Dans un contexte mondial toujours marqué par des tensions géopolitiques, l’économie mondiale fait preuve de résilience. L’inflation tend à se rapprocher des objectifs des banques centrales, mais les perspectives de croissance à moyen terme demeurent faibles. Selon la dernière édition des Perspectives économiques de l’OCDE (décembre 2024), la croissance mondiale devrait atteindre 3,3% en 2025.

Aux États-Unis, l’activité économique décélère et la croissance du PIB devrait s’établir à 2,8% en 2025. Dans la zone euro, la croissance du PIB devrait plafonner à 1.3% malgré le redressement du revenu réel des ménages et la baisse des taux d’intérêt. En Chine, le ralentissement de l’activité se poursuit, freiné par une surproduction et une crise persistante du marché immobilier, pour atteindre une croissance projetée de 4,7%. Les perspectives de croissance sont très stables dans les pays émergents et les pays en développement, avec un taux de croissance autour de 4,2%.

Malgré ce tableau peu luisant et contrasté, la victoire contre l’inflation, obtenue sans plonger les économies majeures en récession, représente une note positive pour amorcer 2025. Toutefois, les incertitudes restent nombreuses : les intentions protectionnistes de Donald Trump, les conflits en Europe et au Moyen-Orient, les avancées disruptives liées à l’intelligence artificielle, etc. Dans une conjoncture grevée d’incertitudes, comment l’économie canadienne évoluera-t-elle en 2025 ?

Vers un rebond de l’économie canadienne ?

Selon le rapport, Perspectives de l’économie mondiale du FMI (octobre 2024), l’économie canadienne devrait afficher une croissance renforcée avec un taux des plus élevés des pays du G7 (2,4%). Dans son rapport sur la politique monétaire (octobre 2024), la Banque du Canada affiche la même perspective, la croissance du PIB devrait se poursuivre à un rythme avoisinant 2% au cours de la première moitié de 2025, avant d’augmenter légèrement pour atteindre environ 2½% dans la deuxième moitié. Cette croissance serait possible grâce en grande partie à l’augmentation des dépenses de consommation et des investissements des entreprises, soutenue par les baisses de taux d’intérêt (le taux directeur, actuellement fixé à 3,75%, devrait diminuer en 2025, offrant un soutien supplémentaire à l’activité économique et aux ménages). Par ailleurs, cette croissance sera portée par l’augmentation des exportations, notamment celles de l’énergie, stimulée par la vigueur de la demande étrangère.

Ce scénario optimiste pour une reprise économique pourrait être entravé par plusieurs facteurs. Les changements drastiques apportés à la politique d’immigration devraient ralentir la croissance démographique. En effet, la variable démographique, qui alimente le bassin de la population en âge de travailler et contrecarre le vieillissement de la population, génère de la croissance vers laquelle le Canada s’est tourné depuis plusieurs années (une croissance à faible productivité dans des secteurs moins intenses en capital). Ce ralentissement signifie que l’économie sera moins alimentée par de nouveaux consommateurs et de nouveaux travailleurs, ce qui pourrait freiner la croissance à moyen terme.

Parallèlement, l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche pourrait chambouler les prévisions optimistes de l’économie canadienne. Connu pour son agenda protectionniste, Trump pourrait imposer de nouveaux tarifs douaniers sur les exportations canadiennes, particulièrement dans les secteurs stratégiques comme l’acier, l’aluminium ou le bois d’œuvre. Selon les projections de la Banque Scotia, des tarifs douaniers de 25% imposés par les deux pays entraineraient une baisse du PIB canadien de 5,6%, une augmentation de l’inflation de 4,1% et une hausse du taux de chômage de 3%. Ces projections soulignent la vulnérabilité du Canada face aux fluctuations des relations commerciales avec son principal partenaire économique. 

Sofiane Idir

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