Puisant dans sa vaste connaissance de l’histoire de l’art, Nicolas Party tisse une œuvre profonde et singulière qui exalte les conventions picturales. L’artiste délaisse les représentations fidèles de la nature au profit d’une exploration originale et fantasmagorique de la couleur et des formes. Héritier de René Magritte, de Giorgio Morandi, de Pablo Picasso et de Félix Vallotton, il revisite les codes classiques de l’art et actualise entre autres le sottobosco (« sous-bois », en italien), un sous-genre de la nature morte en vogue au XVIIe siècle. Il est par ailleurs l’un des rares artistes contemporains à avoir fait du dessin au pastel sa technique de prédilection.
Intitulée d’après un tableau emblématique du peintre symboliste canadien Ozias Leduc qui est préservé dans la collection du MBAM, l’exposition L’heure mauve déploie l’imaginaire poétique de Party dans les plus anciennes galeries du Musée. « L’heure mauve », cet instant où le crépuscule se teinte de nuances violacées, trouve un écho puissant chez l’artiste qui y voit un moment auréolé de mystère et de beauté. D’une salle à l’autre, l’exposition se révèle une méditation à la fois festive et crépusculaire sur la nature, sa représentation dans l’art et son avenir.
L’heure mauve réunit des aquarelles, pastels et sculptures – têtes géantes, bustes et corps sans tête – de Party, dont une vingtaine d’œuvres récentes jamais exposées. Les paysages, portraits et natures mortes d’objets du quotidien présentés, aussi subtils que fantastiques, illustrent les liens complexes et souvent inextricables qui unissent l’être humain à la nature. Ces créations à la fois figuratives et surréalistes sont mises en résonance avec une cinquantaine d’œuvres de la collection encyclopédique du MBAM. Soigneusement choisies par l’artiste, celles-ci vont de gravures d’Albrecht Dürer à des tableaux d’artistes tels que Gustave Courbet, Ferdinand Hodler, Henri Fantin-Latour, Nicolas Poussin, Otto Dix et Lawren S. Harris. Disposées face aux murs, des chaises de la collection d’arts décoratifs et de design du Musée évoquent par ailleurs la présence fantomatique de spectateurs invisibles.
Cet ensemble est intégré à des murales éphémères réalisées au pastel et à l’huile qui couvrent 180 m2 dans quatre des huit galeries du pavillon Michal et Renata Hornstein. Les œuvres et les environnements de cette exposition d’envergure tissent un récit à la fois mélancolique et porteur d’espoir sur le destin du monde naturel.
À propos de Nicolas Party
Né à Lausanne (Suisse) en 1980, Nicolas Party fait ses débuts artistiques comme graffeur. Il obtient un baccalauréat en arts visuels de l’École cantonale d’art de Lausanne, en 2004, et une maîtrise de la Glasgow School of Art, en 2009. Son œuvre a récemment fait l’objet de nombreuses expositions individuelles présentées notamment au MASI Lugano (2020), à la FLAG Art Foundation de New York (2019), au musée M WOODS de Beijing (2018), au Musée Magritte de Bruxelles (2018) et au Hirshhorn Museum and Sculpture Garden de Washington, D. C. (2017). Il vit et travaille entre New York et Bruxelles.
Crédits et commissariat
Une exposition organisée par le Musée des beaux-arts de Montréal.
Commissaires : Nicolas Party, en collaboration avec Stéphane Aquin, directeur général du MBAM, et Mary-Dailey Desmarais, conservatrice en chef du MBAM.
Nicolas Party (né en 1980), Portrait avec champignons, 2019. Zurich, avec l’aimable concours de l’artiste et de Hauser & Wirth. © Nicolas Party. Photo Adam Reich