Une manifestation et marche sont prévues ce samedi le 24 octobre pour exiger le définancement de la police et obtenir justice pour les victimes des tueries policières. L’évènement va commémorer les vies perdues suite à la violence policière, dans le cadre d’une vigile annuelle qui a eu lieu à chaque mois d’octobre à Montréal depuis 2010. L’événement de cette année fait le lien entre la vigile annuelle et le mouvement mondial grandissant pour définancer la police et réinvestir dans les communautés.
Le nombre de vies perdues en raison de la violence policière continue à grimper. Le mouvement Justice pour les victimes de bavures policières, formé en 2010 par les familles et ami.e.s de six personnes tuées par la police à Montréal et ailleurs au Canada, a organisé l’événement annuel pour dénoncer l’impunité policière. En tenant la vigile annuelle, Justice pour les victimes de bavures policières exige l’accès à l’information pour les familles, des enquêtes indépendantes sur les tueries policières et la fin à l’impunité policière – des demandes qui demeurent toujours lettre morte.
“La police québécoise a pris la vie de ma mère, Gladys Tolley,” dit Bridget Tolley, membre fondatrice de Justice pour les victimes de bavures policières. “Cet événement me permet d’honorer sa vie et en appeler à la justice, pas seulement pour elle mais pour la liste sans fin des personnes tuées par la police et les familles et ami.e.s. qui les ont perdues.”
Dans les dernières années, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a tué plusieurs individus, incluant Bony Jean-Pierre (2016), Koray Celik (2017), Pierre Coriolan (2017) et Nicholas Gibbs (2018). Or, les officiers impliqués dans ces tueries et autres ne sont presque jamais tenus responsables, malgré la création du Bureau des enquêtes indépendants (BEI), une institution responsable pour enquêter les tueries policières et autres actes importants de violence, par la province du Québec en 2016. Un rapport récent sur le BEI par une coalition d’organismes basés à Montréal a conclu que dans ses quatre ans d’existence, aucune accusation n’a été portée contre un officier ayant fait l’objet d’une enquête.
“La police continue à tuer et blesser des gens avec impunité,” rapporte Marlihan Lopez de la Coalition pour le définancement de la police. “Le message envoyé ainsi est clair: la violence est une composante acceptable de la procédure policière. Les auteurs de cette violence ne subiront aucune sanction, ne perdront pas leurs emplois et pourront s’attendre à recevoir des promotions et bénéficier d’une carrière réussie au sein du service de police, sans égard pour les blessures qu’ils ont causées aux victimes ainsi qu’à leurs ami.e.s et aux membres de leurs familles.”
La manifestation de cette année a lieu alors que le mouvement pour le définancement de la police prend force autour de la planète. À Montréal, la Coalition pour le définancement de la police fut formée en juin 2020 afin de coordonner les efforts des groupes locaux qui cherchent à transformer la façon dont la sécurité publique est conçue et maintenue. La Coalition, qui réunit maintenant 65 groupes membres, a identifié dix demandes principales – qui vont de la décriminalisation de l’usage de drogues et du travail de sexe à l’investissement dans les modèles de justice autochtones – qu’elle espère voir intégrées dans les politiques municipales et le budget de la ville pour 2021.
“Il existe plusieurs façon pour les communautés de prévenir les blessures et tenir les auteurs responsable,” dit Sandra Wesley, membre de la Coalition pour le définancement de la police. “Nous voulons voir les ressources présentement investies dans la répression policière transférées vers ces initiatives, ainsi que pour les programmes de loisirs et de logements qui font la promotion du bien-être des communautés.”
L’initiative pour définancer la police continue à enregistrer des progrès. Les organisatrices et organisateurs citent en exemple un sondage CROP réalisé en septembre, qui a conclu que 39% des Montréalais appuyait la réduction du budget de la police, malgré la nouveauté de la proposition pour plusieurs. De plus, une consultation pré-budgétaire du mois d’août qui s’est soldée par un appui pour le définancement de la police, a attiré une énorme participation citoyenne. La manifestation de samedi est une autre occasion pour montrer que les Montréalais veulent mettre fin au surfinancement de la police et faire transférer l’argent vers les initiatives et interventions communautaires nouvelles ou existantes.
“Ça n’a jamais été aussi clair que le système actuel ne fonctionne pas” dit Jessica Quijano, une travailleuse communautaire avec le projet Iskweu et membre de la Coalition pour le définancement de la police. “Les gens sont prêts à avancer vers une nouvelle approche qui ne se fie pas sur la police et qui ne traite pas les personnes comme étant jetables. Ça c’est l’avenir que la coalition oeuvre à créer.”
DATE & HEURE: Samedi le 24 octobre 13h LIEU: Parc Wilfrid-Laurier (près de Christophe-Colomb et Laurier-Est)