Un témoignage sensible sur le caractère éphémère de l’existence.
« Un regard lucide, sans concessions, sur notre système de santé. Non, en fait, un regard sur notre système de la maladie, exposant les contradictions d’un peuple quant à la santé durable qu’il se consent. »
À la fois médecin, éditeur et auteur de bandes dessinées, Julien Poitras signe avec Le poids de nos traces, son premier album solo chez Moelle Graphik, lequel explore deux tranches marquantes de la vie soit: l’enfance et la fin de l’âge adulte.
Le poids de nos traces dresse un parallèle entre deux époques, soulignant les connexions entre les traumatismes de l’enfance et le devenir des « grandes personnes », dans leurs forces et leurs faiblesses. Ce faisant, il explore la trace de carbone laissée au fil des ans ainsi que le lourd tribut sur la santé planétaire d’une vie humaine au XXIe siècle en Amérique du Nord. La première partie, racontée comme un récit dans le récit, se déroule dans l’enfance, alors que notre personnage découvre comment le passage du temps et la décrépitude des corps qui s’ensuit rythment notre vie et signent en quelque sorte notre arrêt de mort. Dans la deuxième partie, 53 ans plus tard, le jeune garçon est devenu un adulte qui a choisi d’être soignant et est confronté à l’inhumanité du système et au défi de former les futures professionnelles et professionnels de la santé tout en maintenant leur innocence, leur ingénuité et leur désir de changer le monde face au cynisme et au désinvestissement moral ambiants.
Le poids de nos traces ne fait pas de concession sur le monde de la santé qui est dépeint dans ses contradictions, alors que l’innommable racisme systémique est omniprésent et que la clientèle défavorisée ou hors norme est l’objet de dénigrement. À travers les yeux d’une jeune étudiante qui découvre ce monde dur et qu’on voudrait plus humain, l’auteur pose la question de ces vocations brisées par un milieu qui ne respecte pas ses soignants et soignantes, un système comptable où les règles de gestion et les compressions ont remplacé le soin dans l’esprit de ses dirigeantes et dirigeants.
Le poids de nos traces, c’est aussi un regard jeté en deux temps sur une production artistique, sur l’évolution des styles et la maturité acquise au fil des années quant à l’usage d’un moyen d’expression, puis leur dépérissement. Bref, un témoignage sur le caractère éphémère de nos vies – face auquel le geste artistique est peut-être le seul qui permette de donner un sens.
Ce nouveau recueil sera lancé le 8 avril à 17h, lors de l’inauguration d’une exposition tenue par la Faculté de médecine et la Bibliothèque de l’Université Laval au Centre des ressources d’apprentissage du pavillon Ferdinand-Vandry, dans le cadre des activités de Québec BD. On pourra y voir plusieurs planches de la bande dessinée Le poids de nos traces, des livres publiés par les éditions Moelle Graphik et Moelle graphique, du matériel de reliure ainsi que de l’information sur le cheminement de Julien Poitras et sur le processus de création d’une bande dessinée. L’exposition sera présentée jusqu’en mars 2026.
Le poids de nos traces | 128 pages
À propos de Julien Poitras
Julien Poitras est né à Baie-Sainte-Catherine (Charlevoix). Formé en arts visuels et en médecine, il cumule actuellement les fonctions de doyen de la Faculté de médecine de l’Université Laval, de médecin d’urgence au Centre hospitalier affilié universitaire Hôtel-Dieu de Lévis, d’artiste de la bande dessinée ainsi que d’éditeur, de graphiste, de monteur et de correcteur pour les éditions Moelle Graphik. Comme éditeur, il a publié plus d’une cinquantaine d’albums chez Moelle graphique et Moelle Graphik.
À propos de Moelle Graphik
Fondées en 2018 comme le miroir des éditions Moelle graphique, spécialisées dans les petits tirages reliés à la main, les éditions Moelle Graphik, une organisation à but non lucratif, visent à contribuer à ce que la bande dessinée se déploie pleinement, en explorant de nouvelles formes de narration et d’expression, et en faisant connaître et reconnaître le travail d’artistes pionniers, parfois oubliés. L’objectif est de conférer à la bande dessinée le statut qui lui revient, soit celui d’œuvre d’art à part entière dans le spectre de l’expression artistique humaine, et de ciseler chaque livre en fonction de son auteur et de ses aspirations.