C’est avec fierté que Pro Musica aborde cette saison 2018 / 2019 qui est la 70e de son histoire. À cette occasion, elle veut réaffirmer sa mission première, en offrant au public une programmation de musique de chambre à la fois riche, variée et étoffée, digne des plus grands musiciens d’ici et d’ailleurs, déclinée en trois grandes séries : Pierre-Rolland, Les Mélodînes et Les Récitals. À cette programmation musicale s’ajoute un « concert intime » avec le pianiste Jean Saulnier, le violoniste Axel Strauss et le violoncelliste Yegor Dyachkov pour un programme consacré à Debussy, Ravel et Chostakovitch. De plus Un concert « spécial 70e anniversaire », inédit pour l‘occasion, sera également présenté pour le plus grand bonheur des mélomanes.
Pro Musica fut fondée en 1948 par des Montréalais, à l’intention du public de la région métropolitaine. C’est, avec le Ladies’s Morning Musical Club et l’Orchestre de chambre McGill, l’une des trois plus anciennes sociétés de musique de chambre encore actives à Montréal.
Le premier concert eut lieu le 17 octobre 1948 avec le quatuor à cordes Stuyvesant composé de Sylvan Shulman (1er violon), Bernard Robbins (second violon), Alan Shulman (violoncelle) et Ralph Hersh (alto) et du clarinettiste Clark Brody. Le Quatuor en La mineur op. 29 de Franz Schubert, le Quatuor en Mi mineur N°6 de Heitor Villa-Lobos et le Quintette en Si mineur op. 115 de Johannes Brahms composait le programme. Pour souligner le 40e anniversaire de l’organisme, ce même premier concert a été présenté à nouveau pour l’occasion par le Quatuor à cordes Juillard.
Bientôt, on adopta le rythme actuel de huit à neuf concerts par année, sans compter les séries spéciales ou les concerts hors-série. La première saison en 1948-49 fit sensation. D’abord, par une première : les Clubs musicaux de l’époque étaient réservés à une clientèle féminine tandis que Pro Musica y invitait les messieurs. De plus, on démarrait avec éclat par un choix d’artistes vedettes, très recherchés à l’époque. Ces concerts se tenaient dans le salon ovale du Ritz-Carlton où d’ailleurs, en ces années, Pro Musica avait ses bureaux. Ces concerts avaient lieu le dimanche après-midi. Pour ceux et celles qui désiraient manger sur place, le Ritz était là pour eux.
En diverses occasions, Pro Musica a présenté des « intégrales » tirées du répertoire classique : celle des sonates de Beethoven interprétées par Wilhelm Kempff fut mémorable. L’exécution de tels cycles s’est généralement étalée sur plusieurs concerts, présentés à de brefs intervalles.
Les 3 et 5 mai 1967, en collaboration avec Expo 67, Pro Musica inaugurait la salle Port-Royal avec un concert de Jean-Pierre Rampal, flutiste et Louis Charbonneau aux percussions, accompagnés de l’Orchestre de chambre McGill sous la direction d’Alexander Brott.
Des artistes ou orchestres de chambre de renommée internationale sont venus à l’invitation de Pro Musica. C’est ainsi que le quatuor Paganini vint deux fois en 1949, le 20 février et le 20 novembre; la formation I Musici de Rome a fait son premier concert ici en février 1955 et Alfred Brendel fut invité à maintes reprises. Dietrich Fischer-Dieskau est venu chanter à Montréal pour Pro Musica et Jessye Normann, alors peu connue, a fait ses débuts canadiens avec cette organisation.
Chaque concert du pianiste roumain Radu Lupu a été donné devant des salles archicombles, à guichet fermé. La présentation en récital de l’incomparable soprano Barbara Hendricks, en collaboration avec Montréal en Lumière lors de sa première année en 2000, a été l’occasion pour le Centre international des Droits de la personne et de la défense démocratique de rendre hommage à cette grande artiste pour son implication humanitaire.
Parfois la venue d’un artiste a été l’occasion de lui remettre un Doctorat Honoris Causa comme ce fut le cas pour le baryton-basse belge José Van Dam. Celui-ci fut ainsi honoré par la Faculté de musique de l’Université de Montréal lors du récital qu’il donnait le 22 octobre 2000, à la salle Claude-Champagne, en compagnie du pianiste Maciej Pikulski avec des œuvres de Schuman, Fauré, Duparc et Ravel.
C’est avec émotion que certains se souviennent que Denis Gougeon a composé une de ses œuvres, Chants du Monde, pour 2 sopranos, violon, violoncelle et piano pour Pro Musica qui la lui avait commanditée. La création eut lieu le 18 octobre 1993.
Il y a dix ans, c’est Marc-André Hamelin qui a accompagné la célébration du 60e anniversaire de Pro Musica en donnant trois concerts de suite comme chambriste avec le Quatuor de Leipzig (9 mars 2009), récitaliste avec Karina Gauvin (11 mars 2009) et soliste avec les Violons du Roy sous la direction de Bernard Labadie (13 mars 2009). En 2018 c’est la cantatrice Marie-Josée Lord qui soulignera ce 70e anniversaire en offrant un récital inédit accompagnée du pianiste Hugues Cloutier le 4 novembre 2018.