C’est une grande victoire pour tous les membres et sympathisant.e.s d’Amnistie internationale qui se sont mobilisé·e·s par milliers à nos côtés dans la défense de Raif Badawi depuis 10 ans.
« La libération de Raif Badawi après avoir été emprisonné en Arabie saoudite est un grand soulagement, mais n’efface en rien les traitements cruels que Raif a subis, ni l’injustice de son emprisonnement. Les autorités saoudiennes doivent veiller à ce qu’il ne fasse l’objet d’aucune autre mesure punitive, telle qu’une interdiction de voyager ou d’utiliser des médias sociaux”, réagit Colette Lelièvre, responsable de campagnes d’Amnistie internationale.
En effet, Raif Badawi reste toujours bloqué en Arabie saoudite, puisqu’il lui est interdit de quitter le pays pour les 10 prochaines années, tandis que sa famille réside à Sherbrooke, au Québec. Il lui est aussi interdit d’utiliser tout média social pour les 10 prochaines années, ce qui limite grandement sa capacité à s’exprimer.
Raif Badawi doit être réuni avec sa famille au Canada au plus vite, et l’interdiction de voyager doit être levée immédiatement pour Raif et pour tous les militants et militantes des droits humains qui ne peuvent sortir d’Arabie saoudite.
Amnistie internationale continue de se mobiliser pour garantir les droits de toutes et tous et pour faire pression sur les autorités du pays.
VIGILE POUR RAIF Une vigile est organisée pour Raif par Amnistie internationale jeudi 17 mars à 12h devant les bureaux d’Amnistie internationale, Maison du Développement Durable, 50 Rue Sainte-Catherine O, Montréal.
Informations complémentaires
En février 2021, le prince héritier Mohammed Ben Salman a déclaré que l’Arabie saoudite allait adopter de nouvelles lois et réformer les lois existantes afin de « consolider les principes de justice, garantir la transparence » et « protéger les droits humains ». Il a présenté les grandes lignes des plans visant quatre lois cruciales : la Loi relative au statut personnel, la Loi relative aux transactions civiles, le Code pénal pour les peines discrétionnaires et la Loi relative à la preuve. Les autorités n’ont toujours pas rendu publique quelque information que ce soit au sujet des suites qui auraient été données à ces promesses de réforme.
Malgré ces grandes annonces, la répression sévit toujours en Arabie saoudite. En lieu et place de tout progrès en matière de droits humains, le TPS, la tristement célèbre juridiction antiterroriste saoudienne, a repris ses activités, prononçant des peines d’emprisonnement à l’issue de procès d’une flagrante iniquité. Les procès devant le TPS sont intrinsèquement iniques, les accusé·e·s étant soumis à une procédure irrégulière qui viole les dispositions du droit saoudien et du droit international. Les défenseur·e·s des droits humains qui ont été libérés de prison, comme Raif Badawi, restent soumis à des décisions judiciaires d’interdiction de voyager et d’interdiction d’utiliser les réseaux sociaux.
Tous les défenseur·e·s des droits humains libérés après des peines d’emprisonnement sont contraints de signer des engagements, qui comprennent souvent l’interdiction de s’exprimer en public, d’avoir des activités de défense des droits humains et d’utiliser les réseaux sociaux. Ces conditions constituent des violations des droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique.
Pendant l’année 2020, une chute de 85 % du nombre d’exécutions a été enregistrée en Arabie saoudite. Immédiatement après la fin de la présidence par l’Arabie saoudite du G20, les exécutions ont repris et neuf personnes ont été exécutées en décembre 2020.
Plusieurs dizaines de personnes sont actuellement incarcérées en Arabie saoudite en raison de leurs activités militantes, de leur travail de défense des droits humains ou parce qu’elles ont exprimé des opinions dissidentes, d’après les recherches menées par Amnistie internationale.