Au Canada, entre 40 et 45 % des personnes seront confrontées, tôt ou tard, à un diagnostic de cancer, selon une étude de la Société canadienne du cancer. Apprendre qu’on est atteint d’un cancer s’avère un choc et entraîne des bouleversements dans son mode de vie et au niveau psychologique, mais peut aussi représenter un gouffre financier pour les malades. Neuf familles sur dix qui mènent une bataille contre le cancer disent être confrontées à des problèmes financiers, conclut le rapport de l’organisme.
Des iniquités économiques face au cancer
Si le régime d’assurance-emploi est équitable mathématiquement parlant en ce qui concerne les prestations de maladie, parce qu’il correspond à 55% du salaires brut des patients, il n’en demeure pas moins que cela affecte davantage les personnes à faible revenu, qui ne bénéficient d’aucune autre protection en cas de maladie, comparativement aux travailleurs qui peuvent compter sur une assurance salaire qui permet de mieux parer aux coûts. Plus est, les prestations de maladie par exemple, le régime d’assurance emploi verse des prestations en cas de maladie pouvant atteindre 55 % du salaire, mais ces prestations ne sont versées que pendant 15 semaines. Or, la période moyenne de traitement est nettement plus longue que 15 semaines. Le Canada serait à la traîne puisque ces prestations dépassent les 26 semaines dans 90 pays. De plus, la plupart des régimes d’assurance invalidité versent des indemnités sur une plus longue période. Plus est, l’âge du patient, le type de cancer et de traitements, ainsi que le pronostic pourrait allonger la période durant laquelle les revenus seront amputés.
Sortir de l’argent de ses poches malgré les programmes provinciaux et les régimes d’assurances
Si la plupart des soins médicaux sont couverts par la RAMQ, il faut savoir que le coût moyen d’une série de traitements de chimiothérapie contre le cancer au Canada, avoisine les 65 000 $, et toutes les provinces ne remboursent pas l’ensemble des frais. Au Canada, ces coûts mensuels peuvent aller de 253 $ à 550 $ par mois. Le montant dépend du type de cancer et des circonstances individuelles. Les assurances et régimes provinciaux ne couvrent pas l’ensemble de tous les frais médicaux et paramédicaux et les malades doivent composer avec les franchises, la portion non couverte des coûts, les exclusions et le montant maximum annuel payable.
Les crédits d’impôt fédéraux et provinciaux pour faire face à la maladie (crédit pour proche aidant, personne handicapée, pour conjoint à charge et autres) peuvent certes aider un peu en diminuant le fardeau fiscal des ménages. Toutefois, les impacts seront moindres pour les ménages à faible revenu, ces derniers payant peu ou pas d’impôt.
Les frais accessoires mais essentiels non couverts par les différents régimes.
Frais de transport
Outre les frais médicaux et paramédicaux engendrés par le cancer, les ménages doivent composés avec plusieurs autres frais. C’est le cas des frais de transport pour se rendre et revenir des rendez-vous médicaux, qu’il s’agisse des frais de véhicules à moteur (essence, stationnement, entretien et réparations), mais pour certaines familles le coût des assurances auto pourrait s’en ressentir si la famille habite une région éloignée et qu’elle doit parcourir plus du nombre de kilomètres parcourus prévu annuellement, engendrant ainsi, une augmentation de la prime. Les personnes ne disposant donc que d’un véhicule personnel pourraient devoir assumer des frais de transport par autobus ou en taxi ou devoir dédommager des proches pour les conduire à leurs traitements. Pour les personnes vivant en région éloignée, le cancer peut représenter l’obligation d’acheter des billets d’avion et de devoir débourser des frais d’hébergement hôtelier.
L’aide à domicile et les équipements spécialisés
Subir des traitements contre le cancer représente une perte d’énergie physique et morale pour le patient et sa famille. Le ménage pourrait avoir besoin d’aide pour effectuer certaines tâches ménagères, préparer les repas, faire les courses et prodiguer les soins aux proches. Aussi, la famille pourrait être dans l’obligation de recourir à de l’aide professionnelle ou s’acheter des repas préparés et devoir débourser pour ces tâches quotidiennes. Pour les familles s’occupant de jeunes enfants, la maladie pourrait représenter des frais de garde additionnels à ceux déjà payés. Le domicile pourrait devoir être adapté à la condition du patient et nécessiter certains travaux, afin de faciliter sa vie quotidienne. On pourrait devoir acheter des barres de soutien, des équipements d’aide à la mobilité où de devoir effectuer certaines améliorations sur le bâtiment proprement dit comme aménager une rampe d’accès ou une douche pouvant accueillir de l’équipement facilitant la mobilité, par exemple avec des coûts qui pourraient s’avérer non négligeables.
Comment amortir ces coûts?
Il existe certaines façons d’amortir ces coûts. On peut bénéficier d’une aide gouvernementale si les dépenses en médicaments dépassent un certain pourcentage du revenu. L’assurance-santé individuelle ou collective est aussi une bonne option pour vous aider à couvrir le coût des traitements contre le cancer.
Des coûts indirects importants
Les coûts indirects sont aussi importants et comprennent les pertes de revenu, les congés de maladie, le coût encouru par l’employeur pour remplacer un travailleur, et la baisse de la productivité. En fait, pour l’économie canadienne, les pertes de productivité globales se situent entre 75 et 317 millions de dollars par an. En outre, les patients travaillant à leur compte font face à une perte de revenus plus importante que les personnes salariées, puisqu’elles ne sont généralement pas couvertes par une assurance en cas de perte de revenus et qu’elles doivent continuer à assumer les frais fixes générés par leur entreprise.
Le cancer serait responsable de près de 30 % des décès au pays et entraînerait l’insolvabilité de plusieurs ménages.
Martine Dallaire, B.A.A.