Co-organisé par la France et l’Inde, le Sommet pour l’action de l’intelligence artificielle s’est tenu les 10 et 11 février 2025 à Paris, réunissant chefs d’État, chefs d’entreprises, dirigeants d’organisations internationales, experts et représentants de la société civile. L’objectif de cet évènement est d’établir un cadre de gouvernance mondiale de l’IA, en privilégiant une approche éthique, durable et inclusive. L’IA est en train de révolutionner le monde, et tirer profit de ses nombreux avantages ne se fait pas sans risques potentiels qui renvoient à trois occupations majeures : assurer la sécurité des systèmes d’IA, comprendre leurs répercussions sur le monde du travail, et mettre en place un cadre légal international pour contrer des utilisations problématiques, notamment la surveillance de masse et les biais causés par les algorithmes.
Pas de consensus pour une gouvernance mondiale de l’IA
À l’issue du Sommet, 58 pays incluant la Chine, la France et l’Inde, aux côtés de l’Union européenne et de la Commission de l’Union africaine, ont signé une déclaration commune pour une IA ouverte, inclusive et éthique. Celle-ci prône une gouvernance coordonnée de l’IA et une meilleure répartition du marché pour démocratiser l’accès à cette technologie. Les États-Unis et le Royaume-Uni, défendant une approche ne limitant pas la régulation, n’ont pas signé cette déclaration qui établit des principes communs de régulation, un sujet central des discussions. Les États-Unis, voulant garder leur position de leader dans l’IA, craignent qu’une régulation excessive entrave une industrie en plein essor, souligne son vice-président J.D. Vance. En effet, maintenir l’industrie de l’IA dans la déréglementation, renvoie à cette course effrénée dans laquelle s’inscrit le développement de cette industrie, ravalant au rang d’accessoire la mise en place d’une régulation légitime et nécessaire à la gestion de ses risques. Cette ruée vers l’IA profite surtout à quelques entreprises et risque de brouiller la frontière entre l’humain et l’artificiel.
Le Canada plaide pour une réglementation internationale sur l’IA
Dans son discours au Sommet pour l’action sur l’IA, M. Trudeau a plaidé pour une réglementation internationale pour assurer que l’IA ne profite pas seulement aux « oligarques ultrariches », dans une logique de rendement boursier. Pendant le sommet, le Premier ministre a également rencontré plus d’une douzaine de chefs d’entreprise et de dirigeants afin de faire valoir les avantages du Canada en tant que partenaire idéal pour l’innovation et l’investissement dans le domaine de l’IA. Dans le cadre de la présidence canadienne du G7 en 2025, le Premier ministre a souligné la volonté du Canada de développer, d’adopter et de promouvoir l’IA de manière responsable. Il s’agit de faciliter l’accès à une énergie propre pour alimenter les systèmes d’IA, d’optimiser son utilisation dans les réseaux énergétiques, d’encourager son adoption par les PME pour améliorer leur efficacité, et d’assurer une distribution équitable des avantages de cette technologie à l’échelle mondiale.
Pionnier dans la gouvernance de l’IA, le Canada a été le premier à adopter une stratégie nationale dans ce domaine. Depuis 2016, le gouvernement a investi plus de 4,4 milliards de dollars dans l’IA et les infrastructures numériques de recherche. Le Budget 2024 prévoit 2,4 milliards supplémentaires destinés à trois objectifs : améliorer les capacités de calcul pour l’IA, faciliter son intégration dans différents secteurs, et créer un institut dédié à la sécurité de l’IA (Institut canadien de la sécurité de l’intelligence artificielle, lancé en novembre 2024).
Sofiane Idir