Par l’entremise de son ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Marc Miller, le gouvernement fédéral, a annoncé, le 24 octobre, le Plan des niveaux d’immigration 2025-2027, qui ajuste considérablement à la baisse ses seuils d’immigration. Alors que le Canada visait accueillir 500 000 nouveaux résidents permanents en 2025 et en 2026, ces cibles seront abaissées de 21% dès l’an prochain. Les nouveaux objectifs d’immigration permanente seraient de 395 000 l’année prochaine, 380 000 en 2026 et 365 000 en 2027. Ce nouveau Plan devrait entraîner une baisse marginale de la population de 0,2% autant en 2025 qu’en 2026, avant un retour à un taux de croissance démographique de 0,8% en 2027.
L’objectif est de « stabiliser notre croissance démographique, afin de donner à tous les niveaux de gouvernement le temps de rattraper leur retard et de réaliser les investissements nécessaires en matière de soins de santé, de logement et de services sociaux », a déclaré le Premier ministre Justin Trudeau lors d’une conférence de presse à Ottawa.
Dans un pays réputé depuis longtemps comme une terre d’accueil pour les immigrants, comment peut-on expliquer cette volte-face du gouvernement canadien qui a toujours tablé sur l’immigration pour soutenir la croissance du pays ?
La volte-face du gouvernement canadien sur l’immigration
En juillet 2023, le Canada a atteint la barre des 40 millions d’habitants, et à l’heure où nous mettons sous presse, l’horloge démographique de Statistique Canada (un outil qui recense en temps réel la population du pays) indique une population de 41,7 millions d’habitants. En effet, cette croissance démographique est majoritairement due au solde migratoire international, soit près de 98% de ce boom, tandis que seulement 2% provenaient de la différence entre les naissances et les décès, au moment où la fécondité a atteint un creux historique en 2022 pour se situer à 1,33 enfant par femme. La forte immigration observée depuis 2022 a contribué à réduire les tensions sur le marché du travail, atténuant la pénurie de main-d’œuvre post-pandémique qui sévissait dans de nombreux secteurs, et stimulant ainsi le potentiel de croissance économique du pays.
Cependant, en l’absence de mesures adéquates pour accueillir les nouveaux arrivants, cette immigration massive génère également des pressions néfastes. L’augmentation rapide de la population exerce une pression sur le logement locatif, déjà en crise, ainsi que sur les infrastructures, les transports et les services de santé, auxquels l’accès demeure difficile pour une partie de la population.
À ces défis s’ajoute le changement de l’opinion publique qui est, désormais, de moins en moins favorable à l’immigration : selon un sondage d’Abacus Data réalisé début octobre, un Canadien sur deux estime que l’immigration nuit à la nation. Un autre sondage, de l’Environics Institute a révélé, pour la première fois depuis un quart de siècle, que 58% des Canadiens estiment qu’il y a trop d’immigrants.
Face à ce contexte contraignant, le gouvernement canadien a opéré un changement drastique dans sa politique d’immigration afin de freiner la croissance démographique et de permettre les investissements nécessaires dans le logement, les infrastructures et les divers services publics.
Sofiane Idir