Près de quinze ans après la sortie de son premier extrait, le chanteur Israélien Idan Raichel livre son tout dernier album « And If You Will Come To Me », une œuvre artistique qui réunit des artistes issus d’univers musicaux différents pour créer comme à chaque fois des alchimies sonores originales. Ce nouveau CD qui englobe une dizaine de titres, témoigne du dynamisme artistique de Idan, puisqu’il multiplie les collaborations, une signature à laquelle nous a habitué l’artiste avec des musiciens invités venus du Japon, de la Bulgarie, de Cuba ou de L’Inde.

Ce nouvel album qui est édité chez Cumbancha permet de constater encore une fois que la collaboration entre Idan et le label Américain demeure solide et fructueuse pour le plus grand bonheur des fans. Dans ce CD on peut réapprécier son ancien succès interprété en hébreu « Ve’Eem Tavo’ee Elay » qui est aussi le titre de l’album. La voix envoutante de Zehava Ben dans la pièce « Ahava Ka’zo » illustre comme toujours la capacité de Idan à trouver la meilleure synergie dans ses duos, comme on peut aussi le constater dans le morceau « Imidiwanine » en compagnie de Bombino pour plonger dans la profondeur du continent Africain. Lui qui a été ambassadeur de paix dans le cadre du Idan Raichel Project en parcourant les plus grandes capitales du monde, garde les pieds sur terre en forgeant ce en quoi il excelle : la musique!

À l’occasion de la sortie de ce nouvel album et Idan Raichel a bien voulu nous en dire plus sur sa musique et ce dernier CD.

L’initiative : On constate dans vos précédents albums ainsi que le tout dernier que vous collaborez avec de nombreux artistes. Est-ce par choix ou par affinité artistique?
Idan Raichel : Au cours de ma carrière, j’ai collaboré avec plus de 150 musiciens et chanteurs. Je vois chaque chanson comme la scène d’un film dont je suis le réalisateur et le scénariste et à travers laquelle je dois choisir l’acteur principal ou l’actrice principale. Je choisis aussi le « lieu de tournage », selon qu’il soit acoustique, électrique ou encore électronique. Parfois, à l’instar de Spike Lee ou Woody Allen, je joue moi-même un rôle.

Comment arrivez-vous à travailler avec autant d’artistes? Avez-vous un secret?
Il n’y a pas de formule pour la composition et chaque chanson est un départ à zéro. De plus, je ne considère jamais que je suis en train de travailler sur mon quatrième album, mon deuxième album, etc. C’est toujours « le nouvel album». De la même façon, je travaille sur « la nouvelle chanson » et il n’y a pas de lien entre les chansons; il n’y a donc pas de formule, il s’agit de garder ses oreilles et son cœur ouverts. 

Nous vivons dans une époque où les crispations identitaires conduisent au repli, à l’intolérance et la peur de l’autre. Avec votre musique on constate que vous réussissez à transcender les frontières à travers les collaborations que vous faites, ce qui démontre que l’espoir est encore permis. Quel est votre regard sur le sujet?
Nous vivons aujourd’hui dans un village global notamment grâce à l’Internet, qui a rendu notre monde petit. Mais je trouve encore beau le fait d’avoir des nations et des pays. Je ne crois pas qu’on devrait avoir un objectif de vivre sans frontières. J’adore le fait d’être à Paris et de me sentir à Paris, d’être à Vienne et me sentir à Vienne, d’être à Tokyo et me sentir à Tokyo. Contrairement aux États-Unis par exemple, où, d’un état à l’autre tu verras partout les mêmes Barnes & Noble, McDonald’s et Starbucks. Nous essayons de faire ressortir la beauté de chaque culture quand travaillons au sein du Idan Raichel Project. Les artistes chantent dans leur langue maternelle de façon à mettre l’emphase sur la beauté qui ressort entre les différences.

On vous dit infatigable au regard des nombreux concerts que vous faites. Vous arrive-t-il de vous reposer? Où puisez-vous cette force?
Je n’ai pas besoin de prendre du temps de repos parce que je vis mon projet. La musique n’est pas mon travail, c’est simplement mon mode de vie. Je me lève le matin, je déjeune avec mes filles, elles vont à la garderie, je fais de la musique, je retourne les chercher, nous prenons le dîner, je vais en studio, nous prenons le souper, je vais donner un spectacle… La musique fait simplement partie de ma vie, c’est pourquoi je n’ai pas besoin de pause. Ça me comble parfaitement.

Qu’est-ce qui vous inspire pour composer vos pièces?
L’inspiration pour écrire et composer vient toujours des êtres humains, de leurs histoires, de conversations. Il s’agit de garder les oreilles et le cœur ouverts aux faiblesses des gens trouver l’empathie pour leurs histoires. Du moment qu’on sort de chez soi et qu’on se trouve en société, les histoires sont déjà là. Il s’agit d’ouvrir les oreilles, les yeux et le cœur pour savoir les capturer et les écrire à ma façon. 

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre calendrier 2019?
L’année 2019 débute avec 116 concerts pour enfants en deux mois, une grosse production que nous avons faite en Israël. Puis, je prendrai un mois pour améliorer l’hébreu de mes filles car elles sont bilingues et parlent allemand avec leur mère. En mars, je serai en tournée pendant deux semaines en Europe et deux semaines aux États-Unis. Ensuite, je serai de retour ici en Israël pour participer à la direction artistique du concours Eurovision en mai, ce qui me tiendra occupé tout le mois d’avril. Durant l’été, ce sera le retour du festival annuel de musique du Idan Raichel Project, un festival de 16 jours durant lequel assisteront environ 65 000 personnes. En plus du Idan Raichel Project, lu public pourra voir plusieurs autres artistes de musique du monde et savourer les plats internationaux d’un chef invité, qui nourrit les festivaliers pendant toute la durée du festival. Il y aura aussi une galerie d’art où seront exposées les œuvres d’un excellent photographe qui a travaillé avec nous pendant plusieurs années. C’est donc un festival important que je recommande chaudement aux personnes qui ont l’intention de visiter Israël.

Quel serait le projet le plus fou que vous souhaiteriez réaliser? Travaillez-vous sur de nouveaux projets?
Mon projet le plus fou est de faire une rencontre quelque part comme au Canada ou à Paris par exemple, un endroit où il y a de la tolérance, où la situation politique est plus stable, plus neutre et d’y tenir une conférence avec des musiciens issus de cette zone de conflit au Moyen-Orient, des musiciens israéliens, palestiniens, syriens, iraniens, libanais, irakiens, saoudiens et passer une semaine à faire de la musique et un documentaire pour parler de la situation et de la vie au Moyen-Orient.

Un dernier mot?
Je vous remercie pour l’interview et je serai ravi que les fans puissent me suivre sur les réseaux sociaux : Instagram : @idanraichel | facebook.com/IdanRaichel/

Propos recueillis par Réda Benkoula
Avec l’aimable collaboration de Philippe Georgiades


L’interview en anglais de Idan Raichel

L’initiative : We can see in your previous albums as well as the last one that you collaborate with many artists. Is it by choice or artistic affinity?

How do you get to work with so many artists? Do you have a secret?

We live in a time when identity tensions lead to withdrawal, intolerance and fear of others. With your music you can see that you are able to transcend boundaries through the collaborations you make, which shows that hope is still possible. What is your view on the subject?

You are indefatigable for the many concerts you do. Do you ever rest? Where do you draw this strength?

What inspires you to compose your pieces?

Can you tell us more about your 2019 calendar?

What would be the craziest project you would like to achieve? Do you work on new projects?

One last word?

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