Même si la reprise du tourisme et des destinations voyages n’est pas à l’ordre du jour en temps de déconfinement, ceci ne peut nous empêcher de nous évader à travers les livres et les bandes dessinées, comme c’est le cas avec le tout dernier roman graphique Le chanteur perdu[1] de Didier Tronchet qui vient de paraître dans la collection Aire Libre des éditions Dupuis. Didier Vasseur de son vrai nom est plus connu sous le pseudonyme de Tronchet, un artiste aux multiples talents, qui a su au fil des ans, tirer son épingle du jeu, dans le monde de la Bande dessinée, en étant à la fois auteur et dessinateur, ce qui lui permet de donner vie aux idées qui lui trottent dans la tête sans passer par d’autres dessinateurs.
L’auteur qui a déjà collaboré avec plusieurs bédéistes tels que Nicoby et Olivier Balez, laisse libre court à son imagination à travers des personnages à la fois attachants et un humour mordant qui ne laisse pas les lecteurs indifférents au point de créer des univers graphiques originaux en compagnie d’Anne Sibran comme on peut le voir dans sur Le Quartier évanoui, Là-bas, Ma vie en l’air et Le monde du dessous.
Avec Le chanteur perdu, Tronchet, livre un récit passionnant qui mélange l’intrigue, le voyage et l’enquête historique autour d’une histoire qui l’a marqué et qui refait surface à travers le personnage de Jean, un bibliothécaire qui après un burn-out, prend le temps de « revivre » au point de tomber par hasard sur une vielle cassette qu’il croyait perdu, celle du chanteur Rémi Bé.
Les souvenirs de jeunesse de Jean remontent en surface et le voici en route à la recherche du chanteur perdu, vers un voyage qui le mènera tour à tour de Paris à Morlaix puis à Berck-Plage avant d’atterrir à L’île aux Nattes au large de Madagascar.
De l’aveu même de Tronchet «Le chanteur perdu existe vraiment. Il a commencé sa carrière météorique avec un premier disque en 1975 ! ». Rémy Bé s’appelle en fait Jean-Claude Rémy. Comme plusieurs artistes à cette époque, il a bousculé la chanson française en s’inscrivant dans le mouvement contestataire qui lui a permis de faire parler de lui pendant une période et de rencontrer Georges Brassens ou encore Pierre Perret qui enregistre sous son label un premier album. Après un bref succès, Rémi Bé disparait de la scène musicale et c’est après avoir trouvé cette vieille cassette de l’artiste 30 ans plus tard, que Jean décide de le retrouver.
Ainsi, Tronchet raconte avec son style graphique cette recherche qu’il a lui-même entrepris pour aller à la rencontre de Rémi à travers le personnage romancé de Jean. L’histoire qui s’étend sur neuf chapitres donne l’impression de donner naissance à un épilogue dont on a hâte de découvrir la fin et qui s’achève par un petit cahier de quinze pages qui permet de découvrir des photos d’archives du chanteur perdu et des anecdotes indispensables pour comprendre ce travail de mémoire pour trouver la vérité jusqu’au bout du monde.
Réda Benkoula
[1] Tronchet | Le chanteur perdu | Édition : Dupuis | Collection : Aire Libre | 2020 | Age du lectorat : 15+ | 184 pages en couleurs
