Alors que débute la Semaine nationale de sensibilisation à l’insuffisance cardiaque, l’Institut de Cardiologie de Montréal annonce la création de l’Alliance canadienne pour la fonction cardiaque (Alliance CFC). Réunissant un vaste réseau de chercheurs, de cardiologues, de patients, de soignants, d’aînés autochtones, de décideurs et d’organismes de soutien de tout le pays, cette alliance pancanadienne a pour mission de lutter contre les difficultés liées à l’insuffisance cardiaque, une maladie chronique souvent mortelle qui ne cesse de croître au Canada.

Cette alliance, qui s’étend sur huit provinces et un territoire, regroupe 11 partenaires patients/soignants, 13 partenaires autochtones et 132 chercheurs, parmi lesquels on compte 42 % de femmes et deux douzaines de chercheurs en début de carrière. Ensemble, ils collaborent à 23 projets de recherche.

La création de l’Alliance CFC a été rendue possible grâce à une aide de 5 millions de dollars des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), en partenariat avec la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC du Canada, Mitacs, et le National Heart, Lung and Blood Institute du National Institute of Health. Pour accompagner cet investissement, l’Alliance CFC a déjà attiré des fonds complémentaires de plus de 27 millions de dollars.
Parmi ses autres partenaires, l’Alliance CFC compte la HeartLife Foundation, la Société canadienne de cardiologie (SCC), le Programme de recherche en don et transplantation du Canada (PRDTC), le Réseau canadien sur l’arythmie cardiaque (ReCAr) et le Centre d’excellence sur le partenariat avec les patients et le public (CEPPP).

« Bien que nous disposions de quelques traitements qui réduisent le nombre de décès dus à l’insuffisance cardiaque, les taux de mortalité demeurent très élevés ; 35 à 40 % des personnes atteintes d’insuffisance cardiaque y succombent dans les cinq ans, un chiffre comparable à plusieurs cancers », explique le codirecteur de l’Alliance CFC, le Dr Jean Rouleau, professeur de médecine à l’Université de Montréal et cardiologue à l’Institut de Cardiologie de Montréal. « Au Canada, la cause la plus fréquente d’admission à l’hôpital chez les personnes de 65 ans et plus est une affection grave connue sous le nom d’insuffisance cardiaque décompensée. »

Marc Bains est cofondateur de HeartLife Foundation, un OSBL national qui défend les intérêts des patients atteints d’insuffisance cardiaque et de leurs soignants. Ayant lui-même souffert d’insuffisance cardiaque, il codirige la nouvelle alliance. « Orientée sur les besoins des patients, l’Alliance CFC regroupe un large éventail de patients et d’aidants familiaux issus de toutes les communautés, rurales ou urbaines, et représentant aussi bien les enfants que les personnes âgées. »
M. Bains, qui a subi une transplantation cardiaque du fait de sa propre maladie, fait remarquer que « même si nous n’avons pas encore trouvé de remèdes à l’insuffisance cardiaque, les soins médicaux et les changements de mode de vie peuvent aider les gens à gérer leur maladie. À cette fin, la recherche, en particulier celle qui repose sur la participation éclairée des patients, est cruciale. En effet, en vertu de la Charte des droits des patients de HeartLife, laquelle définit une norme canadienne de soins pour l’insuffisance cardiaque, les patients ont la possibilité de participer aux décisions concernant les futures recherches sur le sujet. »

Six centres de recherche universitaires constitueront le cœur de l’Alliance CFC :
1. Le Translational Clinical Trials Centre du Population Health Research Institute (PHRI) cherchera à savoir si de nouvelles approches thérapeutiques, telles que les anti-inflammatoires, la supplémentation par vitamine (la thiamine) et la perte de poids chez les personnes obèses souffrant d’insuffisance cardiaque, seront bénéfiques, en plus des traitements actuellement éprouvés. En outre, les bases de données probablement les plus importantes et les plus complètes du monde dans ce domaine, développées et hébergées au PHRI, seront sondées afin d’améliorer notre compréhension de l’insuffisance cardiaque à l’aide de données massives et d’analyses avancées telles que l’intelligence artificielle.
2. Le Centre for Health Services and Policy Research de la University of British Columbia et le Provincial Health Services Authority de la Colombie-Britannique, en collaboration avec la Western University, la McMaster University, l’Université de Montréal et l’Université de Sherbrooke, s’efforceront d’améliorer la qualité et l’accès des patients à des soins optimaux en matière d’insuffisance cardiaque.
3. Virtual Care à la Western University, dans le cadre d’une collaboration axée sur les patients, s’appuiera sur ses programmes de santé numérique et de télésurveillance déjà couronnés de succès pour améliorer l’accès à des soins optimaux pour les patients à mobilité réduite et vivant dans des zones reculées ainsi que pour accroître l’efficacité de notre système de soins de santé.
4. Un projet national de collaboration dans le domaine cardiovasculaire, dirigé par le SickKids Hospital, tentera de découvrir des thérapies ou des médicaments spécifiques à l’âge pour traiter la cardiomyopathie et les cardiopathies congénitales chez les jeunes enfants et les adolescents, principales causes d’insuffisance cardiaque chez l’enfant. De plus, il travaillera avec un groupe de renommée mondiale de l’Université d’Ottawa intéressé par l’amélioration des soins aux adultes atteints de cardiopathie congénitale ou d’hypertension pulmonaire.
5. Des chercheurs de la University of Saskatchewan, en collaboration avec des aînés et détenteurs de connaissances autochtones, élaboreront des approches dirigées par des autochtones afin d’améliorer le diagnostic et les soins de l’insuffisance cardiaque chez ces derniers.
6. Les chercheurs de l’Université de Montréal dirigeront, aideront à développer et coordonneront les activités du Réseau.
« Je me réjouis de la portée et de l’ampleur de l’expertise médicale ainsi que de l’expérience vécue par les patients au sein de notre alliance », déclare le Dr Rouleau. « Ensemble, nous allons étudier comment prolonger la durée de vie et en améliorer la qualité pour les 20 % de Canadiens qui souffrent d’insuffisance cardiaque. »
« Le Réseau réunit les chercheurs les plus novateurs dans le domaine de l’insuffisance cardiaque au Canada et devrait permettre de faire des découvertes révolutionnaires au cours des cinq prochaines années », déclare le Dr Salim Yusuf, professeur distingué de médecine à la McMaster University, cardiologue au Hamilton Health Sciences, et fondateur et directeur général du Population Health Research Institute.

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