L’illustration de la page couverture a été conçue par Chloloula

La Ligue des droits et libertés (LDL) lance un nouveau numéro de sa revue Droits et libertés dont le dossier principal porte sur le capitalisme de surveillance. Le lancement en formule hybride est prévu le mardi 7 juin de 19 h à 21 h au Centre St-Pierre à Montréal en compagnie d’auteurs et autrices du dossier.

Avec le développement des entreprises numériques au cours des 20 dernières années, les enjeux de protection de la vie privée et des données personnelles ne sont plus du tout les mêmes. Face à une nouvelle forme de capitalisme dont les données comportementales de l’être humain deviennent le nouveau pétrole selon The Economist, la LDL considère que les enjeux sont trop nombreux, sans précédent, pour rester les bras croisés ; la sonnette d’alarme chez les militant-e-s pour la défense des droits humains est déclenchée.

Avec ce dossier composé de 15 articles d’auteurs et d’autrices des milieux militant, universitaire et de la recherche, le comité éditorial de la revue souhaite dévoiler les angles morts du capitalisme de surveillance; sensibiliser aux rapides et profondes transformations qui s’opèrent ainsi qu’aux menaces que cela représente tant pour la démocratie que pour les droits humains; et surtout, susciter des débats publics dans la population, loin des chambres d’écho, sur ces enjeux qui nous concernent toutes et tous.

Les chroniques de la revue
Une nouvelle chronique Le monde de l’environnement vous est proposée, signée par Cynthia Morinville qui aborde les impacts du capitalisme de surveillance sur l’environnement. La chronique Ailleurs dans le monde est signée par Rémy-Paulin Twahirwa qui porte son regard sur les réfugié-e-s et la ligne de couleur dans le contexte des conflits actuels; Tim McSorley de la Coalition pour la surveillance internationale des libertés civiles (CSILC) aborde, dans Un monde sous surveillance, les enjeux de la lutte sur les méfaits en ligne; Delphine Gauthier-Boiteau fait une recension de l’ouvrage Les barbares numériques d’Alain Saulnier dans Un monde de lecture tandis que Maxim Fortin de la LDL-section de Québec trace un portrait de la crise au Service de police de la Ville de Québec dans le cadre de la chronique Le monde de Québec.

Extraits des articles du dossier
« L’intelligence artificielle rend possible une surveillance extrême des individus – tant par des entreprises privées que par l’État – susceptible d’affecter la liberté d’expression, la liberté d’association et la démocratie. La reconnaissance faciale met en péril le droit à l’anonymat et éventuellement le droit à l’égalité » (Dossier de présentation de LDL, p. 14).

« À l’aube de la troisième décennie du 21e siècle, le capitalisme de surveillance est l’institution économique dominante de notre époque. En l’absence de lois pour le contrebalancer, ce système gère presque tous les aspects de l’activité humaine dans le monde numérique » (Shoshana Zuboff, Une crise pour les démocraties, p. 15).

« Quoi qu’il en soit, les informations collectées sont désormais bien davantage que de simples souve-nirs et acquièrent une existence propre, sujettes à une foule d’usages secondaires, aspirées par de multiples entités non redevables, voire tout bonnement inconnues » (Stéphane Leman-Langlois, Une culture de surveillance, p. 24).

« Or, le capitalisme de surveillance s’est développé en l’absence d’un cadre juridique contraignant et dans l’incertitude des obligations à la charge des entreprises opérant dans le domaine numérique » (Silviana Cocan, À la lumière du droit international des droits de la personne, p. 22).

« Notons que les banques de données des forces policières contiennent des données sur des citoyen-ne-s qui n’ont jamais été condamné-e-s pour un quelconque crime, y compris des données issues d’interpellations fondées sur le profilage racial, social ou politique » (Dominique Peschard, Forces policières et capitalisme de surveillance, p. 27).

« […] les pratiques du capitalisme de surveillance ont non seulement un impact sur la confidentialité des informations personnelles de ces femmes [victimes de violence conjugale], mais aussi des consé- quences directes sur leur sécurité. » (Lise Chovino, Le capitalisme de surveillance like la fracture numérique, p. 40).

« La transparence ne suffit pas, car on peut être transparent mais ne pas avoir mis en place les mécanismes nécessaires pour évaluer correctement l’impact, la fiabilité et l’efficacité des outils technologiques » (Lyne Nantel, La ville intelligente : qu’ossa donne?, p. 34).

« […] les algorithmes de classification de contenus utilisés par la plateforme de réseau social avaient contribué significativement à […] amplifier la portée de discours haineux facilitant, entre autres, le génocide des Rohingyas au Myanmar » (Anne-Sophie Letellier et Normand Landry, Mobilisations et médias sociaux : quelles opportunités et quels enjeux ?, p. 47).

« Nul besoin de faire l’épreuve pénible d’un vivre-ensemble s’il est possible de simplement agencer les multiples individualités par le biais de leurs profils numériques » (Jacob Boivin et Laurence Grondin-Robillard, La dissolution de la société dans le capitalisme de surveillance, p.37).

« Bien que des réglementations aient été adoptées au fil des ans, elles n’atteignent pas le coeur du modèle d’affaires des Facebook de ce monde » (Pierre Henrichon, Quelles réponses, quelles ripostes, p. 42).

« Très sommairement, l’idée serait, dans le cas de la vie privée, de tenir compte dès la phase de conception des systèmes informatiques, des exigences en matière de protection des données personnelles en les intégrant directement dans le produit, au lieu de les ajouter ultérieurement » (Michelle Albert-Rochette et Marie-Pier Jolicoeur, Renforcement de la vie privée et éthique du design numérique, p. 44).

By admin

Read previous post:
Accès aux garderies subventionnée : Le gouvernement va en appel

Le gouvernement du Québec porte en appel la récente décision de la Cour Supérieure qui rétablissait l’accès aux garderies subventionnées...

Close