Au milieu, au sortir ou au début – on ne le sait pas encore vraiment – d’un contexte qui nous a coupés d’une partie de nos vies sociales et collectives, on en vient à se demander quelle place ont pour nous les autres. Au Musée, nous nous sommes beaucoup retrouvés les uns sans les autres, devant nos ordinateurs, dans nos maisons, à administrer les choses. Ce qui a complètement disparu est la réciprocité que nous avions ensemble, les informalités où beaucoup de choses se cristallisent. Même si on s’ennuie les uns des autres, il faut continuer.
Cette situation fait écho à toute notre programmation de cette année qui est tournée vers cet autre communautaire avec qui on définit, autant formellement qu’informellement, la nature de notre institution.
DU 13 SEPTEMBRE AU 8 NOVEMBRE 2020
Notre projet Quand la collection prédit l’avenir (QCPA) est de cette nature, empreint d’une volonté quelque peu insolente, mais qui visait à rassembler une série d’artistes qui gravitent autour du Musée. De ce fait, le Musée s’est transformé le temps d’un été en atelier, les artistes sont venus produire à l’encre invisible fluorescente des œuvres sur les tuiles de notre plafond suspendu, lui indéfectiblement administratif, et nous allons cet automne officiellement concrétiser leur acquisition au sein de notre collection. Les paramètres sont encore à définir parce que les enjeux sont nombreux, voire complexes, mais ce qui compte ici est que nous cherchons à penser notre devoir de réciprocité avec les artistes, et plus largement avec nos publics. Au cœur de ce projet plane la question des rôles politique et financier des collections ainsi que la notion “d’entente” entre un musée et les artistes qu’il accueille.
Vernissage le dimanche 13 septembre sous une formule de visites médiées.
Raphaëlle de Groot
LAB. OBSERVATOIRE DE LA MOBILITÉ
DU 22 NOVEMBRE 2020 AU 14 FÉVRIER 2021
Depuis plus d’une année, Raphaëlle de Groot est en résidence chez nous. Son projet Prépare ton sac – lab observatoire de la mobilité évolue en notre compagnie, tout comme le projet de Musée, sur lequel nous travaillons, bouge au gré de nos conversations avec elle. À partir du croisement de nos trajectoires, la conversation collective que Raphaëlle développe sur la mobilité avec divers groupes s’intéresse à l’expérience singulière d’être confronté à une forme de recommencement. Elle a rencontré à Saint-Jérôme des groupes d’immigrants.es en francisation, des personnes en réinsertion sociale et professionnelle, et d’autres atteintes de problèmes de santé mentale par ailleurs engagées dans des parcours de création. L’idée du recommencement sert de lien et de métaphore pour sonder des attitudes, des états émotifs et des dispositions d’esprit face à l’inconnu. Il ressort de ces échanges une nécessité profonde ou une pulsion très vive de se mettre en mouvement malgré l’épreuve, de nourrir une mobilité de la pensée, des affects et des gestes. Ce mouvement dans lequel nous sommes avec elle nous force à penser notre propre mouvement en tant que Musée, nos inerties, voire le recommencement que nous envisageons depuis quelques années et qui continue d’évoluer.
Avec ce qui nous arrive, Raphaëlle ne sera pas physiquement présente dans le cadre de son exposition qui regroupe la mise en exposition de l’état actuel de son projet Prépare ton sac – lab observatoire de la mobilité, en résonance avec un projet qu’elle a réalisé dans le cadre de la Nuit blanche à Paris – La grande marche des petites choses.
EXPOSITION / 50E DU CÉGEP DE SAINT-JÉRÔME
DU 14 MARS AU 9 MAI 2021
À l’occasion du 50e anniversaire du Cégep de Saint-Jérôme, nous organisons un projet d’exposition autour de l’adolescence. Nous n’avons plus besoin de le rappeler, même si on doit encore souvent le défendre, la création en 1967 des cégeps était portée par le projet humaniste d’une éducation commune pour tous, tant pour la formation technique que pour celle préuniversitaire. Depuis plus de cinquante ans, les tentatives récurrentes de soustraire au projet original sa vision première n’ont pas encore réussi à dissiper le projet individuel et social que sont les institutions d’enseignement collégiales.
À l’intérieur de ces établissements s’agite une part lumineuse et adolescente de notre avenir collectif. Joyeuse et inquiète, candide et revendicatrice, silencieuse et bruyante, elle est de cet âge où le champ de possible est envisageable, ou les égarements sont parties prenantes de la démarche du « devenir soi » et ce, réciproquement avec les autres. Dans l’intime, cette part adolescente cherche à saisir, à devenir, jusque dans la collectivité où elle cherche à comprendre, à transformer le monde de ceux qui l’ont pensé avant eux et qui tentent fatalement de les convaincre que c’est le seul moyen de vivre. Mais on voit poindre depuis près d’une décennie que la prochaine révolution est celle d’une adolescence vigoureusement engagée dans les luttes intimes, sociales et écologiques. Part d’elle les récentes vagues de dénonciation, elle est engagée dans la reconnaissance LGBTQ, elle s’est mobilisée pour l’accès à l’éducation, elle a rassemblé des millions de personnes autour des enjeux environnementaux, et plus encore.
C’était possible, j’étais l’adolescence souhaite évoquer les contours lumineux et obscures, dociles et radicales, de vies adolescentes préoccupées et transgressives, à travers la production d’œuvres ou d’artéfacts faites par des personnes à cette période de leur vie ou qui parlent de ce point de bascule de l’existence.
Histoire naturelle
EXPOSITION DE GROUPE
DU 30 MAI AU 22 AOÛT 2021
Finalement, notre programmation se terminera avec le second volet de notre collaboration avec Aseman Sabet en tant que commissaire. Après l’exposition Par la forêt tenue à l’automne 2018, nous présentons Histoire naturelle avec les oeuvres des artistes Maryse Goudreau, Caroline Monnet, Celia Perrin Sidarous et le duo Sarah Wendt + Pascal Dufaux. Histoire naturelle s’inscrit dans le second volet d’un cycle de trois expositions « carte-blanche » que la commissaire a développé autour des représentations croisées de la nature et de l’histoire.
Partant d’une réflexion sur les extensions narratives et conceptuelles de la notion même d’histoire naturelle, l’exposition entend interroger comment nos manières de penser et de mettre en image la nature agissent comme autant de reflets de nos identités culturelles, communautaires, sociales, voire même sensorielles. Autrement dit, comment nos représentations de la nature – ses composantes, sa condition et sa logique évolutive – informent-t-elles l’histoire, celle établie autant que ses contre-récits? Et comment, en contrepartie, nos écritures et expressions plurielles de l’histoire, celle de la nature autant que celle de notre monde – réel ou imaginé, individuel ou collectif –, modulent notre regard et nos actions sur les écosystèmes, dans la mesure où ceux-ci sont de plus en plus affectés par l’humain?
À l’ère de la sombre crise climatique et des tensions géopolitiques et humanitaires exponentielles, accentuées par la pandémie, l’exposition Histoire naturelle cherche à forger de nouveaux espaces pour faire émerger des discussions qui échappent à toute rigidité afin d’explorer le plein potentiel du registre sensible relevant de notre rapport à la nature et à son histoire, qui est aussi la nôtre (tiré du texte de présentation de l’exposition écrit par Aseman Sabet).