C’est avec Radhouane Taoufik, l’enfant sympathique et chic de Sidi Bou Saïd qu’on découvre le joyau touristique de la Tunisie, surnommé le « petit paradis blanc et bleu ». Dès qu’on s’achemine au village par une rue abrupte et pavée, bordée de boutiques, de cafés et de galeries, une atmosphère exquise s’exhale des lieux pour nous annoncer le pittoresque de ce village hors pair sur le bassin méditerranéen. Sidi Bou Saïd est-il digne d’être peint? Incontestablement, et rien n’est plus pittoresque et plus saisissant pour les sens que les dispositions heureuses de ce lieu qui, au fil des années, ont attiré et charmé une flopée d’artistes, écrivains et poètes comme Gustave Flaubert, Chateaubriand, Alphonse de Lamartine et Rodolphe d’Erlanger.

On est à 20 km de la capitale, dans la banlieue nord de Tunis, et à quelques encablures d’un haut lieu d’histoire, la somptueuse Carthage, Sidi Bou Saïd se dresse majestueusement sur une colline pour se doter d’une vue panoramique et imprenable sur le golfe de Tunis, avec un miroitement turquoise à perte de vue ! Au commencement, un mausolée érigé au XIIIe siècle sur le promontoire El Manar, jadis un phare antique, à l’honneur d’Abou Saïd Al Béji, un saint homme vénéré pour sa piété et son érudition religieuse. La genèse du village attirait la bourgeoisie tunisoise qui y construisit des demeures luxueuses de style arabo-andalou. Ce sont ces maisons épousant harmonieusement le relief de ce cap et se distinguant par leurs façades peintes en blanc et bleu, leurs fenêtres grillagées (moucharabieh) et leurs portes cloutées, colorées en bleu ou en jaune vif, et s’ouvrant sur des patios décorés avec raffinement où abondent jasmin et bougainvillier, qui confèrent à Sidi Bou Saïd son charme exquis et sa renommée internationale. Certaines de ces demeures ont été converties en galeries d’art, restaurants, cafés, musées, hôtels et maisons d’hôtes, faisant agrémenter l’offre touristique de Sidi Bou Saïd pour le grand bonheur des touristes.

On ne se lassera jamais de déambuler dans les rues et venelles tortueuses et embaumées de jasmin de Sidi Bou Saïd, à l’affût de chaque émerveillement suscité par la magie de ce lieu presque mystique! On découvre avec enchantement Dar El Annabi, une somptueuse demeure transformée en musée, surnommée « palais des mille et une nuits ». Ce joyau de l’architecture arabo-andalouse représente une maison typique de Sidi Bou Saïd où sont exposés des objets de l’époque des beys. Notre enchantement monte d’un dièse quand on découvre le palais Ennejma Ezzahra (terme arabe qui signifie l’Étoile de Venus), conçu et réalisé par le baron franco-britannique Rodolphe François D’Erlanger, en faisant venir les meilleurs spécialistes d’Afrique et d’Europe. Ce chef-d’œuvre de l’architecture tunisienne traditionnelle abrite une exposition permanente d’objets d’art et d’instruments de musique, et accueille le Centre des Musiques Arabes et Méditerranéennes. Pour le plaisir du palais, une référence incontournable à Sidi Bou Saïd, le restaurant « Au bon vieux temps », qu’abrite l’ancienne demeure de l’écrivain André Gide, offre des mets raffinés de la gastronomie tunisienne. Que dire du plaisir de s’attabler sur les terrasses du café Sidi Chaabane (rebaptisé café des Délices après la chanson de Patrick Bruel) pour siroter un thé aux pignons, et admirer le panorama exceptionnel sur la baie de Tunis et le port de plaisance de Sidi Bou Saïd. Enfin, on ne peut visiter Sidi Bou Saïd sans déguster son fameux beignet roulé au sucre « Bambalouni », léger, moelleux et intensément délicieux!

Si Sidi Bou Saïd m’était conté, c’est sur un chevalet d’un peintre que je l’aurais imaginé. Cette merveilleuse contrée, unique en son genre, satisfait toute quête du pittoresque et demeure la destination phare de la Tunisie touristique qui reprend ses couleurs ces derniers mois. L’achalandage touristique qu’on a observé lors de notre visite en mois de juin dernier confirme cette reprise et augure bien de la prospérité du tourisme tunisien. Selon l’agence d’information économique africaine (Agence Ecofin), les recettes du secteur touristique en Tunisie ont enregistré une hausse de 8% sur les 4 premiers mois de 2024. 

Sofiane Idir

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