En décembre 2021, après des années de pression, Justin Trudeau a confié au ministre de l’Immigration Sean Fraser le mandat de régulariser les personnes migrantes sans papiers. Dans une entrevue qu’il a accordée la semaine dernière, Fraser s’est engagé à faire honneur au mandat qu’on lui a confié parce que « c’est la chose juste à faire ».
« La régularisation est, en effet, la chose juste à faire, » a déclaré Mamadou, un organisateur sans papiers à Solidarité Sans Frontières (SSF). « Mais nous n’accepterons aucun critère d’exclusion ni demi-mesure. Nous avons besoin d’un accès égal à un statut! » Des organisations de personnes migrantes comme SSF et le Migrant Rights Network réclament un programme de régularisation simple et accessible sans barrière tel que la paperasse excessive ni exclusions ou interdictions de territoire.
Quelque 500 000 personnes migrantes vivent au Canada sans un permis valide (« sans-papiers ») en raison d’un système frontalier injuste et violent. Ce sont nos voisin.e.s, nos collègues, ces personnes font partie de nos communautés, mais l’État canadien ne les reconnaît pas en tant que tel. Andres, migrant sans papiers, partage sa frustration : « J’ai traversé 5 pays différents, explique-t-il, avec un seul objectif, trouver un lieu sûr où m’établir avec ma conjointe et où mes enfants pourront grandir. Je n’arrive pas à croire que je serai une fois de plus forcé de me cacher, de vivre dans la peur.»
« Pour les personnes migrantes, être sans papiers c’est être vulnérable à l’exploitation et aux pratiques abusives des employeurs », observe Mostafa Henaway du Centre des travailleurs et travailleuses migrant.e.s (CTI). « À l’opposé, la régularisation permet de s’organiser et de défendre ses droits comme tout le monde. »
La revendication d’un statut pour toutes et tous est reprise par 483 organisations d’un bout à l’autre du Canada, notamment la Ligue des droits et libertés (LDL), basée au Québec. « Nous demandons un programme de régularisation complet, large, et continu pour toutes les personnes migrantes qui sont sans papiers au Québec et au Canada », a affirmé la présidente de LDL, Alexandra Pierre. “Il est non seulement à notre avis possible de le faire parce que le Canada et le Québec l’ont déjà fait. Certes à la carte, certes de façon imparfaite, mais sans grandes difficultés administratives et sans conséquences néfastes. Donc il est temps de reprendre ce fil et de proposer un programme large et universel, qui ne laisse personne derrière.”