Enrico Marini est un bédéiste franco-belge qui a une certaine facilité à s’adapter à différents sujets. Cette aisance à se mouvoir d’un univers à un autre, il l’a mise en pratique en mettant en scène les scénarios de Batman et en nous faisant traverser les époques en passant par la Rome antique avec Les aigles de Rome, ou en parcourant la deuxième moitié du 18e siècle avec Le Scorpion.
L’auteur, qui maîtrise tous les codes graphiques, ne laisse rien au hasard, que ce soit au niveau du réalisme des personnages ou encore au niveau des éléments qui caractérisent le quotidien.
On note d’ailleurs, que Marini fait tout un travail de recherche pour nous permettre de nous imprégner en tant que lecteur de l’époque dans laquelle se déroulent les histoires qu’il raconte, à l’image Noir burlesque[1].
Sensualité, crime et violence : un mélange intriguant
Cette BD qui se présente en forme d’hommage au cinéma américain, réunis à elle seule tous les ingrédients du polar hard-boiled des années 1950, comme on peut le voir le second volet de ce diptyque, où l’on retrouve les mêmes protagonistes que le précédent.
La belle Caprice a convaincu Rex d’utiliser les talents de Slick pour voler le tableau d’un mafieux du nom de Don Zizzi. Même si cette affaire n’enchante pas trop Slick, il est contraint d’accepter la salle besogne, car Rex menace de « rendre visite » à sa sœur et son petit neveu. Il lui promet aussi d’effacer ses dettes, s’il mène à bien cette mission. Slick n’est pas dupe et il sait qu’en étant accompagné des hommes de main de Rex, il risque de ne pas en revenir vivant.
Le ton est donné dans cette sombre histoire, où les teintes de gris sont rehaussées d’un rouge expressif et symbolique de sang et de passion. Côté graphisme, Marini ne néglige aucun détail à commencer par les formes de la sulfureuse Caprice que Slick qualifie d’Agrippine. La belle rousse, qui jadis était la maîtresse de Slick joue double jeu pour arriver à ses fins. En plus des flingues, des voitures et des vêtements d’époque, l’auteur met l’accent sur les regards inquiétants des personnages de cette histoire qui risque de mal finir.
Au final, Noir burlesque, est un excellent exercice de style pour Marini et un passionnant cocktail de suspens et d’action pour les nostalgies d’une autre époque.
Réda Benkoula
[1] Noir burlesque 2/2 | Enrico Marini (Scénario, Dessin, Couleurs) | Dargaud | 2022 | 128 pages