démontrer qu’une autre voie est possible, dans la sérénité et la concertation nationale. Nous avons tous les droits et tous les devoirs du véritable patriotisme.
Talaie El-Hourriyet s’est indignée et s’indignera toujours contre l’injustice, la hogra, le népotisme et le clientélisme. Et nous continuerons à le faire. Talaie El-Hourriyet a toujours défendu une alternative politique au régime actuel, qui repose sur la modernité politique, la rénovation économique et la réforme sociale. Et nous continuerons à le faire.
A ceux qui pensent que notre projet est une utopie, à ceux qui pensent que notre projet est irréalisable, nous disons que c’est possible, nous sommes convaincus que c’est possible et nous œuvrons pour que cela soit possible. A toutes celles et tous ceux qui pensent que le peuple algérien n’est pas encore suffisamment mature pour réaliser ce projet, je rétorque que le grand malheur de l’Algérie, c’est que l’on a toujours amoindrit les aspirations légitimes de son peuple.
Je refuse de croire ne serait-ce qu’un seul instant que l’Algérie, les Algériennes et les Algériens, rejettent la démocratie, refusent l’état de droit et une justice indépendante, n’aspirent pas à un renouveau économique et à la justice sociale. Les Algériens n’ont pas besoin de tutelle condescendante. Ils n’ont pas besoin de tutelle avilissante.
Je n’ai jamais été de ceux qui disent qu’un renouveau national relève des vœux pieux, qu’il est irréalisable ou que la démocratie n’est pas faite pour nous. Et je ne le serai jamais. Permettez-moi de rappeler que si l’humanité n’était composée que des adeptes du désespoir et du fatalisme, elle n’aurait pas évolué à travers le temps et les siècles. Elle n’aurait pas avancé d’un iota.
Je réfute cet état d’esprit et je dis non. Oui, je dis non.
Pourquoi n’aurions-nous pas le droit à la démocratie ? Pourquoi nous serait-elle proscrite ? Au nom de quel piteux argument serait-elle interdite aux Algériennes et aux Algériens ?
بأي حق نحرم من الديمقراطية؟
Rien, absolument rien dans notre histoire, dans notre culture, dans nos valeurs, dans nos convictions n’étaye l’argument fallacieux qui cantonne les Algériennes et les Algériens à l’immaturité politique et au rejet démocratique dont le régime actuel les affuble.
Oui, rien ne justifie cet argument.
Oui, c’est possible si tous les efforts et toute l’imagination sordide du régime actuel pour faire durer et perdurer le statu quo et l’immobilisme étaient mis au service du bien et du sursaut démocratique.
Oui, c’est possible s’il y a une prise de conscience de la classe politique. Oui, c’est possible quand il y a une réelle volonté politique. Oui, c’est possible quand on initie un dialogue véritable. Oui c’est possible quand la démarche s’appuie sur l’honnêteté, la rigueur, le sérieux, la moralité.
Oui, c’est possible. Je suis convaincu que notre projet politique est réalisable. Il suffirait qu’il y ait une véritable volonté politique pour impulser le changement et mettre l’Algérie sur les rails de la démocratie, du progrès et du renouveau. Il suffirait d’initier un dialogue national incontestable à même de régler la crise politique globale et de poser les jalons d’une démocratie véritable consacrant l’état de droit, la modernité politique, le progrès économique et le renouveau social. Il suffirait de transcender nos divergences et nos états d’âmes, de respecter nos différences et d’œuvrer en commun pour un seul objectif : l’avenir de l’Algérie et le devenir de notre nation.

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