La cinéaste et photographe Jennifer Alleyn (Cosmos, L’atelier de mon père, Dix fois Dix) vient de terminer à New York le tournage de son premier long métrage de fiction, intitulé Impetus, qu’elle réalisé et produit. Pascale Bussières a fait le voyage à New York et ce fut l’occasion pour la cinéaste et la comédienne qui se connaissent depuis les bancs de l’Université Concordia (elles ont fondé ensemble la maison de production « Les films temporaires ») de créer dans la complicité. « C’est une merveille de tourner avec Pascale.
Un privilège, car elle possède une intelligence et un instinct de cinéma de chaque instant » explique Jennifer Alleyn. Pour Pascale Bussières : « c’est une rencontre artistique et d’amitié. Mon rôle pourrait être perçu comme un alter égo de la cinéaste, mais c’est une histoire particulière et je crois que tous les personnages sont un peu des alter ego. Jennifer cherche sans cesse la beauté. En toute chose. C’est une vraie artiste. Tant dans sa vie, ses amitiés que derrière sa caméra. C’est très inspirant car elle capte le vivant. Elle saisit ce qui passe pour le transformer en beauté », ajoute celle qui retrouve un peu l’émotion du tournage d’Eldorado, autre projet sans filet, où la spontanéité était recherchée.
Jennifer Alleyn tient la caméra pour certaines séquences tournées de manière plus documentaire. Le film suit le parcours d’une réalisatrice qui tente de raconter l’histoire d’un homme (Emmanuel Schwartz) en pleine crise existentielle qui découvre le guitariste John Reissner à travers les images d’un documentaire. Mais la production subit moult embuches et détours. Une histoire en tiroirs, où les personnages passent de la fiction à la réalité, avec beaucoup d’ingéniosité. « Avec ce projet, je retrouve le mouvement de « La Course Destination monde » qui m’amène à filmer avec une « caméra stylo » des gens qui sont très proches de moi ou parfaitement étrangers. » précise la réalisatrice.
Poursuivant l’esprit du tournage qui fut réalisé dans une grande liberté, le montage du film se fera dans l’atelier de la cinéaste. « C’est mon projet Cassavetes ! Il est tourné, monté à la maison sauf pour les extérieurs new yorkais. Il y a une vraie proximité avec les acteurs, les collaborateurs techniques. C’est un projet très artisanal, qui se fait dans la collégialité : le contexte idéal pour aborder des questions existentielles et personnelles » résume Jennifer Alleyn, qui adapte ici sa manière documentaire au monde de la fiction. « Je pense que c’est son film de transition. Elle a toujours cette envie de capter le réel mais on sent un grand désir esthétique, qui tend vers la mise en scène », renchérit la comédienne Pascale Bussières.
Parallèlement, Jennifer Alleyn expose pour la première fois au Musée d’art Contemporain, dans le cadre de l’exposition Parle-moi d’amour de l’organisme « Les Impatients » qui vient en aide aux personnes souffrant de maladie mentale. « J’y présente une photographie intitulée Un moment dans l’existence, qui parle du point de bascule dans la vie et de l’équilibre. C’est aussi cette idée, qui est développée dans le film Impetus. Ce moment déterminant, qui nous fait quitter l’inertie pour nous remettre en mouvement », confie Jennifer Alleyn. Le film Impetus prendra l’affiche au courant de l’année 2017.
L’exposition Parle-moi d’amour est en cours au Musée d’art Contemporain de Montréal jusqu’au 29 mars 2017.