Thomas F. Khairy, un adolescent montréalais de 15 ans, est devenu aujourd’hui la plus jeune personne à agir à titre d’auteur principal d’un article de la publication scientifique New England Journal of Medicine. Cosignataire avec son père, le Dr Paul Khairy, cardiologue à l’Institut de Cardiologie de Montréal (ICM) et professeur de médecine à l’Université de Montréal, il y dévoile les résultats de l’étude Infections Associated with Resterilized Pacemakers and Defibrillators. Son travail confirme le potentiel des stimulateurs cardiaques et défibrillateurs restérilisés comme option de traitement dans les pays en voie de développement.
L’initiative a commencé en 1983 lorsque le Dr Raphael Castan (1934-2015), un cardiologue canadien d’origine dominicaine, a collaboré avec le service d’électrophysiologie de l’ICM pour envoyer des stimulateurs cardiaques et des défibrillateurs recyclés dans son pays d’origine. Aujourd’hui, le programme dirigé depuis plus de 10 ans par Marie-Andrée Lupien, technicienne d’électrophysiologie à l’ICM, compte plusieurs sites au Mexique, au Honduras, au Guatemala, à Cuba, en Équateur et en République Dominicaine qui bénéficient de ces appareils réutilisés destinés à des patients qui n’ont aucune autre option de traitement. Alors que Thomas F. Khairy était affecté auprès de l’équipe responsable du programme lors d’un stage d’été en 2017, il a proposé de mener une recherche afin de déterminer si les appareils neufs et usagés occasionnaient des taux d’infection similaires chez les patients.
« J’étais à la recherche d’un sujet pour la foire scientifique de mon école », mentionne Thomas F. Khairy, auteur principal de l’étude et étudiant à la Loyola High School. « En discutant avec l’équipe d’électrophysiologie, j’ai réalisé qu’il serait intéressant et bénéfique de se pencher sur la question du taux d’infection. »
Des résultats encourageants
L’étude a été menée auprès de 1 051 personnes qui ont reçu un stimulateur cardiaque ou un défibrillateur restérilisé depuis 2003, année de la mise sur pied du registre prospectif. Chaque stimulateur cardiaque et défibrillateur a été comparé à trois appareils neufs. L’équipe a démontré que le taux d’infection et de mortalité à deux ans en lien avec l’appareil usagé n’était que de 2 %, un taux qui n’était pas statistiquement plus élevé que celui observé au Canada.
« Les résultats de cette étude sont très encourageants et confirment que les appareils ayant déjà servi sont des options de traitement viables pour sauver la vie de patients situés dans des zones où ils n’ont pas accès à des technologies de pointe, faute de moyens », mentionne Marie-Andrée Lupien, technicienne en électrophysiologie et responsable du programme.
Une solution pour les pays en voie de développement
Puisque la législation des pays industrialisés ne permet pas la réutilisation de stimulateurs cardiaques et de défibrillateurs usagés, l’ICM donne, depuis 1983, un second souffle aux appareils présentant une bonne durée de vie. Les appareils sont nettoyés, désinfectés, décontaminés, puis reprogrammés afin de les offrir à des pays en voie de développement. Une fois arrivés à destination, les appareils usagés sont restérilisés avant utilisation. En tout, 28 maisons funéraires du Québec participent à ce programme en redonnant à l’ICM leurs appareils. Les résultats de l’étude Infections Associated with Resterilized Pacemakers and Defibrillators confirment l’importance de développer ce type de programmes, qui représentent une solution médicale réelle pour les patients vivant dans les pays qui n’ont pas accès à ces technologies.