Suite aux élections présidentielles qui ont eu lieu au Pérou les 11 avril et 6 juin 2021, le résultat du second tour de l’élection entre Keiko Fujimori et Pedro Castillo, reste indéterminé ce qui pousse les observateurs à craindre pour l’avenir démocratique du pays si toutefois Keiko Fujimori est déclarée gagnante du scrutin présidentiel.
Dans ce contexte, des Organisations de la société civile Canadienne et des citoyens canadiens d’origines péruviennes ont envoyé à la rédaction du journal L’initiative une lettre ouverte adressée au Premier ministre du Canada dont voici le contenu :
Montréal, 1 juillet 2021
Le très honorable Justin Trudeau, Premier ministre du Canada
Nous sommes profondément préoccupés par les troubles politiques que vit actuellement le Pérou. Comme vous le savez, deux semaines après le second tour de l’élection présidentielle réalisé le dimanche 6 juin, les résultats officiels ne sont toujours pas annoncés et on ne sait pas quand le président élu sera proclamé. Avec 100 % des voix, Pedro Castillo du parti Perú Libre (coalition de gauche) a devancé son adversaire Keiko Fujimori, fille de l’ancien dictateur Alberto Fujimori (1990-2000) du parti Fuerza Popular (droite conservatrice) par 0,25 % du total des voix (une différence de 44 058 voix). La transparence du processus électoral et de ses résultats a été évaluée et validée par des institutions nationales et internationales telles que la mission d’observation électorale de l’Organisation des États américains. Cependant, Fujimori n’accepte pas sa défaite, et profitant de ces résultats serrés, tente de renverser la volonté populaire en sa faveur. Pour ce faire, le parti de Fujimori tente de faire annuler des milliers de votes autochtones et ruraux, ainsi que de discréditer les élections par le biais d’allégations de fraude non fondées imputée à son adversaire. Ces manœuvres finissent par entacher le processus électoral, suivant ainsi une stratégie similaire à celle de Donald Trump lors de la dernière élection présidentielle aux États-Unis.
Après l’annonce des résultats, de prestigieux cabinets d’avocats, engagés par Fujimori, ont contesté des bureaux de vote. La grande majorité de ces demandes n’ont pas été présentées à l’intérieur du délai fixé par le Jury national des élections, l’organe institutionnel chargé des processus électoraux au Pérou. Parmi les demandes admises, toutes ont été rejetées faute de preuves. Le parti de Fujimori fait appel de cette décision et demande un examen électronique de l’ensemble du processus électoral. C’est cette stratégie juridico-politique qui retarde l’annonce officielle des résultats électoraux et la proclamation du président élu.
C’est dans ce but que le parti de Keiko Fujimori a intensifié sa campagne de peur et de désinformation, commencée dès le moment où madame Fujimori a brigué la présidence. Avec le soutien de la majorité des médias et de personnalités péruviennes de renom international comme le prix Nobel de littérature Mario Vargas Llosa, Fujimori et son parti remettent publiquement en cause la transparence du processus électoral. De plus, les partisans de Fujimori harcèlent les autorités électorales et exigent que les forces armées interviennent pour favoriser cette candidate. Des journalistes de la télévision incitent les citoyens à commettre un coup d’État qui porterait Fujimori au pouvoir. En effet l’utilisation d’un langage raciste et discriminatoire pour présenter Pedro Castillo et ses partisans comme « ignorants » et « violents » a été au cœur de la campagne de Fujimori. Tous ces facteurs ont contribué à profondément polariser l’opinion publique et à créer un climat d’intolérance et d’intimidation qui fait craindre le pire pour le respect des droits et libertés de la population péruvienne.
En réponse aux tentatives d’annulation de leur vote et aux accusations de fraude en provenance du parti de Fujimori, des membres d’organisations populaires et de communautés rurales et autochtones de différentes régions du Pérou ont rejoint la capitale du pays, Lima, pour défendre leurs votes et exiger que le président élu, Pedro Castillo, soit officiellement proclamé. Ces braves citoyens prennent le risque de se mobiliser de manière massive pour la démocratie dans un pays où le taux de mortalité par la Covid-19 est le plus élevé au monde.
Nous réitérons notre préoccupation envers la situation actuelle dans notre pays d’origine et craignons que l’instabilité de ses institutions démocratiques, déjà fragiles, ne se transforme en une crise plus profonde. Connaissant le rôle que le Canada joue dans la défense de la démocratie et des droits de la personne dans le monde et puisque le Pérou est un partenaire commercial, nous vous demandons respectueusement de reconnaître publiquement la validité de l’élection présidentielle au Pérou et d’appeler au respect de ses résultats ainsi qu’à la passation de pouvoir de manière pacifique.
Collectif de Péruviennes et de Péruviens du Québec en défense de la démocratie
Signataires :
Organisations de la société civile :
Development and Peace – Caritas Canada
Comité pour les droits humains en Amérique Latine (CDHAL)
Individus :
Jorge Flores-Aranda | Professeur, école de travail social, UQAM, |
Susana Cossios | PT Faculty, CMLL Department, Concordia University, |
Juan Miranda Sanchez | Professeur, UNAM (Gatineau), |
Ismael Vaccaro | Professeur, Department of Anthropology, McGill University |
Jean Martin Beaulieu, | Professeur, Department of Pharmacology & Toxicology, University of Toronto |
Rossio Motta-Ochoa | Chercheure, école de travail social, UQAM |
Guillaume Hébert, | Chercheur |
Alejandra Zaga Mendez | Chercheure en économie écologique |
Roxana Paniagua, | Professeure de sociologie, Collège de Maisonneuve |
José Paredes Dávila | Enseignant |
Alonso Gamarra, | Étudiant au doctorat, Anthropology, McGill University, |
Elsa Oliva Navarrete | Junior associate à FinDev |
Jorge Legoas | Anthropologue |
Monika Barbe | Anthropologue |
Ana Rita Portocarrero, | Sociologue |
Natalia Incio Serra | Coordinatrice de recherche, |
Claudio Bonatto Gamio | Assistant de recherche, McGill University |
Ketty Canchaya | Directrice d’Urpicha Productions |
Pavel Osores | Médecin urgentologue |
Pilar Motta Sanchez | Hygiéniste dentaire |
Luis Alberto Cortez Santos | Préposé aux bénéficiaires |
Victor Raul Cortez Santos | Préposé aux bénéficiaires |
María Cueva Carranza | Préposé aux bénéficiaires |
Luisa Elena Cortez Santos | Auxiliaire d’enfermerie |
Johnny Gomez | Réseau de la santé |
Gustavo Saavedra | Biologiste, |
Gladys Haro Vera | Éducatrice |
Tania Zubieta | Enseignante au secondaire |
Natacha Torres-B. | Enseignante au secondaire |
Jesús Zamudio Juarez | Travailleur autonome |
Yolanda Céspedes | Service à la clientèle |
Ylvia Salazar Caceres | Retraitée |
Telma Salazar Caceres | Retraitée |
Rafael Verastegui | Ingénieur électrique |
Renato Tuesta-Vilca | Ingénieur mécanique |
Edgar Chahuillco | Ingénieur électrique |
Giovanna Llamosas Chu | Chimiste et ingénieure |
Manuel Hernandez | Gréeur installation Show SDT, PDG SomosArte inc |
José Manuel Perea | Gestionnaire |
Gerardo Ly Hoja | Psychologue |
Cristina Sanguinetti | Linguiste et retraitée de la fonction publique, |
Paola Melgarejo | Commis administrative |
Ana Maria Seifert | Conseillère syndicale en santé et en sécurité au travail |
Maria-Elena Montoya | Consultante en développement, |
Martín Incio | Coordonnateur de programmes en coopération international |
Eduardo Malpica | Coordonnateur des communications |
Giancarlo Ayala-Charca | Technologue de laboratoire |
Wigberto Paredes | Technicien en informatique |
Luisa F. Montesinos | Cadre supérieur dans une banque |
Rafaella Alegre | Artiste |
Claudia Valcarcel | Étudiante |