Les anniversaires sont des occasions de regards rétrospectifs et par le fait même de réaménagement des héritages. La ville se met à l’heure de la réconciliation sous l’initiative conjointe du maire Coderre et de l’APNQL, alors que par ailleurs la Société du 375e nous invite à créer des ponts. Présence autochtone, ayant été précurseur des progrès qui s’amorcent, entend jouer un rôle important dans ce processus prometteur. L’événement qui mettra à l’honneur cette année la jeunesse autochtone, se tiendra sous les auspices du renouveau, de la rencontre et de l’amitié.
Présence autochtone, suivant la tradition, déploiera ses installations festivalières dans le Quartier des spectacles avec danses, concerts, démonstration d’art et grillades à saveur autochtone, alors que, parallèlement, une compétition internationale de films et vidéos présentera le meilleur de la création cinématographique par et sur les premiers peuples.
Dans la foulée du 375e anniversaire de Montréal, 2017 amène du nouveau : sur la place du Makusham (alias place des Festivals), une création théâtrale inédite qui, avec trois représentations, occupera trois soirées, Ioskeha et Tawiscara : le grand Jeu de la création. Il s’agit d’un théâtre interactif qui plonge dans la cosmovision des peuples d’ici. Acte de théâtre rituel et processionnel où ressurgissent en plein cœur de Montréal deux grands héros des récits de la tradition autochtone, jumeaux ennemis qui président dans leur titanesque affrontement à la création du monde. Le chorégraphe et metteur en scène Pierre-Paul Savoie se joint à la production dont la scénographie sera assurée par Michel Marsolais inspiré et conseillé par l’artiste Christine Sioui-Wawanoloath.
Le 4 août, sur la scène Québecor, Nikamotan Mtl, un spectacle issu de la rencontre entre des auteurs-compositeurs-interprètes de la relève autochtone en plein essor et des artistes bien connus de la scène musicale québécoise: Natasha Kanapé-Fontaine avec Random Recipe; Matiu avec Dramatik; Esther Pennell avec La Bronze; et Laura Niquay avec Sunny Duval. Une initiative de Musique nomade, en association avec Présence autochtone.
Dédiée à l’accueil et à l’amitié, une véritable fête de la montréalité contemporaine avec des artistes des diverses communautés montréalaises, le grand défilé, qui revient pour la septième année, le Défilé de l’amitié nuestroamericana avec Montréal et avec les Premières Nations qui se tient sous la figure emblématique de Atahensic, la femme tombée du ciel, l’aïeule de toute l’humanité.
Avec ce type d’activités interactives dans l’espace public, une liturgie pour les temps présents s’élabore, à travers le défilé, la scénographie de la place du Makusham, et le théâtre rituel, redonnant ainsi à la ville une connexion avec son identité la plus profonde. Celle-ci réapparait aujourd’hui dans des formes inédites grâce à des collaborations d’artistes de toutes origines communiant ensemble aux sources et au renouvellement de la culture autochtone. Les festivités touchent ainsi à l’essentiel de notre vouloir-vivre collectif qui s’y exprime avec force.
La métaphore d’une redécouverte dans le sous-sol de la ville de l’ancienne Hochelaga sert justement le point de départ à une ambitieuse symphonie cinématographique qui veut embrasser l’être essentiel de ce lieu qui est notre habitat. François Girard est allé à la rencontre des autochtones d’aujourd’hui pour retrouver l’esprit du lieu dans une volonté de toucher à l’essentiel avec son prochain film Hochelaga, terre des âmes. Autour de cette œuvre, il nous racontera, en présence de plusieurs acteurs des Premières Nations qui y ont travaillé, comment la démarche filmique de Hochelaga, terre des âmes s’inscrit dans le chemin qui doit nous conduire à une réconciliation avec l’histoire, avec le territoire et avec soi-même, pour chacun d’entre nous, peu importe son origine. L’esprit du lieu parle les langues ancestrales des premiers peuples de ce pays et continue aujourd’hui à nous parler de paix et d’amitié.
L’anniversaire qui aura toute son importance dans le festival, c’est celui des dix ans de l’adoption de la déclaration de l’ONU sur les droits des peuples autochtones; la soirée de clôture y sera dédiée (en étroite collaboration avec la Commission des droits de la personne et de jeunesse, le Wapikoni mobile et l’association Courts critiques). Ceci dans la même salle, l’auditorium de la Grande Bibliothèque où, sept jours plus tôt, se sera ouvert en grande le festival avec un programme de courts mettant en valeur les talents émergents qui impriment déjà la marque de leur originalité au cinéma autochtone qui se fait (parmi ceux-ci Caroline Monnet qui, en association avec Sébastien Aubin, va signer cet été une œuvre multimédia originale pour Présence autochtone)
Un cinéma où le long métrage est maintenant fréquent. Soulignons plusieurs premières canadiennes :
L’opus magnum de Video nas Aldeias, nos amis brésiliens, qui avec le grand documentaire Martirio, offrent une fresque de l’histoire tragique de la nation guarani-kaiowa du Mato Grosso do Sul et de son obstinée résistance face aux agressions génocidaires.
Icaros : A Vision, une fiction psychanalytique et hallucinatoire sur la quête d’absolu qui amène des Nord-Américains à chercher le salut auprès des guérisseurs shipibos de l’Amazonie péruvienne.
Zach’s Ceremony d’Aaron Petersen sur la reconnexion identitaire d’un jeune Aborigène qui a grandi en milieu urbain.
Tribal Justice de Anne Makepeace, la grande documentariste américaine (nomée pour un Oscar en 2000) qui viendra présenter son dernier film.
Two Soft Things, Two Hard Things fera écho dans la sélection officielle à la soirée où sera présenté Deep Inside Clint Star du cinéaste Clint Alberta (1970-2002). Conçu par Thomas Waugh et Jordan Arsenault, responsables du Projet Base de données des médias queer Canada-Québec (Université Concordia), un double programme explore l’histoire du court métrage vidéo bi-spirituel et queer autochtone au Québec et au Canada.
À noter également, toujours à l’Université Concordia, une série de films inuit qui sera présentée à la galerie FOFA.
Par ailleurs, plusieurs longs parmi les candidats au prix APTN, accordé à un cinéaste autochtone pour une réussite exceptionnelle dans l’année qui précède : Zacharias Kunuk pour Maliglutit (Searchers), Rezolution Pictures pour Rumble : the Indians Who Rock the World, Janine Windolph pour The Land of Rock and Gold, et Alethea Arnaquq-Baril pour Angry Inuk (ce dernier présenté en plein air en collaboration avec la SAT).
Mentionnons encore l’œuvre de la cinéaste sami Katja Gauriloff, Kaisa’s Enchanted Forest; le film de Carl Morasse Indian Time; Redfern Now : Promise Me de Rachel Perkins, réalisatrice australienne d’origine Arrernte et Kalkadoon; Johogoi Aiyy, un film lyrique signé Sergey Potapov; et le somptueux Frère des arbres : l’appel d’un chef papou de Marc Dozier et Luc Marescot.
Présence autochtone bénéficie de l’appui de nombreux partenaires dont la Guilde des métiers d’art où nous avons inauguré l’exposition des œuvres d’Abraham Anghik Ruben, Les esprits se rencontrent; la Société Makivik qui avec Taku expose les artistes inuit montréalais; l’Espace culturel Ashukan pour sa part inaugurera l’exposition From Smoke to Cyber Signals (Des signaux de fumée aux signaux cybernétiques); l’artiste abénakise Carmen Hathaway explore les réminiscences culturelles et les influences autochtones à l’aide de modes d’expressions numériques contemporains : à ce même endroit se tiendront les masterclasses APTN avec des cinéastes autochthones. Et le PQDS présentera deux concerts midi avec les artistes autochthones Sila and Rise, le jeudi 3, et Matiu, le vendredi 4 au Jardin Gamelin.
Terres en vues remercie tous ceux et celles qui, année après année, nous fournissent leur appui pour faire que le rêve d’un grand festival dédié à l’art des premiers peuples soit une réalité à Montréal et plus particulièrement Québecor, grand partenaire de Présence autochtone.