La 21e édition des Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) se poursuit avec une seconde semaine marquée par des films questionnant la nature de l’art, l’impact du passé et les conditions des travailleurs contemporains à travers le destin de protagonistes inoubliables.

L’art en question
De retour cette année, la section ARTifice propose plusieurs oeuvres qui observent l’art sous toutes ses facettes: qu’il s’agisse de questionner la nature du marché de l’art dans The Proposal (Jill Magid), une quête troublante pour libérer les droits de l’héritage artistique du mythique architecte mexicain Luis Barragán, ou Stealing Rodin (Cristóbal Valenzuela), une enquête aussi ludique que passionnante autour du vol improbable d’une statue de Rodin par un étudiant lors d’une exposition au Chili. Mais aussi, dans le touchant Antígona (Pedro González Rubio), de suivre avec une infinie sensibilité une jeunesse mexicaine à fleur de peau qui s’empare du théâtre classique pour mieux exprimer ses espoirs et ses craintes.

Les traces du passé
La présence persistante du passé au sein du présent rassemble de nombreux autres films de la sélection. Ainsi, dans Victory Day, Sergei Loznitsa condense les complexes répercussions de l’histoire à travers l’observation des commémorations annuelles de la victoire de l’Union soviétique sur les nazis. Avec une démarche inclassable entre documentaire, fiction et performance, Segunda vez (Dora García) réactualise brillamment la figure d’Oscar Masotta, icône de l’avant-garde argentine. Dans trois autres films bouleversants, une approche intimiste et poétique permet de lier brillamment l’histoire récente et les récits personnels : celui d’un jeune migrant syrien dans un centre d’accueil allemand, hanté par le souvenir de son pays dans Central Airport THF (Karim Aïnouz), le dialogue posthume d’un fils avec son père trop souvent absent et témoin clé du conflit irlandais dans The Image You Missed, ainsi que le passé refoulé d’un petit village rural chinois déserté par la migration des travailleurs dans Self-Portrait: Sphinx in 47KM. À noter que Donal Foreman et Zhang Mengqi, les cinéastes de ces deux derniers films, seront présents au festival.

Repenser le travail
Art engagé, le cinéma documentaire s’est souvent intéressé aux conditions de travail de son époque. Tout comme l’art, le travail est exploré sous de multiples angles originaux à travers plusieurs oeuvres percutantes et inspirantes. Ainsi, Closing Time (Nicole Vögele) est une méditation envoûtante sur le quotidien d’un restaurateur nocturne de Taipei, et Carmine Street Guitars (Ron Mann) nous invite à partager la semaine d’un fabricant de guitares new-yorkais aussi modeste qu’inspirant. Sous la forme d’amples fresques, The End and the Means (Pawel Wojtasik) fait un portrait de la société indienne à travers de multiples travailleurs, alors que la symphonie audiovisuelle Beautiful Things (Giorgio Ferrero, Federico Biasin) présente quatre hommes liés au cycle de production des objets de consommation.

Présenté en première canadienne, John McEnroe : l’empire de la perfection clôturera le festival ce samedi 17 novembre à 19h à l’Auditorium des diplômés de la SGWU, (H-110), à l’Université Concordia, en présence du cinéaste Julien Faraut. Un film-essai brillant et original, narré par Mathieu Amalric, sur les rapports entre sport et cinéma à travers l’analyse d’un des athlètes les plus charismatiques et controversés du XXe siècle. La projection sera suivie d’une période de questions-réponses, animée par Frédéric Lord de TVA Sports.

La séance est organisée en collaboration avec le Service de coopération et d’action culturelle du Consulat de France à Québec, le département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques de l’Université de Montréal et l’Observatoire du cinéma au Québec.

Cette projection spéciale sera suivie de la soirée de clôture, présentée en collaboration avec CISM. Les festivaliers seront conviés dès 21h30 au Quartier général des RIDM, situé à la Cinémathèque québécoise (335 boul. de Maisonneuve Est) pour une soirée dansante animée par la pop énigmatique de Forever, la musique house de Pascale Project et les rythmes hypnotiques de DJ Honeydrip et Goth Shakira.

À noter qu’une seconde projection du film de clôture aura lieu le dimanche 18 novembre à 14h au Cinéma Moderne.

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