Le long métrage documentaire d’Andrés Livov, présenté à la 37ème édition du Festival International de Cinéma Vues d’Afrique de Montréal, nous plonge illico dans le brouhaha bariolé d’une classe d’apprentissage de la langue française pour des immigrants adultes. On est dans le centre William-Hingston de la Commission scolaire de Montréal et dans la classe de Madame Loiseau, sans apostrophe, précise-t-elle, pour faire rigoler ses élèves ! Cette enseignante passionnée et dévouée enseigne le français aux immigrants venus des quatre coins de la planète en quête d’une vie meilleure au Québec.
Comme des mômes et dans une ambiance bon enfant, ces élèves adultes se donnent à cœur joie à l’apprentissage de la langue de Molière pour une meilleure intégration dans la société québécoise. Ils parlent à peine le français et chacun charrie en lui son passé, son histoire, mais aussi ses ambitieux sur leur terre d’accueil. Ces élèves présentent des profils divers, d’un professeur dans son pays d’origine à l’analphabète qui n’a jamais fréquenté l’école, mais tous réunis autour d’un objectif commun, en effet, peu commode : apprendre une nouvelle langue !
L’approche du cinéaste hispano-canadien s’est appuyée sur un tournage des scènes réelles d’apprentissage, en restant un témoin neutre et muet, pour nous restituer, sans altération aucune, le vécu d’un apprenant dans une classe d’immersion au français. Le rendu est, au final, pur et authentique, sans cacher les détails des témoignages qui demeurent intéressants sur la réalité du programme de francisation au Québec. A vrai dire, ce film documentaire est l’œuvre de ces élèves et leur adorable enseignante ! C’est l’histoire des immigrants qui s’approprient cahin-caha la langue d’accueil!
Pour alléger la monotonie d’une classe d’apprentissage qui, à la longue, peut être fastidieuse pour le téléspectateur, le cinéaste a agrémenté son film par deux sorties effectuées par ces élèves, une visite à la cabane à sucre au printemps et une croisière sur le Saint-Laurent à la fin de l’année scolaire. Une façon de dire que l’apprentissage de la langue d’une terre d’accueil passe par l’appropriation de sa culture et de son histoire !
Le film d’Andrés Livov est un documentaire anthropologique émouvant sur l’immigration, qui pose un regard humain sur l’intégration, qui demeure inéluctablement tributaire de l’apprentissage de la langue d’accueil !
Sofiane Idir