Dimanche après-midi, des migrant.e.s et des allié.e.s se sont rassemblé.e.s au centre-ville de Montréal dans le cadre d’une journée d’action pancanadienne pour exiger que la régularisation des sans-papiers soit complète, immédiate et totalement inclusive, sans exclusion ni discrimination. La marche a eu lieu en réponse à la nouvelle selon laquelle le gouvernement canadien va enfin de l’avant avec un programme de régularisation pour les migrant.e.s sans papiers.
«Je ne veux pas être laissée pour compte, encore une fois ! Nous en avons assez d’être exclu.e.s – de la société, des normes du travail, des soins de santé et autres services, des processus d’immigration ! C’est pourquoi nous exigeons un programme qui inclut absolument tout le monde», a déclaré Samira Jasmin, une organisatrice sans papiers du groupe Solidarité Sans Frontières (SSF). «L’égalité est l’égalité. Toute exclusion est une discrimination. Toutes les exclusions ne sont que des moyens de poursuivre l’exploitation – nous laissant en proie aux patrons, aux propriétaires, aux avocats sans scrupules et à la violence sexiste.» Les manifestant.e.s ont défilé devant le bâtiment d’Immigration Canada situé au centre-ville, au 1010 rue Saint-Antoine, en tapant sur des casseroles pour exprimer leur colère, et en laissant derrière eux des centaines de pancartes écrites à la main disant : «Je ne veux pas être exclu.»

Le cas de Mamadou Konaté, porte-parole du Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTI), illustre parfaitement pourquoi le nouveau programme doit être pleinement inclusif. Bien qu’il ait travaillé comme préposé à l’entretien dans un établissement de soins de longue durée pendant la pandémie, il a été exclu du programme ponctuel de régularisation « ange gardien », car il ne travaillait pas directement avec les personnes âgées. Konaté risque maintenant d’être expulsé le 30 septembre, jugé inadmissible à la résidence permanente en raison de son activité politique en Côte d’Ivoire. «Ma vie, mes ami.e.s, mon réseau de soutien sont tous à Montréal», a déclaré Konaté. «Comme toute personne vivant avec un statut précaire ou sans statut, je mérite un traitement égal et la résidence permanente dans le cadre du nouveau programme.»

Il y a au moins 500 000 sans-papiers au Canada et 1,2 million d’autres migrant.e.s vivant avec un statut précaire. Les sans-papiers sont des migrant.e.s qui sont entré.e.s au Canada en tant que demandeurs et demandeuses d’asile ou en tant que travailleurs et travailleuses temporaires ou étudiant.e.s, puis ont perdu leur statut légal parce que le système d’immigration canadien les a laissé.e.s tomber. La plupart des personnes ayant un statut temporaire dans un emploi faiblement rémunéré n’ont pas accès à la résidence permanente, de sorte qu’elles sont finalement obligées soit de quitter le Canada, soit de rester dans le pays sans papiers.

«Les travailleurs et travailleuses migrant.e.s qui sont ici avec des visas temporaires sont profondément exploité.e.s» , a déclaré Gaurav Sharma, un autre organisateur du CTI et un demandeur d’asile. «Que ce soit dans les fermes, dans les restaurants ou dans les établissements de soins de longue durée, nous sommes sous-payé.e.s et faisons face à des conditions difficiles, voire à la mort. Dénoncer peut signifier perdre son emploi ou son logement, être expulsé.e ou perdre son statut. Les politiques provinciales en matière d’immigration rendent la situation encore plus complexe. Par exemple, le Québec exclut les emplois «peu qualifiés» du Programme de l’expérience québécoise, l’une des très rares voies d’accès à la résidence permanente ici. C’est pourquoi nous avons besoin d’un programme de régularisation efficace qui inclut tout le monde !»

«Lorsqu’on prend la difficile décision de rester au Canada sans papiers» , ajoute Aboubacar, un autre organisateur sans statut de Solidarité Sans Frontières ( SSF), «on fait face à la menace constante d’une arrestation, d’une détention et d’une déportation, et de la séparation d’avec nos proches. C’est incroyablement stressant. C’est de la discrimination au niveau le plus profond, et ça ne peut être résolu que par un Statut pour tous et toutes.»

Plus de 480 organisations à travers le Canada soutiennent l’appel à un programme de régularisation simple et accessible, sans barrières telles que la bureaucratie excessive ou des critères d’exclusion et d’inadmissibilité, y compris au Québec la Ligue des droits et libertés, la Fédération des femmes du Québec, Médecins du Monde et le FRAPRU.

En pleine campagne électorale où les débats sur l’immigration ont laissé libre cours à la xénophobie et au racisme, les migrant.e.s et leurs allié.e.s demandent à tous les partis politiques québécois de soutenir leur lutte pour la régularisation. Les manifestant.e.s ont terminé la marche par un moment de danse joyeusement provocatrice devant les bureaux du Premier ministre québécois François Legault.

«Nous construisons un mouvement de masse contre le racisme systémique au Québec», a déclaré Aboubacar. «Et la revendication de notre mouvement est claire : un statut pour tous et toutes, sans exception, maintenant !»

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