Le Théâtre Aux Écuries (TAÉ) lance une saison 2024-2025 qui regorge de propositions théâtrales qui tendent toutes, à leur manière, vers un désir puissant de communauté. Les artistes rassemblés à travers leurs œuvres, cherchent à soigner les relations humaines et à revendiquer l’importance de la part sensible de nos existences. Cette année, le TAÉ propose 10 spectacles, 8 créations, 2 reprises et un micro-festival : du théâtre, mais aussi du théâtre performatif au croisement des arts visuels, de la musique et de la danse. « Nous présentons des démarches audacieuses, nous tablons sur l’originalité et la diversité des propositions », exprime le Collectif de direction artistique qui a concocté la saison. « Les artistes ont toute notre confiance et nous savons notre public intelligent et avide de cette chose que nous nommons : l’inattendu. » Outre son centre de diffusion, le TAÉ est aussi un Centre de Création – 45 accueils d’artistes la saison prochaine –, et un Centre de Services qui aide plus de 20 compagnies à se produire à travers tout le Canada. Le TAÉ est animé d’un inébranlable désir de renforcer sa communauté ; de constituer un lieu vibrant où l’artiste est plus que son projet et le spectateur plus que ce qu’il représente.
La saison 2024-2025 s’ouvrira du 24 septembre au 5 octobre 2024 avec MANÈGE MOU, une chorégraphie de matières légèrement robotisées, un concert pour choses molles, une collection de fragments. Entre l’essai, la chanson et la prose, un spectacle où le rapport au corps, à sa jouissance et à sa finitude y est exposé. Au cœur de ce monde bleu, de ses formes mottes et de ses états suspendus émerge un récit de soi sensible et tendre où l’on s’entraîne à l’impermanence. On baigne dans la pensée de Maggie Nelson, Louky Bersianik ou Laurie Anderson. On s’enveloppe de covers doudous de Talking Heads, des sœurs McGarrigle ou de Lou Reed. Mammifères est une compagnie de création en arts vivants au croisement du théâtre, du concert et des arts visuels, fondée en 2013 par l’artiste interdisciplinaire Karine Sauvé qui a produit Les grand-mères mortes (Meilleur spectacle jeune public, AQCT, 2015) et Chansons pour le Musée, en tournée au Québec, Ottawa et Avignon (2019-2023). Sur la scène : Karine Sauvé qui signe le texte, la co-mise en scène avec Anne-Marie Guilmaine, la co-scénographie et la performance, et Navet Confit et Nicolas Letarte-Bersianik, performance et conception musicale.
Du 22 au 26 octobre 2024 pour neuf représentations scolaires et adultes, AVANT QUE LA DERNIÈRE FEUILLE NE TOMBE, une création du collectif Feuille déchirée. Aouatef Krikou, Camille Havas et Roxane de Bruyn, qui signent le texte, partent en quête de leurs aïeules, algérienne, belge et hongroise, interprétant sur scène les temps forts de leur vie : souvenirs d’enfance, récits de rencontres et confidences. Les trois créatrices explorent ce thème depuis 2018 à travers l’écriture du spectacle, des ateliers de médiation et la création d’un livre d’artiste. Ce spectacle est tissé de différents matériaux, alliant habillement le cirque, la marionnette, le récit identitaire. Il en résulte une douce réflexion sur l’importance des liens intergénérationnels dans la construction de nos modèles émotionnels.
Le Théâtre de la Pire Espèce reprend du 11 au 16 novembre 2024 deux succès qui ne se démentent pas au fil des années, tant auprès du scolaire que du grand public, à Montréal et à l’étranger : LÉON LE NUL de Francis Monty et LES CONTES ZEN DU POTAGER d’Olivier Ducas. Léon le nul met en scène Léon, un petit garçon souffre-douleur de ses camarades, qui rêve de devenir un train, dur et puissant. Dans les contes zen du potager, les héros sont des moines ou des samouraïs : un légume, un fruit ou une douceur leur sert de corps, révélant leur caractère. Chaque geste, assuré et minimal, devient rituel et invention. Depuis 1999, le Théâtre de la Pire Espèce emprunte ses techniques à différentes disciplines telles que la marionnette, le théâtre d’objets, le clown, le cabaret et le théâtre de rue.
Du 5 au 14 décembre 2024, les Productions Menuentakuan présentent à Montréal, après le Trident à Québec, leur toute dernière création YAHNDAWA’ : CE QUE NOUS SOMMES, un texte de Marie-Josée Bastien, Andrée Lévesque Sioui et Charles Bender, dans une mise en scène de Véronika Makdissi-Warren. Récit à la fois familial et initiatique, Yahndawa’ : ce que nous sommes réinterprète la vie de Ludger Sarenhes Bastien – manufacturier, grand chef Huron-Wendat et homme politique québécois, député de Québec de 1924 à 1927 – et de sa descendance huronne-wendat comme une légende naviguant entre la vraisemblance et la fiction, là où l’histoire se pare de tout ce qu’elle a de cruel et de mythique. Les histoires entremêlées de cette fresque qui se déroule sur plus de cent ans résonnent, s’entrechoquent et se répondent entre elles. Et toujours, au milieu du récit, coule Yahndawa’, la rivière majestueuse. Les Productions Menuentakuan proposent, en se servant des codes de représentations du théâtre et de la performance, d’incarner un point de rencontre entre la culture des Premières Nations du Canada et les autres cultures qui viennent enrichir l’identité canadienne et québécoise. Une coproduction Productions Menuentakuan, Théâtre du Trident et Théâtre Niveau Parking.
Du 4 au 8 février 2025, le Théâtre I.N.K. présente au grand public et au public scolaire la pièce H¡T! de Julien Beauseigle dans une mise en scène de Marilyn Perreault. Inspirée de l’univers hip-hop, la pièce raconte l’histoire de Cody, alias CodyBeatz, qui, à 16 ans, refuse de devenir médecin comme son père le voudrait. Elle, ce qu’elle veut faire dans la vie, c’est des beats. Elle rencontre sur les réseaux sociaux Félix, alias Filou, un jeune rappeur qui cherche à se réinventer en ligne pour échapper à l’intimidation. Ils décident de collaborer. Mais rapidement, la soif d’intégrité de l’une et la quête d’identité de l’autre se confrontent. Ce texte, remarqué au 21e Festival du Jamais Lu Montréal, aborde la cyberintimidation et l’émancipation et s’adresse à un public adolescent. Fondé en 2002 par Marilyn Perreault et Annie Ranger, le Théâtre I.N.K. crée et met en scène, pour les publics adolescent et adulte, des textes inédits d’ici tout en portant une attention particulière à l’intégration de l’image et du mouvement dans l’interprétation théâtrale.
Suivra du 18 février au 1er mars 2025 la création HUMEURS DE VEUVE, une libre adaptation de Charlotte Moffet et Charlotte Gagné-Dumais du deuxième roman de Hervé Bouchard Parents et amis sont invités à y assister. La Veuve Manchée, interprétée par Marilyn Perreault, en solo sur scène, est prisonnière de sa robe de bois, de laquelle ne sort que la tête. À la mort de son mari, le Père Beaumont, les bras lui sont tombés. Elle ne peut plus répondre aux rôles qu’on lui impose, ceux de mère, de sœur et d’amante. Aux funérailles, elle raconte des histoires de famille dans un discours-fleuve. Parents et ami·e·s sont invité·e·s à y assister et à se laisser porter à travers les souvenirs et les désirs de la Veuve – du commérage de quartier à l’entretien de la maison, en passant par les rêveries dans la piscine où elle flotte pour oublier. Fondée en 2015 par Laurence A. Clavet et Charlotte Gagné-Dumais, la compagnie de création Le Théâtre des Trompes se dote d’un mandat féministe, une valeur fondamentale à sa démarche. La compagnie s’engage alors à créer, produire et diffuser des spectacles de théâtre non seulement féministes mais également novateurs. Plein tube (Théâtre Aux Écuries, 2021), a été la première étape d’un cycle de travail sur l’œuvre de l’auteur Hervé Bouchard
À l’affiche du 20 mars au 5 avril 2025, la création de PAYSAGES EN FILIATION, du théâtre performatif de Système Kangourou avec 7 cellules (parent-enfants) qui regroupent 16 comédiens, musiciens, danseurs et non-artistes… Inspiré du roman graphique Here de Richard McGuire, Paysages en filiation donne à voir la lente métamorphose d’un salon. Au gré d’instantanés de vie quotidienne et par le cumul d’actions parfois banales, parfois décalées, cette pièce commune et sans cesse transfigurée semble évoluer sur plusieurs années, suggérant le cycle des générations qui, à relais, tricotent et détricotent de nouveaux paysages. Métaphore du monde laissé en héritage, le salon de Paysages en filiation devient le refuge où puiser la solidarité et la créativité pour faire face aux chamboulements que promet l’avenir. L’idée originale est de Claudine Robillard à qui l’on doit l’écriture scénique avec Anne-Marie Guilmaine, et la collaboration des performeur·euse·s. Le travail de Système Kangourou se situe depuis une quinzaine d’années, à la croisée du théâtre, de la performance et de la sociologie.
Du 3 au 6 avril 2025 s’installe FILER DOUX un micro-festival en arts vivants sur le thème de la famille. Un évènement co-commissarié par Anne-Marie Guilmaine, Émilie Martz-Kun, Claudine Robillard et Anne-Marie Ouellet et coproduit par Système Kangourou et L’eau du bain. Filer doux, filer fou, filer flou… Quatre jours pour tramer dans tous les espaces du Théâtre Aux Écuries des formes artistiques dépareillées : la petite sœur performative chatouillera le grand spectacle ébouriffé; la cousine installative s’acoquinera à la jasette philosophique. Quatre jours de liberté qui tricoteront et détricoteront les liens entre les générations. Maison ouverte, turbulence assurée ! Le micro-festival est composé notamment de deux spectacles de théâtre : FAIRE LA MARGUERITE et les trois dernières représentations de PAYSAGES EN FILIATION.
Présentée dans le cadre du micro-festival FILER DOUX, la performance laboratoire FAIRE LA MARGUERITE de la compagnie L’eau du Bain, est une invitation franche à expérimenter un « devenir fleur » tout entier, irrigué par les savoirs profonds et anciens des enfants. Comment faire la marguerite ? Bien décidée à mener une enquête sociopolitique rigoureuse sur la question, la famille de la compagnie L’eau du bain a invité des dizaines d’enfants à y répondre. De la tête de Duras à un pistil de la Vallée-de-la-Lièvre, un grand voyage a été entrepris afin de tester différentes métamorphoses.
La saison 2024-2025 se termine par un spectacle de la compagnie Mille Feux, qui allie théâtre et danse : ENTRE NOUS SOMMES PRIS ENTRE NOUS de Marilyn Daoust et Gabriel Léger-Savard, présenté du 15 au 26 avril 2025. Deux femmes qui auraient pu ne jamais se rencontrer sont là, devant nous. Elles ont traversé leur époque et, maintenant, elles contemplent le vide, le silence. Leurs corps-histoires voguent sur des quadriporteurs électriques et traversent les passants, les multiples vies possibles, l’excentricité ou l’anonymat, le grandiose ou le banal, des renversements de rôles et d’éternels recommencements. À partir de leurs yeux, c’est finalement une grande fresque carnavalesque qui se dessine. La première création de ce duo d’artistes, Le temps des fruits, leur a valu l’obtention du Prix Culture de LOJIQ (2019), remis dans le cadre du Gala 35 ans d’échanges et de mobilité jeunesse entre la Fédération Wallonie-Bruxelles et le Québec. Le temps des fruits continue de tourner sporadiquement.
LES ÉVÉNEMENTS SPÉCIAUX HORS-SAISON
Vous êtes ici/You are here produit par La SERRE – arts vivants sera de retour du 1er au 4 novembre 2024. Diplômé·e·s en arts vivants et jeunes créateur·trice·s de la relève en théâtre, performance danse et cirque expérimenteront et approfondiront leur démarche artistique à travers l’élaboration d’un projet.
Le 20e Festival international de Casteliers qui se tiendra du 5 au 9 mars 2025, un spectacle de sa nouvelle programmation.
Le 24e Festival du Jamais Lu se tiendra du 2 au 10 mai 2025. Le Festival Jamais Lu accompagne et soutient la naissance d’œuvres théâtrales. Il présente des textes fraîchement achevés, des projets éditoriaux, des lectures jeune public et des classes de maître.
À la fin du mois de mai 2025, le OFFTA, manifestation artistique créée en marge du Festival TransAmériques (FTA) par LA SERRE – arts vivants, reviendra avec des propositions singulières d’artistes de la relève.
