Après sa nomination aux Oscars en 2018 pour son court métrage Brotherhood, la réalisatrice tuniso-canadienne, Meryam Joobeur, signe son premier long métrage, une sorte de rallonge de son court métrage à succès (couronné par 75 prix). Pour sa première québécoise avant sa sortie en salle en novembre prochain, Là d’où l’on vient est en compétition internationale à la 53e édition du Festival du nouveau cinéma de Montréal, après avoir été en compétition à la 74e Berlinale en 2022.

Le film est tourné dans un village au nord de la Tunisie, aux abords d’un littoral dont les dispositions encore sauvages ont rythmé la trame narrative. Le casting est porté par une pléiade d’acteurs tunisiens : Salha Nasraoui, Mohamed Grayaâ, Malek Mechergui, Rayene Mechergui, Chaker Mechergui et Adam Bessa. L’œuvre dramatique de la diplômée de l’Éole de cinéma Mel-Hoppenheim de l’Université de Concordia traite les traumatismes occasionnés par un engagement djihadiste et son impact sur la famille et la société.

La fiction relate l’histoire de deux frères partis combattre en Syrie. L’un décède sur le front et l’autre retourne au bercail, désormais avec son épouse enceinte, source d’intrigues! Ce retour constitue l’élément déclencheur provoquant des événements mystérieux, oscillant entre hallucinations et horreur !

Par peur de répression, le traumatisme post-engagement djihadiste est resté confiné dans la cellule familiale, créant des tensions entre le désir de percer le pourquoi des choses et l’instinct maternel de protection. Ce traumatisme enfoui entraine une détresse humaine et provoque, in fine, un drame !

Le récit est structuré en trois actes qui plongent le public dans des émotions distinctes, qui vont crescendo ! Le scénario de Meryam Joobeur est « minimaliste », ponctué d’interstices de silence, mais grâce à une mise en scène exceptionnelle, le rendu est captif et expressif. Les choix de cadrage (gros plans et très gros plans) et l’effet bokeh (fond flou d’arrière-plan) ont permis de capter les moindres expressions des personnages. Le tout agrémenté de prises de vues spectaculaires d’une nature vierge qui semble bouger et s’agiter pour annoncer un malheur imminent! C’est la mise en scène d’une nature qui, assorti d’un fond sonore inspirant, préfigure l’action à l’écran et intensifie les émotions des spectateurs !

Le premier long métrage de Meryam Joobeur offre une matière intéressante pour une réflexion sur le traumatisme causé par l’engagement djihadiste et ses répercussions sur la famille et la société. Grâce à une mise en scène d’orfèvre, il a su capter l’essence de la détresse humaine qui mène à la tragédie !

Sofiane Idir

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