La vérificatrice générale du Canada, Madame Karen Hogan, a proposé un rapport le 19 octobre dernier faisant état d’importantes lacunes au sein des logiciels utilisés par le gouvernement canadien. Selon ce rapport, les Canadiens ne seraient pas à l’abri d’un désastre informatique comme celui ayant affecté le système de paie Phoenix, il y a quelques années.
Selon ces constatations, près de 70% des logiciels gouvernementaux du fédéral auraient excédé leur durée de vie utile et nombre d’entre eux auraient besoin d’une sérieuse mise à jour. Ces lacunes pourraient potentiellement menacer la fiabilité de plusieurs services essentiels. Cette observation avait été signalée, il y a près de 25 ans, alors qu’Ottawa manifestait déjà certaines inquiétudes face au vieillissement de ses logiciels et bases de données.
L’enquête a révélé que sur 7500 applications, logiciels ou base de données, utilisés par une quarantaine de ministères et organismes fédéraux, les deux tiers étaient désuets. On compte pareillement plus de 562 logiciels essentiels pour la santé, la sûreté, la sécurité ou le bien-être économique de la population canadienne qui seraient à moderniser.
Cette analyse ne contient pas l’ensemble du gouvernement fédéral, mais un échantillonnage de 45 ministères et organismes.
Les systèmes informatiques analysés, au cours de l’étude, avaient entre 20 et 60 ans d’âge.
Des problèmes de versements possibles
Le vieillissement des logiciels affecteraient certains systèmes ayant une importance clé pour des millions de Canadien.e.s. En effet, les systèmes assurant le paiement des prestations de la Sécurité de la vieillesse, du Régime de pensions du Canada et de l’assurance-emploi datent pour la plupart, de plus de vingt ans et ne seraient pas à l’abri d’une panne potentielle.
Le rapport de la vérificatrice générale a conclu que le système dont dépend le régime d’assurance-emploi n’a pas été modernisé, après qu’un rapport d’audit datant de 2010 sur le sujet faisait état que le système du ministère pourrait flancher à tout moment.
Le système de versement de la pension de vieillesse est également vieillot. Il daterait de 60 ans et présenterait certains risques. Cependant, la pleine migration du système de la Sécurité de la vieillesse vers une plateforme plus moderne devrait se terminer d’ici décembre 2025, à lui seul, même si les retards risquent d’augmenter les risques de panne, une situation qui pourrait compromettre la situation financière de milliers de retraités.
Une cible difficile à atteindre
En dépit du fait que la situation perdure depuis plusieurs années, les progrès se font très lentement notamment, entre autres, en raison de la complexité des travaux à réaliser. Au rythme actuel, seulement la moitié des logiciels seront actualisés à la fin de 2030, même si le Conseil du Trésor du Canada a pour objectif d’en actualiser les deux tiers pour la même date.
Martine Dallaire, B.A.A.