Dans le cadre de sa 40e édition, le Festival International du Film sur l’Art reçoit le musée du Louvre et lui donne carte blanche.
Alliés naturels dans cette mission commune d’accroître la connaissance et l’appréciation de l’art auprès du public, Le FIFA et le musée du Louvre se retrouvent autour de deux projections spéciales en présence de Pascale Raynaud, responsable de la programmation cinéma et de la collection de films sur l’art au musée du Louvre.
Pascale Raynaud est docteur en histoire de l’art. Depuis 2007, elle est responsable de la programmation cinéma de l’Auditorium Michel Laclotte (musée du Louvre, Paris). Elle y développe une programmation au croisement des arts, avec des cycles thématiques, des rétrospectives où ont été reçus notamment Patrice Chéreau, Kiyoshi Kurosawa, Abbas Kiarostami, Abel Ferrara… et des ciné-concerts invitant musique contemporaine et musiques actuelles (Laurent Garnier, Arthur H, -M-, Jeff Mills, Thurston Moore,…). Elle a initié, en 2007, les Journées Internationales du Film sur l’Art, un festival annuel sans compétition proposant une sélection de films sur l’art, des focus thématiques, des spectacles et des rencontres autour de cinéastes (Wim Wenders, Agnès Varda, Rithy Panh, Claire Denis, Alain Jaubert, Alain Fleischer…) et assure la responsabilité scientifique d’un Fonds de films sur l’art. En 2009 au Louvre, elle a été co-commissaire, avec Umberto Eco, d’une installation vidéo, « Vertige de la liste ». Elle a écrit des articles, donné des conférences et participé à plusieurs colloques sur les rapports entre arts et cinéma et fait partie de jurys (FIFA de Montréal, FEMIS, Festival de l’Histoire de l’Art, EPOS International Art Film Festival Tel-Aviv, Brussel Art Film Festival).
Pour sa carte blanche, elle a sélectionné les films de deux réalisateurs indépendants, Julien Devaux et Filippos Koutsaftis, interrogeant l’héritage du passé. Le premier questionne le processus créatif d’une jeune artiste peintre française, Mélissa Pinon, à travers sa copie d’un chef d’oeuvre de la peinture française : La Raie, de Chardin. Le second est un documentaire sur la commune d’Eleusis, habité par le mythe de Demeter. Cette petite ville industrielle de la banlieue d’Athènes qui accueillait dans l’Antiquité les rituels qui initiaient les Grecs anciens au miracle de la vie et à l’approche de la mort, peine aujourd’hui à préserver son patrimoine archéologique.
La Pierre triste de Filippos Koutsaftis
“Pourquoi ce film? Parce qu’il est assez rare que le cinéma s’attache ainsi aux profondeurs de la terre. Assez rare qu’il s’attache avec autant de tendresse et d’opiniâtreté—-douze années de tournages erratiques mais obstines dans le site d’Eleusis —-a saisir ce qui survit de mystères passes, de villes enfouies, de vies enfuies.Filippos Koutsaftis a pense
le cinema comme un art des survivances, une archéologie au sens plein du terme. Mais l’archéologie est un champ de batailles, et pas seulement de fouilles. Le cinéaste a bien vu que les choses survivantes se faisaient la guerre à chaque moment: choses survivantes pour tuer la mémoire (les usines pétrochimiques, l’asphalte par-dessus la Voie sacrée), contre lesquelles des êtres survivants luttent pour redonner naissance à quelque chose, comme chez cet homme qui erre parmi les pierres et en prend soin comme des enfants blessés. Tout cela guidé par un phrasé d’images si simples et de mots si profonds qui font de ce film un seul et grand-poème.” – Georges Didi-Huberman
La Pierre triste a remporté de nombreux prix: celui du meilleur documentaire décerné par le Ministère grec de la Culture, le prix du public, le prix de l’association des critiques grecs, ainsi que celui du Cinema Magazine au 41ème Festival International du Film de Thessalonique.
Trait pour trait de Jean-Baptiste Chardin à Mélissa Pinon de Julien Devaux
Mélissa Pinon, peintre, a, depuis sa Bourgogne natale jusqu’à Paris, construit une oeuvre figurative moderne qui lui a déjà valu la reconnaissance. En 2001, elle rencontre au Louvre La Raie, l’un des plus célèbres tableaux de Chardin. Elle entreprend alors d’en faire la copie…A travers le regard de Mélissa Pinon se construit une réflexion sur la valeur de l’imitation dans le parcours d’un peintre. En somme, comment devient-on peintre aujourd’hui ?
Avec plus d’une soixantaine de sélections en France et dans le monde, Trait pour trait a reçu le 1er prix aux Ecrans du Réel (Le Mans, 2006), Mention spéciale aux Rencontres cinématographiques (Cerbère, 2006) et Mention spéciale 35e festival International de Huesca (Espagne, 2007).