Le Keytruda est un anticorps monoclonal utilisé dans le traitement de plusieurs cancers, dont celui du poumon. Or, une seule fiole de 4 ml coûte 4400$. Selon les indications du fabricant, toute substance restante dans un flacon à la fin de la journée, doit être éliminée pour prévenir les risques de contamination par des bactéries ou des champignons.
Toutefois, selon une étude récente d’une équipe de chercheurs de l’Université Laval, tirée de la revue Pharmacy, cette méthode constitue un gaspillage pur et simple. En effet, les recherches ont démontré que le médicament peut être conservé sans danger pendant au moins 14 jours, et ce, même à la température ambiante.
Conséquence de cette pratique, des millions de doses et de dollars de ce médicament sont jetés à chaque année, à travers la planète. Seulement à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec-Université Laval (IUCPQ), ce gaspillage avoisinerait près de 100 000$ annuellement.
Afin de valider si les appréhensions du fabricant étaient fondées, les membres de l’équipe de recherche ont prélevé des échantillons de ladite médication, dans quelques fioles. Par la suite, ils ont refait des prélèvements dans ces mêmes fioles, une semaine et quatorze jours plus tard. Les échantillons ont été conservés dans des milieux de culture pour valider s’ils contenaient effectivement des micro-organismes.
Les résultats prouvent que le médicament est resté stable et qu’il n’y a eu aucune contamination microbiologique, et ce, sans égard au fait que les fioles avaient été gardées à la température de la pièce ou au froid. Ces analyses remettent en question, la pratique de l’usage unique, le jour même, sous peine de contamination. Ceci porte à croire qu’en utilisant la quantité restante dans les fioles, au cours des jours suivants, on arriverait à éliminer pratiquement, toutes les pertes. Si cette pratique constitue une mauvaise nouvelle pour le fabricant, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’une excellente nouvelle, pour les payeurs de taxes.
La pratique de l’usage unique, le jour même, s’applique également à plusieurs autres médicaments de la famille des anticorps monoclonaux. Des études pourraient sensiblement à en venir à la même conclusion pour certains d’entre eux. Or, si le contenu restant des fioles de ces autres médicaments est récupérable, cela signifierait des économies énormes pour la province et à l’échelle planétaire, puisque plusieurs d’entre eux représente des coûts très onéreux non seulement en raison de leur coût individuel, mais également pour les médications, dont le coût est moindre, mais dont un grand nombre de personnes font usage.
Martine Dallaire, B.A.A.