La saison 24-25 s’entame sous le signe de la solidarité et c’est plus nombreux·ses que jamais que nous nous retrouvons au théâtre. En effet, le public nous a fréquentés si assidûment la saison dernière que nous avons fracassé nos records d’assistance avec un taux d’occupation de plus de 92 %!
L’appétit pour des propositions à la frontière du radical et du populaire ne se dément pas, si bien que nous creusons davantage nos questionnements sur les limites et les postures transgressives. Cela s’incarne à travers des créations vibrantes, bouleversantes et profondément humanistes.
En plus des nouvelles œuvres proposées, le public aura la chance de (re)voir certains spectacles remarquables créés récemment. Ces propositions à la théâtralité unique pourront alors rencontrer davantage de spectateur·rices!
En ce sens, suite au succès de sa tarification accessible, le Prospero maintient telle quelle sa politique de prix, sans augmentation. Ainsi, chacun·e est encore libre de choisir le tarif le mieux adapté à sa situation, et ce, tant pour les billets à la carte que pour les abonnements.
Tout est en place pour faire de la saison 24-25 le lieu de tous les possibles. Soyez des nôtres!
« Après avoir désacralisé, manipulé et trituré les portraits, nous avons eu un soubresaut. Alors que le monde s’envenime, il nous a semblé nécessaire de faire table rase des portraits solos. Nous avons ressenti le besoin de ne pas ajouter plus de bruit dans la ville, mais de tendre la main, comme une invitation pour imaginer la suite, ensemble. Cette ribambelle d’humain·es se serre les coudes, comme une petite armée prête à faire face aux sujets les plus complexes et à réenchanter nos imaginaires. »- Philippe Cyr
Créations du Prospero
Surveillée et punie Salle principale
Après une première fracassante au FTA 2024, Surveillée et punie reprend l’affiche au Prospero pour 10 représentations seulement! Quel sens donnons-nous à la liberté d’expression lorsqu’elle se matérialise en violence? Devant cette question insoluble, Safia Nolin et Philippe Cyr se consacrent à sublimer la haine en s’emparant de milliers d’insultes proférées à l’égard de la chanteuse, qui deviennent ici la matière première d’une création hors norme et entièrement musicale. Armée de sa guitare et entourée d’une communauté forte et fière, Safia se réapproprie l’espace duquel on la chasse. Ses nouvelles compositions répondent à un chœur d’une vingtaine de voix. À la fois majestueuse et vulnérable dans cette mise à nue, aux côtés de son alter ego Debbie Lynch-White, Safia déjoue les attentes et se libère du poids de la peur. Cette création du Prospero, en coproduction avec le l’Homme allumette, le Théâtre français du Centre national des Arts, Les Plateaux Sauvages (Paris), est présentée du 10 au 21 septembre 2024.
Ce spectacle est présenté par la Caisse d’économie solidaire Desjardins.
Mr.Burns, une pièce post-électrique Salle principale
Après l’effondrement de la civilisation, l’humanité est plongée dans l’obscurité. Six rescapé·es autour d’un feu tentent de tromper la peur en se rappelant un épisode des Simpson. Sept ans plus tard, le groupe forme une troupe de théâtre ambulante qui joue le répertoire de la célèbre émission pour égayer les survivant·es. Les répliques des épisodes deviennent monnaie d’échange pour des vivres et des batteries. Puis près d’un siècle plus tard, on s’est approprié l’histoire de la famille Simpson pour fabuler sur celle de l’Amérique. Cette comédie noire interroge brillamment notre rapport à la culture pop, tout en permettant d’examiner avec acuité les récits d’aujourd’hui et les traces qu’ils laisseront dans la mémoire collective. Présentée du 11 au 29 mars 2025, cette création du Prospero et du doué Collectif Tôle, écrite par Anne Washburn et mise en scène par Marie-Ève Groulx, déploie une distribution flamboyante : Maxime Brillon, Maryline Chery, Guillaume Laurin, Joanie Martel, Cécile Muhire, Ève Pressault et Fanny Rainville.
Ce spectacle est présenté par Hydro-Québec.
Ces regards amoureux de garçons altérés Salle intime
Au bout de 60 heures passées dans un sauna gai de Montréal, un homme se réveille désorienté, vidé, brisé. Que s’est-il passé? Foudroyé par la douleur aiguë du deuil amoureux, il se livre tout entier à ses désirs les plus enfouis, se débattant avec son manque et son envie de disparaître, jusqu’à la dépossession de son corps. Cette parole inexorable, propulsée au crystal meth, fait écho à une détresse trop souvent invisibilisée dans la communauté queer à travers un chapitre dans la vie d’un être qui a besoin de sombrer tout entier avant de refaire surface dans la lumière du jour. Après un spectacle de grande envergure en début de saison, le metteur en scène Philippe Cyr propose cette fois-ci un solo sobre et précis. Le comédien Gabriel Szabo fera résonner la langue incisive d’Éric Noël,qui expose avec honnêteté le spectre de la dépendance. Une création du Prospero à ne pas manquer, présentée du 8 au 26 avril 2025.
spectacles en Accueil
Iphigénie à Pointe-aux Salle intime
Du 1er au 19 octobre 2024, le public est invité à rencontrer une Iphigénie contemporaine, combative et révoltée, telle qu’imaginée par le dramaturge et scénariste gallois Gary Owen. Avec une fierté d’effrontée, dans sa langue décapante, l’héroïne partage avec nous son intimité et ses moments de grâce, de même que sa difficulté à se faire une place dans ce monde. Transposée à Montréal par Alice Tixidre, la pièce mise en scène par Isabelle Bartkowiak et produite par le collectif Les Stations sordides et le Théâtre Catapulte est portée ici par quatre interprètes choisies pour leur dynamisme et dissemblance de caractère : Katherine Céré, Virginie Charland, Cassandre Mentor et Caroline Tosti. La figure mythologique s’avère le parfait véhicule pour s’interroger sur le sacrifice de la jeunesse, des femmes et des pauvres dans nos sociétés, au profit des ultra-riches.
Cette colline n’est jamais vraiment silencieuse Salle principale
Cette « percutante relecture du mythe de Sisyphe » (Le Devoir) a conquis le public et la critique lors de sa création à La Chapelle en avril dernier! Avec ce théâtre de l’absurde présenté du 8 au 19 octobre 2024, produit par Création Dans La Chambre, Gabriel Charlebois-Plante tente une expiation collective en nous tendant un miroir dans lequel on reconnaît peu à peu le reflet de nos vies insensées. La pièce, portée par un langage plein d’humour et des performances remarquables de Philippe Boutin, Amélie Dallaire, Papy Maurice Mbwiti et Élisabeth Smith, nous entraîne dans une vertigineuse exploration de l’origine du châtiment et des rapports de pouvoir. Réalisé avec cinq tonnes de roches et une seule source de lumière, le spectacle est une tentative de libération de tout ce qui alourdit la vie et empêche l’amour de soi et des autres.
Homicide Salle principale
Après un fulgurant succès critique et public lors de sa création en 2023, Homicide est présenté en reprise du 5 au 16 novembre 2024 pour faire rayonner plus largement ce « moment de théâtre exceptionnel » (ICI Radio-Canada Première). Avec sa compagnie Projet MÛ, le duo composé de l’auteur Pascal Brullemans et de la metteure en scène Nini Bélanger s’inspire d’un fait divers et présente une véritable plongée vertigineuse dans la psyché d’un garçon qui cherche à combler son besoin insatiable d’exister en posant un geste innommable. Le texte tente de comprendre ce que cet événement révèle sur nous et pose, par le fait même, un regard lucide sur les enjeux identitaires métamorphosés par la révolution numérique. Ce récit polyphonique oscillant entre l’horreur et le fantasme est défendu par l’acteur Dany Boudreault dans « l’une des plus fortes performances de sa carrière » (La Presse), accompagné brillamment par Christian Rangel.
L’histoire de comment je me suis séparée en deux Salle intime
Du 12 au 30 novembre 2024, Hoda Adra, récipiendaire en 2024 du prix Joseph-S.-Stauffer remis par le Conseil des arts du Canada à des artistes au talent prometteur, propose un récit rugueux, joyeux et libérateur. Partie de la lointaine contrée de la Brumanie, une femme voyage pour mener une mission de courte durée. D’où elle vient, une brume opaque avale l’horizon et des boules dans les gorges des femmes étouffent leurs voix. Dans son périple, la voyageuse vit une expérience inattendue : elle se divise en deux et fait la connaissance d’un fantôme rose assoiffé de nouvelles expériences. L’artiste nous accueille au milieu de carnets de notes, de dessins colorés et d’objets fabriqués avec ingéniosité pour nous raconter l’histoire d’une filiation essentielle, d’un déchirement intérieur et d’une réalité géopolitique complexe qui nous concerne toustes.
De glace Salle principale
Dès le premier contact, Unn et Siss tissent entre elles un lien si fulgurant et si puissant qu’il bouleverse tout. Or, au lendemain de cette rencontre déterminante, Unn disparaît. Tirée du célèbre roman norvégien de Terjei Vesaas, riche d’images poétiques et de symboles mystérieux, cette création théâtrale tout public nous entraîne dans un univers de son, de lumière et de fumée, le temps d’une expérience théâtrale immersive et enivrante. Muni·es d’un casque d’écoute, les spectateur·rices sont plongé·es au cœur d’un monde brumeux, traversé de douces hallucinations, imaginé par l’inimitable équipe de L’eau du bain (White Out, La chambre des enfants). La pièce, mise en scène par Anne-Marie Ouellet et interprétée par Émilie Camiré-Pecek, Justine Fortin-Lacombe, Odile Gagné-Roy, Marie-Pier Lajoie et Guillaume Saindon, est à découvrir du 3 au 14 décembre 2024.
Sur tes traces Salle principale
Quel bonheur de présenter du 4 au 22 février 2025 la pièce Sur tes traces, une production de La Messe Basse et de La Ligne d’Ombre créée au Kunstenfestivaldesarts, puis présentée en tournée européenne et au FTA! Dany Boudreault et Gurshad Shaheman y mènent une enquête de terrain sur la vie de l’autre. De la frontière iranienne aux rives du lac Saint-Jean, chacun décèle des secrets, des vérités, des tressaillements insoupçonnés, sculptant ainsi un portrait inédit de l’autre. De ces biographies irrésolues émergent de passionnantes questions qui touchent au désir, à l’Histoire, ainsi qu’au corps politique et sexuel. Sur tes traces est constitué de deux monologues livrés en simultané et entrelacés dans un surprenant dispositif scénique. Muni·e d’un casque audio, chaque spectateur·rice est invité·e à multiplier les allers-retours entre les deux récits afin de circuler librement dans les méandres de cette œuvre polyphonique. Quelle bribe d’existence attrapera-t-on? Quelle histoire cette écoute fragmentée dessinera-t-elle?
Corps ouverts Salle intime
Du 25 février au 15 mars 2025, Corps ouverts pose un regard critique sur la médecine occidentale, tout en examinant les contradictions et les résistances qui nous habitent. Prise au piège entre l’absurdité et la rapidité du processus médical, Coralie Lemieux-Sabourin doit affronter sa peur de mourir, subir l’ablation de son foie et se confronter à l’intrus qu’on lui insère entre les côtes : Marcel, son donneur imaginé. Non sans une touche d’humour, le spectacle inspiré par l’expérience de l’autrice suite à sa greffe nous entraîne dans un parcours singulier qui ébranle les frontières entre le corps et l’esprit. Une matière éminemment intime, mais également politique et philosophique. La comédienne Geneviève Labelle devient ici l’alter ego de l’autrice, aux côtés des interprètes Sébastien Gauthier et Amélie Prévost, dans une mise en scène signée Mélodie Noël Rousseau.
La chouette Salle principale
Pour creuser la fascinante question de la monstruosité, trois artistes de générations différentes, Brigitte Haentjens, Sébastien Ricard et Micha Raoutenfeld, se nourrissent de pensées riches, poétiques, politiques et radicales. Iels s’inspirent notamment des idées du philosophe espagnol trans Paul B. Preciado et de celles du géographe Jean Morisset. Dans les interstices entre les catégories rigides qui organisent notre réalité se trouvent des espaces révolutionnaires, des refuges où évoluent des êtres métissés et des idées inclassables, hors-normes. Porter en soi quelque chose qui, pour les autres, demeure un mystère : est-ce cela qui est monstrueux? Refusant de tabler sur leurs acquis, le trio s’engage dans un processus audacieux et tente un nouvel ordre du monde. Cette nouvelle création de la compagnie Sibyllines, un premier texte signé par Ricard, est présentée du 22 avril au 10 mai 2025.
Festival des Faubourgs
Le Théâtre Prospero est fier de prendre part au Festival des Faubourgs, dont la première édition aura lieu du 23 au 25 août 2024!
Pour l’occasion, les diffuseurs du Quartier culturel des Faubourgs — le Prospero, Espace libre, l’Usine C, la Maison de la culture Janine-Sutto, le Cabaret Lion d’Or et l’Écomusée du fier monde — proposent des spectacles gratuits dans le quartier Centre-Sud.
« Sous le soleil ou sous la pluie, à l’intérieur comme à l’extérieur, nous vous invitons à redécouvrir sous un angle nouveau ce quartier en pleine ébullition, et à le célébrer dans une ambiance conviviale et festive. » – Les directions artistiques
De nombreux artistes performeront au cours de cette fin de semaine des plus animées : Emmanuel Jouthe | Danse Carpe Diem, Olivia Khoury, Cie Manuel Roque, karen elaine spencer, Élise Ekker-Lambert, Gaël Poirier, Nathalie Grimard, Projet Alterdogs, Voyageurs Immobiles, Sillicon Beats, Krystina « Mystique » Dejean, Sinha Danse, La Maison d’Ophélie, Rose de la Riva, Méchant Manège, Eric Vega.
Activités satellites
Le Théâtre Prospero poursuit ses activités satellites afin que le travail artistique subsiste au-delà de la finalité de production. Dans l’optique de céder de la place à la source du travail, à la fabrication et à l’artisanat, la compagnie propose plusieurs initiatives pour générer des conversations internationales et pour renforcer le développement artistique.
L’École de la transgression est de retour pour une troisième année, nourrie par l’idée de la transmission et de l’essai. Pour l’occasion, deux laboratoires intensifs d’une semaine, imaginés conjointement avec des artistes invité·es, se tiendront au cours des prochains mois pour un groupe de 10 à 15 participant·es. Au cours de ces ateliers, les créateur·trices de toutes provenances mettront en jeu leur pratique dans la rencontre avec d’autres artistes.
Aussi, de nombreuses rencontres publiques seront proposées au cours de l’année à venir, des conversations autour d’idées et de concepts à fouiller et à approfondir. Ces opportunités uniques permettront de transformer une idée en matière pour élargir la pensée et nourrir nos mutations. Cette série comprendra entre autres une discussion entre Nicole Brossard et Chloé Savoie-Bernard, un documentaire de Fabrizio Terranova autour de Donna Haraway et une Assemblée des vivant·es orchestré par la compagnie Sibyllines.
En 2022, le Prospero a rejoint le REM – Résidences en mouvement, un programme international d’échange de résidences avec le Théâtre l’Aire Libre – le joli collectif (France), La Balsamine de Bruxelles (Belgique), Le Grütli de Genève (Suisse) et le Périscope de Québec (Canada). Son implication se poursuit cette année, notamment en permettant à un·e artiste québécois·e de bénéficier d’une résidence à l’étranger et à des artistes internationaux d’être accueilli·es au Prospero au cours de la saison.
Enfin, au niveau local, le Prospero accueillera des artistes en résidence durant la saison pour qu’ils et elles puissent débuter ou poursuivre une recherche en cours autour d’un projet qui leur est cher. Les artistes en résidence cette saison sont Sébastien David, le Théâtre indépendant, Camila Forteza, Jean-Christophe Leblanc et Manolis Antoniou.
MANDAT DU PROSPERO
La création est l’axe fondamental et fondateur du Prospero, qui développe une trajectoire forte de l’écriture scénique. Dans un dialogue étroit avec des praticien·nes et des penseur·es de territoires culturels diversifiés, elle embrasse les enjeux actuels du théâtre et ceux, fondamentaux, de notre monde; elle remet en question les conventions.
Les écritures contemporaines constituent des occasions fortes pour rafraîchir son rapport à la parole et au récit en s’ouvrant aux formes nouvelles qu’elles inspirent. Le Prospero s’engage auprès d’artistes québécois·es, canadien·nes et de l’étranger, afin qu’ils et elles puissent produire, diffuser et développer un point de vue singulier sur leur démarche et leur pratique.
Lieu ouvert à l’altérité, ses activités ne se déploient pas uniquement du côté de la production ou de la diffusion. Le Prospero favorise le développement des artistes et aiguise le regard du public à travers un programme d’activités conçu pour nourrir le dialogue de manière transversale.
